Le président malgache Andry Rajoelina a reçu la communauté internationale le 24 avril 2023 pour discuter de la coopération et du développement de Madagascar dont le processus électoral. Le budget électoral est revu à la baisse.
C’est par une lettre adressée à Isabelle Delatre Burger, ambassadeur de l’Union européenne à Madagascar, datée du 29 avril 2023 et signée par Romy Andrianarisoa, Directrice du cabinet civil du président de la république que le régime répond à des inquiétudes des diplomates occidentaux. Dans cette missive, l’Exécutif confirme à une révision à la baisse du budget sur l’organisation de l’élection présidentielle. Tablé à 140 milliards d’Ariary par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce budget ne dépassera pas les 70 milliards d’Ariary, soit une diminution de moitié.
Romy Andrianarisoa devait préciser que «les techniciens de la CENI et du gouvernement sont en discussion pour affiner les chiffres exacts» tout en réitérant la mise en place des bailleurs «d’un basket fund» comme lors du précédent scrutin en 2018. Cet appui des partenaires financiers vise trois aspects, à savoir le renforcement de capacité des agents de la CENI, l’impression des bulletins uniques et la mise en place d’un système pour la transmission sécurisée et rapide des résultats.
Le «basket fund» semble en voie même timide. Le 8 mai 2023, donnant le coup d’envoi de la Journée de l’Europe, Mme Delatre annonce devant les médias que l’Europe est disposée à contribuer au financement de l’élection mais marginal par rapport à 2018. Une contribution qui reconnaît en partie les efforts déployés par la CENI en vue des élections libres, transparentes et reconnues par tous. Dans la foulée, depuis une semaine, le président de la CENI, Arsène Dama Andrianarisedo est à la tête d’une délégation sillonnant la partie sud de l’île, à savoir les régions Atsimo Andrefana, Ihorombe, Matsiatra Ambony et Amoron’i Mania, octroyant des indemnités de leurs démembrements, mais surtout sensibilisant de plus les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales.
Un autre signe de transparence de la part de la CENI est l’invitation des experts nationaux à auditer le logiciel et le fichier électoral de l’organe à partir du 29 mai jusqu’au 07 juin prochain. Ce qui dément les accusations gratuites d’une partie des acteurs politiques, comme quoi le logiciel de la CENI est téléguidé par la France ou l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Toutefois, la directrice du cabinet civil du président rassure que l’Etat malgache pourra allouer des crédits complémentaires à la CENI pour combler d’éventuels gaps.
Quid des moyens de la CCFVP
Sur la convocation des électeurs non encore décidés, alors que la CENI a déjà eu un point positif émanant de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), Romy Andrianarisoa promet : «la date des élections a été évoquée avec le Premier ministre qui a confirmé la volonté du gouvernement d’entériner la proposition de la CENI.» La CENI a proposé dès le mois de février dernier les dates du 09 novembre et du 19 décembre 2023 pour le premier et le second tour des prochaines présidentielles. On attend donc le décret de convocation émanant du Premier ministre.
Le financement de la campagne a été aussi soulevé par la communauté internationale lors de la réunion du 24 avril 2023. A ce sujet, la directrice de cabinet d’Andry Rajoelina ne fait que signaler la législation en vigueur. Comme quoi toutes les recettes et les dépenses engagées dans une campagne électorale doivent être tenues dans un compte de campagne unique qui est géré par un trésorier et déclaré à la Commission de contrôle du financement de la vie politique (CCFVP). Elle fait savoir que le fonctionnement de cette commission est pris en charge par le budget de l’Etat.
Mais la réalité est toute autre. En avril dernier, Rado Milijaona, président de la CCFVP et non moins magistrat de la Cour des Comptes devait s’insurger que depuis cinq années de son existence, cette Commission n’a pas de moyens et encore de comptes à contrôler. Il regrette amèrement qu’aux sénatoriales, «aucune liste n’a produit de compte», alors que ces élus sont censés être des intégrés, expérimentés et sages. Et lui va jusqu’à conclure qu’aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis, n’a la volonté d’imposer ni la transparence, ni la traçabilité des fonds de campagne. Sans le dire directement, le président de la CCFVP épingle le gouvernement du régime Andry Rajoelina actuel dirigé par Ntsay Christian.
Un observateur indépendant de réagir que l’actuel président de la CCFVP a osé s’insurger, car son mandat prend fin en août prochain.