Le gouvernement burkinabè entend bien prendre le taureau par les cornes face à la commercialisation frauduleuse de l’or, source de flux financiers illicites et de financement du terrorisme, selon le ministère en charge des Mines et des Carrières qui en a fait cas au conseil des ministres, ce mercredi 24 mai 2023.
En effet, il ressort d’un rapport de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) que le Burkina Faso a subi un préjudice financier estimé à des centaines de milliards de FCFA du fait de la contrebande du métal jaune entre 2021 et 2022.
Ce rapport sur l’état de la fraude en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses révèle qu’une grande quantité de l’or burkinabè fait l’objet de fraude chaque année et génère d’importants flux financiers illicites. «Les faits recensés par la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) en 2021 et 2022 concernent entre autres, la possession, la détention, le transport de l’or sans agrément, carte d’artisan ou d’acheteur valide, l’absence et/ou la non tenue à jour de registres règlementaires, l’utilisation de matériel de pesée non conforme ou non certifié par les services de la qualité et de la métrologie ou toute autre structure administrative habilitée et l’utilisation de manœuvres frauduleuses tendant à faire passer d’autres substances minérales pour de l’or», selon le ministère des Mines et des Carrières.
Fraude sur l’or artisanal à grande échelle
Par ailleurs, le rapport fait ressortir une fraude à grande échelle de l’or issu de l’exploitation artisanale impliquant les comptoirs privés d’achat et de vente d’or et des titulaires d’autorisation d’exploitation artisanale et de permis d’exploitation semi-mécanisée. Cette fraude se caractérise notamment par la non-déclaration au Burkina Faso des pays de destination. D’importantes quantités issues de l’exploitation artisanale du précieux métal font ainsi l’objet de fraude chaque année à destination de pays voisins. «Toutes ces actions ont causé un préjudice financier énorme de centaines de milliards de FCFA à l’État burkinabè», selon les estimations des autorités.
Saisie de 35,347 kg d’or
Au cours de la période 2021-2022, «les différentes actions de lutte contre la fraude de l’or ont permis de recouvrer un montant cumulé de 1 586 396 589 FCFA d’amendes générées par la saisie de 35,347 kg d’or», précise le ministre avant d’indiquer que des mesures seront prises «en vue de renforcer la lutte contre la fraude de l’or et des substances précieuses.»
En plus des flux financiers illicites dus à la fraude de l’or, le Burkina Faso se préoccupe de la prolifération de l’exploitation artisanale de l’or qui impacte gravement la situation sécuritaire du pays. Selon les autorités, une récente étude a porté sur l’assèchement des sources de financement du terrorisme à travers l’exploitation minière artisanale de l’or. Comme on le sait, depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à des attaques opérées par des Groupes armés terroristes (GAT). Ces groupes exploiteraient directement et indirectement certains sites miniers artisanaux et industriels abandonnés et font sortir illicitement du territoire national d’importantes quantités d’or en direction de pays voisins. Et selon des enquêtes, les recettes générées à travers ces trafics contribuent au financement du terrorisme. C’est pourquoi, le gouvernement a mis en place un groupe de réflexion chargé de faire des propositions d’actions pour l’assèchement des financements du terrorisme en particulier à partir de l’exploitation minière artisanale. Ainsi, plusieurs recommandations ont donc été formulées. Il s’agit, entre autres, de la sécurisation des sites d’exploitation minière artisanale et semimécanisées, de l’implantation d’une raffinerie d’or, du renforcement de la coopération avec les pays de destination ou de transit de l’or exporté du Burkina Faso, de la sensibilisation et de l’information des acteurs de la chaîne de commercialisation sur la règlementation en vigueur en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, de la lutte contre le blanchiment des capitaux pour le financement du terrorisme, de l’établissement d’un mécanisme d’échanges d’informations entre les structures habilitées à lutter contre la fraude de l’or, de l’incitation des populations à dénoncer la fraude de l’or.