C’est dans un contexte de crise de confiance entre le pouvoir de la Transition et des leaders politiques et d’OSC (Organisations de la société civile) réunis au sein de la Plateforme que l’ancien président béninois, Yayi Boni séjourne depuis ce dimanche 18 juin à Conakry en sa qualité de médiateur désigné de la CEDEAO pour le suivi du processus de sortie de crise.

Guinée : un missi dominici appelé Yayi Boni

Le médiateur de la Cedeao Yayi Boni en compagnie de Morisanda Kouyaté, ministre des Affaires étrangères guinéen

La tâche semble beaucoup plus complexe qu’en plus de ménager les autorités de la Transition sur la feuille de route pour le retour à l’ordre constitutionnel normal, il doit tenter de les concilier avec les opposants qui se disent écartés de la conduite de ladite Transition. C’est dire que le séjour des missi dominici de la CEDEAO ne sera pas de tout repos, non seulement au regard de ce qui figure dans l’agenda de la mission mais aussi en raison du contexte actuel en Guinée fait de fortes tensions. En effet, les membres de la Plate forme réclament l’ouverture d’un dialogue politique inclusif. Aussi appelle-t-ils à la reprise des manifestations après la fête de Tabaski. Yayi Boni réussira-t-il à désamorcer la bombe et ramener la sérénité sur la scène politique guinéenne ?

Rien n’est moins sûr car ce dont il s’agit véritablement en Guinée n’est pas dans le fond une crise politique mais plutôt une crise de confiance. Et ce fort sentiment de méfiance est alimenté par le tissu communautariste qui tapisse la scène politique guinéenne. Yayi Boni, même s’il a le profil de l’emploi et qu’il a déjà engrangé une importante victoire en obtenant un calendrier pour le retour à la norme constitutionnelle risque de se sentir fort impuissant face à cette crise de confiance héritée de l’histoire du pays. Par ailleurs, l’on peut se poser la question de savoir de quels pouvoirs dispose encore la CEDEAO qui a été fortement affaiblie par les différentes crises dans la sous-région pour contraindre les acteurs guinéens à jouer balle à terre ? Très peu, pourrait-on répondre. Et c’est précisément en raison de cette marge de manœuvre très réduite du médiateur que les forces vives de la Guinée et les autorités de la Transition devraient miser plus sur les ressources internes propres du pays pour parvenir à établir un nouveau contrat social. Ces ressources internes existent et ont fait la preuve de leur efficacité. En effet, l’intervention des leaders religieux avait permis de tempérer les ardeurs et d’obtenir la libération de certains leaders politique et de la société civile incarcérés suite aux manifestations de l’opposition. En actionnant ce levier, l’on faciliterait la tâche de l’émissaire de la CEDEAO qui n’aurait plus qu’un rôle d’accompagnateur. Mais voilà, cela est plus difficile à dire qu’à faire dans une Guinée où ce qui manque le plus, c’est la bonne foi des acteurs. Mais le miracle reste toujours du domaine du possible sur les contreforts du Fouta Djalon pour peu que les Guinéens qui espèrent depuis l’accession de leur pays à la souveraineté internationale se prennent eux-mêmes en pitié et décident d’une catharsis sociale qui va exorciser la scène politique et la libérer de l’emprise sanglante du sort.