Une année avant les présidentielles de 2023, la nouvelle équipe de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) présidée par le magistrat de premier grade Arsène Andrianarisedo Dama entame la tâche difficile d’organiser dans les meilleures conditions les élections présidentielles libres et démocratiques de Madagascar. Le 1 octobre 2022 est lancée la refonte totale du registre électoral national.
Alors que la CENI démarre la refonte totale des listes électorales, selon un décret pris en mai 2022, par une manifestation populaire devant l’Hôtel de ville de la capitale, le président à la fois du TIM et de la plateforme RMDM (opposition extrême) Marc Ravalomanana invite ses partisans à prendre part au processus en cours. C’est dire que contrairement à une certaine suspicion de boycottage total des actions de la CENI, le déroulement de cette opération est en bonne voie.
5.000 tablettes
Lors de la première présentation technique du logiciel pour le traitement de liste dénommé SIGLE le 26 septembre dernier, des tons s’élèvent du côté des partis en dehors de l’Exécutif, tels le HVM, le MMM et le MTS. Le MMM, dont le président Hajo Andrianainarivelo avait siégé au gouvernement, de janvier 2019 jusqu’à mars 2022, met en garde : «il y a des défauts et de nombreuses réformes doivent être menées dans l’utilisation de ce logiciel».
Deux jours plus tard, après avoir pris en compte des remarques et âpres explications durant une réunion sous la houlette du président de la CENI, le ton s’apaisait.
Pour Alberto Ranaivodimby, directeur des Systèmes Informatiques (DSI) de la CENI, «le SIGLE est développé entièrement par des techniciens malagasys tenant compte des paramètres de la digitalisation, évitant entre autres les dédoublements»
Curieuse est l’attitude de certains acteurs qui exigent une validation de la communauté internationale du logiciel, alors que ce sont ces mêmes personnes qui avancent que la CENI reste sous la coupe des étrangers ! Des politiciens vont même jusqu’à critiquer la neutralité des membres, seulement un mois après leur mise en place. Soit avant qu’ils n’entament même pas leurs tâches !
Le DSI informe l’utilisation de 5.000 tablettes pour enregistrer l’information sur chaque électeur avec prise de photo de fiche déjà remplie. Une mise en place d’une case pour l’enregistrement du numéro de série de la carte d’identité nationale (CIN) dans l’application mobile va aider à la différenciation du cas des CIN qui portent un même numéro. Selon lui, l’opération est toujours à la base du carnet de recensement saisi sur le logiciel au niveau du CID.
Une participation de tous
Avant ce travail titanesque, les commissaires électoraux ont sillonné la Grande île en organisant des ateliers régionaux de concertation avec les différents acteurs impliqués dans le processus électoral. Au cours duquel ils profitent de renouveler leurs démembrements, notamment les membres des Commissions électorales régionales (CER) et Commission électorales de districts (CID) tout s’attelant au recrutement des agents électoraux, qui feront du porte -à -porte durant la refonte.
La CENI vise «un processus électoral bien organisé, fiable, inclusif et garant de l’apaisement». D’où leur mobilisation de la participation de tous au processus.
Côté entraide, le représentant de l’Institut électoral pour une Démocratie Durable en Afrique (EISA) à Madagascar a signé le 6 septembre une convention de partenariat avec le président de la CENI. Manifestant l’intérêt de cette ONG africaine d’apporter son appui sur toutes les étapes du processus électoral à Madagascar. La Commission de l’Océan indien (COI) n’est pas en reste. Courant de la deuxième quinzaine du mois de septembre, cette instance se manifeste à deux reprises dans le cadre du projet «Gouvernance, Paix et Stabilité en les portes ».
Il y a d’abord un appui sur l’évaluation de la stratégie de communication et de sensibilisation de la CENI et ensuite, une formation à la couverture du processus électoral, de deux jours à l’endroit d’une vingtaine de journalistes malgaches par Jean Luc Mootoosamy. Sur ce dernier volet, le délai et le nombre des formés font défaut. Qu’on se le dise. Quoi qu’il en soit, cette affluence des organismes internationaux à approcher de la CENI est un gage de confiance pour l’équipe de Dama Arsène.
Pas plus tard que début octobre, Mme Isabelle Delattre, nouvel ambassadeur de l’Union européenne à Madagascar a discuté avec le président de la CENI. «Leur discussion a porté, entre autres, sur la refonte du fichier électoral ainsi que la récente Mission de suivi électoral (MSE)» dixit un communiqué vague de l’Union européenne.