Au Sénégal, la campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars, lancée depuis le samedi 09 mars, prendra fin vendredi à minuit.

Un total de dix-huit candidats sont en lice pour ce scrutin, dont une seule femme, après le retrait de deux candidats.

Voici les profils et programmes des 4 principaux candidats validés par le Conseil constitutionnel :

Amadou Ba

Amadou Ba, ancien Premier ministre Premier ministre sénégalais et candidat à la présidentielle de mars 2024, Amadou Ba, né à Dakar en 1961, a gravi les échelons politiques.

Sa trajectoire ascendante l’a mené du poste de directeur de cabinet du ministre d’État à celui de ministre de l’Économie, des Finances et du Plan en 2013. Acteur clé des réformes économiques, il a contribué à la stabilité financière et attiré les investissements étrangers.

Il se présente comme un homme d’État expérimenté qui a passé de longues années dans l’administration avant de plonger activement dans la politique après la victoire de Macky Sall à la présidentielle de 2012.

Amadou Ba a été directeur général des Impôts et des Domaines. Il a été ensuite, pendant six ans, ministre de l’Économie et des Finances (2013 – 2019) au cours du premier mandat de Macky Sall.

Après la présidentielle de 2019, il a été nommé à la tête des Affaires étrangères. Poste qu’il ne conservera pas longtemps, puisqu’il est évincé du gouvernement quelques mois après sa nomination.

Ce n’est qu’à la suite du rétablissement du poste de Premier ministre en septembre 2022 que le responsable de l’APR (le parti du président Sall) a marqué son retour aux affaires de l’Etat comme chef de gouvernement avant d’être libéré début mars pour se consacrer à la présidentielle du 24 mars.

Amadou Ba, se présente au nom du camp présidentiel en candidat de la paix, de la jeunesse et de l’Espoir ainsi que de la « prospérité partagée ».

– Il promet de créer en cinq ans plus d’1 million d’emplois (pour une population d’environ 18 millions) en misant sur un pacte public/privé et sur l’investissement dans l’agriculture, l’industrie, les infrastructures et les énergies renouvelables ;

– Il prévoit 22 « projets phares », dont les financements sont « acquis ou mobilisables »: création d’agropoles, développement de zones de transformation des produits dérivés du pétrole et des minerais…

– Il veut aussi « actualiser les conventions et contrats signés par l’État du Sénégal dans le domaine des ressources naturelles » ;

– M. Ba dit qu’il fixera une allocation minimale de solidarité pour personnes âgées ;

– Il accélèrera la construction d’une école nationale des arts et métiers de la culture.

Khalifa Ababacar Sall

Le candidat du camp présidentiel sera connu ce vendrediInstituteur de formation, plusieurs fois ministre, député et élu local durant le règne du Parti socialiste, Khalifa Ababacar Sall, âgé de 68 ans, fait partie des acteurs qui régentent la vie politique sénégalaise depuis plusieurs années.

La validation de la candidature de l’ancien maire de Dakar pour le scrutin du 24 mars, après avoir été déclaré irrecevable par le Conseil constitutionnel en 2019, sonne déjà comme une revanche de l’histoire pour le natif de Louga, une localité située dans le nord du Sénégal.

Khalifa Sall a été plusieurs fois député et ministre. En 1983, à la faveur des élections générales, il commence sa carrière en tant que député à l’Assemblée nationale, l’un des plus jeunes de cette législature. Il reste à l’Hémicycle comme membre du Bureau jusqu’en 1993, année au cours de laquelle il vit sa première expérience gouvernementale comme ministre chargé des Relations avec les assemblées. Il occupe ce poste jusqu’en 1998 et devient ministre du Commerce du dernier gouvernement socialiste dirigé par Mamadou Lamine Loum.

En mars 2009, sous la bannière de la coalition Benno Siggil Senegaal (en wolof s’unir pour relever le Sénégal), Khalifa Ababacar Sall est élu maire de Dakar. En juin 2014, il est réélu sous la bannière de la liste Taxawu Ndakaaru (Debout pour Dakar).

Son « projet de société » qui s’ouvre sur les « valeurs » traditionnelles et familiales, les institutions, la justice, les libertés et les droits humains propose :

– De consacrer au moins 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) du budget national annuel à l’agriculture ;

– De renégocier les accords de pêche déjà conclus entre le Sénégal et des pays étrangers ;

– De procéder à un « état des lieux » de tous les contrats miniers, pétroliers et gaziers, et d’augmenter progressivement les participations de l’Etat dans le capital des sociétés exploitantes.

– De « diversifier et rééquilibrer » les partenariats diplomatiques et économiques en « renforçant la coopération Sud-Sud et avec les pays émergents » ;

– D’instituer le référendum d’initiative citoyenne.

Idrissa Seck

Idrissa Seck, ancien Premier ministreEconomiste de formation, Idrissa Seck, leader de la coalition (Idy 2024), se présente pour la quatrième fois à la présidentielle après les tentatives ratées de 2007, 2012 et 2019.

Il était membre du bureau politique du PDS en 1985, il en devient le numéro 2, en tant que secrétaire général adjoint et plus proche collaborateur de Abdoulaye Wade qui en fait son directeur de campagne pour l’élection présidentielle de 1988.

Entre 1995 et1998, il occupe le portefeuille de ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation, suite à la décision de son parti d’entrer dans le gouvernement de majorité présidentielle élargie du président Abdou Diouf.

Idrissa Seck devient Premier ministre du 4 novembre 2002 au 21 avril 2004. En 2020, Idrissa Seck a été nomme par Macky Sall à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Le 24 avril 2023, il renonce à ce poste, pour préparer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024.

-Idrissa Seck, deux fois deuxième de la présidentielle, s’inscrit dans la lignée de « dirigeants successifs qui n’ont pas démérité », mais estime qu’ »il reste beaucoup à faire ». Il énonce 281 mesures, de principe ou concrètes, dont :

– S’abstenir d’un retrait unilatéral du franc CFA et accélérer le processus de création d’une monnaie commune aux pays ouest-africains ;

– Consacrer au minimum 60% des investissements publics aux territoires hors de Dakar ;

– Renégocier les accords de pêche avec la Mauritanie, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau et la Sierra Leone ;

– Créer un fonds alimenté par les compagnies pétrolières et gazières pour compenser les préjudices de la pêche ;

– Rendre obligatoire le service militaire.


Bassirou Diomaye Faye

Bassirou Diomande Faye a été désigné, dimanche 19 novembre, par le leader du parti, Ousmane Sonko, dont les déboires judiciaires ont entraîné le rejet de la candidature.Agé de 43 ans, Bassirou Diomaye Faye est inspecteur des impôts et secrétaire général du parti « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) », fondé en 2014 et dirigé par Ousmane Sonko avant d’être dissous par les autorités en juillet dernier.

En avril 2023, Bassirou Diomaye Faye est arrêté et placé en garde à vue pour «diffusion de fausse nouvelle, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué.» Il lui est reproché d’avoir critiqué les magistrats qui ont décidé de juger Ousmane Sonko en appel dans le procès en diffamation intenté par le ministre Mame Mbaye Niang.

En novembre 2023, après l’extrême incertitude sur la possibilité pour Ousmane Sonko d’être candidat à l’élection présidentielle, le PASTEF désigne Bassirou Diomaye Faye, comme son candidat à l’élection présidentielle de 2024, en dépit de son incarcération depuis avril 2023.

– Bassirou Diomaye Faye, qui vient d’être libéré le 14 mars, avec son chef Ousmane Sonko, se veut le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche. » Il promet aux électeurs qui le soutiennent une réappropriation de souveraineté, mot employé 18 fois dans son projet.

– Il promet de renégocier les contrats des mines et des hydrocarbures, et réévaluer les accords de pêche notamment avec les acteurs étrangers, et qu’il renégociera les accords de défense. Il prévoit aussi dans son projet de campagne de réformer les institutions du pays :

– En limitant les pouvoirs du président, susceptible de destitution ;

– En créant un poste de vice-président, un poste qui, selon lui, « ne sera instauré qu’en 2029 et fera l’objet d’une large concertation. »

– En réformant un code pénal qui corresponde aux « valeurs et besoins actuels » du pays ;

– Il veut mettre en circulation une monnaie nationale, le Sénégal, à la place du franc CFA hérité de la colonisation dans plusieurs pays africains ;

– Il généralisera l’enseignement de l’anglais dans les petites classes dans un pays dont le français est la langue officielle.

Article publié pour la première fois sur Afrimag