Cela reste le plus souvent adiabatique aux quelque 300 millions de francophones.
La société civile et l’Organisation Internationale de la Francophonie sont attendues sur cette question fondamentale, et d’autres subsidiaires non moins secondaires
Est-ce que les 130 OING et ONG accréditées par l’Organisation Internationale de Francophonie (O.I.F.) sont-elles représentatives des 88 pays qui en sont membres ?
L’examen démontre le contraire, l’écrasante majorité des structures accrédités viennent d’une francophonie boréale et pour certaine bien souvent ethnocentrées et déphasées par les enjeux mondiaux.
Dans un regard rénové, l’O.I.F devra s’atteler à découvrir les nouveaux champions d’une francophonie planétaire, mais aussi pour avancer vers une francophonie australe (Afrique, Asie, Amérique centrale, Amérique du Sud, Océanie, sans omettre l’Europe centrale et orientale) avec une représentation thématique diversifiée et harmonieuse : éducationnelle, sociale, culturelle, économique, scientifique, de gouvernance etc. Le tout dans un cahier des charges transparent d’accréditation pour qu’une société civile francophone reste démocratique, épanouie et créative.
Encourager l’intercompréhension des langues
L’intercompréhension des langues est d’usage immémorial en Afrique sub-saharienne, par exemple au Cameroun, les peuples s’exprimant en Ewondo, en Boulou et en Eton, se facilitent la compréhension et dans une moindre mesure avec le Bassa, le Bakoko et le Douala.
L’intercompréhension des langues romanes devrait être remise à l’honneur
L’intercompréhension est une forme de communication plurilingue où chacun comprend les langues des autres et s’exprime dans la ou les langue(s) qu’il maîtrise, instaurant ainsi une équité dans le dialogue, tout en développant, à différents niveaux, la connaissance de langues dans lesquelles on a des compétences de réception, c’est-à-dire de compréhension, et non de production.
Ce mode de communication est tout particulièrement adapté entre locuteurs de deux langues d’une même famille. En effet, chaque aire linguistique regroupe des langues parentes, dont les similitudes, plus ou moins importantes, facilitent la compréhension.
Le jeu vidéo Romanica permet de jouer avec les principales grandes langues romanes que sont l’espagnol, le français, l’italien, le portugais et le roumain sans qu’il ne soit nécessaire de les apprendre, tout en activant le potentiel plurilingue.
Il serait grand temps que l’Organisation Internationale de la Francophonie renforce ses partenariats avec ses consœurs hispanophone, lusophone… qui représente plus d’1 milliard de locuteurs, force qui fera infléchir et fera composer au premier chef les États-Unis d’Amérique.
Encourager le multilinguisme, passeport du «bien-vivre ensemble»
Bien avant l’arrivée des Européens, le «Kalara elod zen(passeport)» était un petit masque, en bois ou en terre cuite qui était utilisée par les peuples du Cameroun, du Gabon et du Congo, lors de leurs déplacements. Ils leur permettaient de connaître de chacun la position sociale, le village, la tribu… Quant aux couleurs, elles étaient considérées, telle une écriture dont la signification et l’interprétation variaient selon les différentes formes de masques.
L’espace francophone est marqué par la présence de plusieurs milliers de langues et le français se trouve pratiquement toujours en situation de coexistence avec d’autres idiomes nationaux, et même parfois en position minoritaire, soit par le nombre de ses locuteurs, soit par l’usage qui en est fait quotidiennement. De ce fait, l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT)puis l’O.I.F. ont, dès l’origine, reconnu et souhaité préserver cette diversité comme une richesse.
Avoir la langue française en partage, permet aux cultures et aux identités multiples qui s’y rattachent d’être mutuellement accessibles et d’entretenir un dialogue pacifique et fécond de développer leur propre créativité.
La destruction des langues nationales, des langues minorées (orale et écrite) n’est-elle pas celle d’écosystèmes, aussi précieux que ceux qui font la richesse de notre environnement écologique ?
Toute langue maternelle est le creuset de la créativité, de l’altérité de chaque être humain, et n’est-ce pas là, la grande richesse des francophonies ?
Oui, pour une Société civile francophone fière de sa providence !
Oui, pour l’intercompréhension des langues, source d’intelligence !
Oui, pour le multilinguisme passeport francophone et mondial !
Article publié pour la première fois sur Afrimag