Enfin un point spécifique reste à élaborer au regard de l’ensemble des mutations normatives des enjeux ESG et de la RSE à travers le monde, c’est la définition d’une RSE africaine plus bottom-up mieux intégrée dans l’ADN du continent, mais également dans sa maturité, au regard de l’ensemble des efforts que le continent doit faire pour atteindre les objectifs de développement durable.

Pierre-Samuel Guedj, Président d’Affectio Mutandi & de la Commission RSE&ODD du CIAN

Au moment où la septième édition du sommet Mining On Top Africa s’achève, il est temps de se poser la question évoquée pendant ces deux jours à Paris entre l’ensemble des acteurs du secteur minier africain et de leurs partenaires européens : la question de la vision de l’intégration de la durabilité et notamment des critères ESG dans l’industrie minière sur le continent

Ainsi, trois dimensions de cette vision ont largement été débattues :

  1. La nécessité d’une prise en compte plus grandes de ces enjeux ESG et d’intégration de la durabilité compte-tenu, notamment bien évidemment des limites planétaires. Sur les 9 limites planétaires, 6 sont d’ores et déjà dépassées ; également le dérèglement climatique et de tous les impacts négatifs qui peuvent être liés sur les territoires africain ; et enfin l’un des enjeux majeurs pour le continent, la question de l’emploi car, d’ici 2050, il s’agit de développer une activité économique suffisante pour employer et permettre à 2,5 milliards de personnes de se nourrir.

 

  1. le deuxième aspect débattu lors de ces deux jours, c’est la question du choix stratégique qui doit être fait de partenariats engagés lorsque l’on se pose la question de la durabilité. Ces choix reposent bien évidemment sur l’intégration de la notion de long terme plus que de court terme, une dimension liée au mieux disant versus le moins disant dans les relations économiques, mais également le renforcement des compétences et des capacités pour arriver, notamment à atteindre cet objectif. Egalement, l’opportunité qu’offrent la data, les méthodologies de recensement des impacts, de reporting sur ces sujets, à travers notamment les nouvelles technologies, qui doivent permettre de piloter avec justesse et justice cette transition vers le développement et la durabilité.

 

  1. Troisième facteur, clé bien évidemment, longuement évoqué lors des échanges ces deux jours, c’est un partenariat équitable, exigeant parce que l’exigence est un facteur de confiance entre les différentes parties, entre les différents décideurs et acteurs économiques, publics et privés. Un partenariat nourri par la notion d’écoute, essentielle à la fois dans le partage et la compréhension des enjeux et dans la définition finalement au quotidien d’un contrat durable entre les acteurs, prenant en compte les contraintes de chacun pour arriver à un consensus équitable.

Avec en bruit de fond bien évidemment, le programme Global Gateway de l’Union européenne qui soutient ces enjeux et conditionne ses financements, en plus d’avoir renforcé ses exigences récemment avec la validation d’un devoir de vigilance pour ses acteurs économiques ou ceux qui collaborent dans l’Union.

Bien sûr, la question du comment s’est longuement posée. Dans la diversité des réponses, cinq leviers ont été largement évoqués lors de ces deux journées :

Premièrement, suivre peut-être l’approche pragmatique autour des enjeux ESG tels que certaines agences de développement comme le GIZ ont su le développer en travaillant sur cette intégration des enjeux ESG dans le secteur minier adossés aux ODD et travaillant au bout du compte à une transition durable et à l’atteinte des objectifs de développement durable.

Autre aspect, l’intégration de la RSE dans le droit Ohada pour faire de ce levier juridique essentiel un facteur d’accélération de la prise en compte des enjeux ESG dans le secteur minier et sa chaîne de valeur. 

Troisième approche, le développement de la norme IRMA dans le secteur minier qui constitue le label le plus exigeant en matière de prise en compte des enjeux de développement durable à travers, notamment une approche méthodologique multi-acteurs Multi-parties prenantes intégrant notamment les attentes de certaines organisations non gouvernementale. Certains acteurs, notamment français, ont déjà fait ce choix.

Quatrième levier, le fait de bien séquencer, ce qui est de l’ordre de la vigilance ESG d’un côté qui se consacre à la gestion des impacts négatifs, et les stratégies d’impact RSE de l’autre, contributions essentielles pour l’atteinte des ODDs, à condition de bien articuler les initiatives et actions des acteurs au niveau territorial. 

Enfin, le recours systématique à la data pour piloter à la fois le développement et la transition. Et dans ce cadre-là, il peut être utile de se référer à l’approche européenne de la CSRD qui est probablement un bon outil pour accompagner un certain nombre d’acteurs sur le continent africain au regard de leurs impacts. 

Ce qui est clair, c’est que ces deux journées à Paris ont permis dans un premier temps de clarifier les définitions de ESG d’un côté et de RSE, de l’autre, en partant, notamment des principes de la Banque mondiale. 

– Les principes ESG pour la gestion des impacts négatifs dans une dimension contrainte ou volontaire et sur un principe de vigilance active, au regard de ces impacts, 

– et de l’autre côté, les principes d’impact développés par la Banque mondiale, qui déterminent maintenant les nouvelles stratégies d’impact des acteurs qui souhaitent s’engager en matière de RSE. 

Enfin un point spécifique reste à élaborer au regard de l’ensemble des mutations normatives des enjeux ESG et de la RSE à travers le monde, c’est la définition d’une RSE africaine plus bottom-up mieux intégrée dans l’ADN du continent, mais également dans sa maturité, au regard de l’ensemble des efforts que le continent doit faire pour atteindre les objectifs de développement durable. 

 

 

Article publié pour la première fois sur Afrimag