Dans le secteur mondial ultra-stratégique des industries extractives et énergétiques, seuls quelques pays africains disposant de vastes ressources naturelles ont véritablement voix au chapitre
Un cercle fermé au sein duquel, les différents pays ont des statuts différents. Dans le secteur pétrolier, la Libye, l’Angola et le Nigeria peuvent se targuer du
statut de poids lourds africains. L’Algérie et l’Égypte demeurent depuis plusieurs années en pole position derrière ce peloton de tête, talonnés par la République Démocratique du Congo, le Gabon, et la Guinée Équatoriale. Un classement en passe d’être chamboulé par la montée en puissance de plusieurs ex-poids plume dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Namibie. Annonçant ainsi une redistribution des cartes sur le continent et une présence africaine accrue sur l’échiquier mondial des industries extractives et énergétiques.
Des découvertes significatives dans le secteur énergétique
Puits pétro-gaziers Baleine et Calao en Côte d’Ivoire, Grand Tortue/Ahmeyim et Yaakaar au Sénégal ; et la liste pourrait être bien plus longue tant les récentes découvertes de ressources énergétiques dans les deux pays sont considérables. Ainsi, en matière d’or noir, Abidjan et Dakar ont rejoint la Namibie dans les starting-blocks pour rejoindre l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (OPEP). Des nouveaux-venus qui feraient passer le nombre de pays africains de six en l’état actuel à neuf dans cette organisation dont les membres génèrent 40 % de la production pétrolière mondiale.
Leurs arrivées contribueraient également à opérer une substantielle revue à la hausse des 15 % de parts des pays africains dans les productions de pétrole bruts des pays membres de l’OPEP. Cette reconfiguration progressive des acteurs africains de premier plan sur le marché pétrolier présage un changement de paradigme plus global qui sera marqué par un dynamisme accéléré en faveur des industries énergétiques.
Minerais stratégiques
Quid des ressources extractives ? Les découvertes annoncées en grandes pompes du gisement aurifère de classe mondiale, Koné à Kani en Côte d’Ivoire et de la mine d’or à fort potentiel à Missirah au Sénégal sont symptomatiques du bon état du secteur. Comme le souligne le dernier rapport de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), la Côte d’Ivoire continue de réaliser des avancées majeures sur la niche des industries extractives avec d’autres minerais dont le coltan, le manganèse et le nickel.
De plus, un riche vivier de ressources inexploitées jonche le sous-sol ivoirien, amplifiant ainsi l’important potentiel de développement de l’industrie. «Les récentes découvertes, aussi importantes soient-elles, semblent négligeables par rapport à celles que nous espérons dans les années à venir», a récemment indiqué le Ministre des Mines et de l’Énergie de Côte d’Ivoire, Mamadou Sangafowa Coulibaly. Statu quo pour le pays de la Teranga décrit comme “l’un des principaux producteurs de phosphates, avec une production annuelle de 2,6 millions de tonnes en 2022. Le pays est également un producteur modeste, mais croissant, d’or et de matériaux de construction”, précise l’ITIE. Ces deux pays et bien d’autres qui multiplient les découvertes de gisements aurifères viendront progressivement grossir les rangs des pays africains au classement des principaux producteurs de l’or, actuellement dominé par le Ghana (1er africain et 6e mondial), le Mali (2e africain et 11e mondial), le Burkina Faso (3e africain et 12e mondial).
L’Afrique, qui pèse déjà de tout son poids sur le secteur énergétique international avec le pétrole et le gaz naturel, a également son pesant d’or sur l’industrie extractive mondiale avec les découvertes et le développement continue de ses gisements aurifères. Une situation qui se répliquera a priori pour la quasi-totalité des autres minerais dont disposent la plupart des pays africains au fur et à mesure que l’orientation de leurs économies vers les industries extractives atteindra sa vitesse de croisière.
Le présent et le futur
Selon Statista, l’Afrique représente 40 % des réserves d’or, 30 % des réserves de minerai et 12 % des réserves de pétrole. C’est donc une évidence, la cartographie du potentiel de ressources extractives et énergétiques africaines révèle que le continent occupera un rôle encore plus important dans le secteur. Ce, d’autant plus que les minerais stratégiques utilisés dans le cadre de la transition écologique fleurissent aussi dans les pays africains.
“Environ 70 % du cobalt mondial — utilisé pour les batteries des téléphones portables et des voitures électriques — provient de la République démocratique du Congo (RDC), et un pourcentage important de Madagascar. Des pays comme le Zimbabwe et la Namibie possèdent des réserves de lithium parmi les plus importantes au monde. La demande mondiale augmente et la ruée vers ces minerais par les entreprises des pays riches s’intensifie’’, souligne un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Dans cet élan, un rapport du groupe de la Banque mondiale révèle que la production de minéraux tels que le graphite, le lithium et le cobalt pourrait augmenter de près de 500 % d’ici à 2050 pour répondre à la demande croissante de technologies énergétiques propres. Des ressources dont le continent africain pullule à foison. Des exemples qui font de l’Afrique dans le secteur des industries extractives et énergétiques, la terre du présent et du futur.
Le SIREXE, la clé de voûte ?
Comme à l’accoutumée, le défi pour l’Afrique demeure le mode opératoire d’exploitation de ces ressources pour doper son économie. Un enjeu qui exige une mutualisation de l’intelligentsia africaine dans le secteur en vue d’adjoindre de la matière grise à la riche matière première africaine en termes de ressources naturelles pour le développement de ses ressources extractives et énergétiques. Pour conjurer ‘’la malédiction des ressources naturelles‘’ dont souffre le continent, le PNUD a prescrit la panacée. L’agence onusienne enjoint l’Afrique à renforcer ses ‘’capacités à négocier des contrats gagnant-gagnant avec le secteur privé.’’ Des coopérations qui permettront de bénéficier ‘’des financements, des technologies, des capacités et de la protection sociale nécessaires (…) à une transformation sociale et économique à long terme grâce aux industries extractives.’’
Une approche qui va de pair avec la mise en place du Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE) prévu du 27 novembre au 2 décembre 2024 au Parc des Expositions, en Côte d’Ivoire. Ce rendez-vous vise à orienter les industries extractives et énergétiques vers un développement économique durable. D’emblée, en stimulant les Investissements directs étrangers dans le secteur. En outre, le SIREXE projette d’initier des collaborations bilatérales en vue de permettre aux pays africains de s’inspirer des exemples de réussites, à l’instar de la Norvège, le pays à l’honneur de cette première édition
Hub sous-régional et panafricain
L’événement initié par le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie sous le haut parrainage du Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé a en ligne de mire de se positionner à court terme comme un rendez-vous incontournable pour les pays de la zone ouest-africaine sur le sujet des ressources extractives et énergétiques. En témoigne, l’appui institutionnel de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’organisation sous-régionale organisera par ailleurs lors du SIREXE, à travers son Centre pour les Énergies Renouvelables et l’Efficacité Énergétique (CEREEC), la 9e édition du Forum sur l’Énergie Durable de la CEDEAO, une thématique qui est l’une des pierres angulaires du SIREXE.
Article publié pour la première fois sur Afrimag