En réponse aux incertitudes mondiales découlant de l’intense concurrence entre les États-Unis et la Chine, des conflits en cours en Ukraine et à Gaza et des conséquences de la pandémie de Covid-19, les pays du monde entier ont de plus en plus adopté des stratégies préventives. Cette tendance souligne la nécessité de gérer les risques géopolitiques et de préserver les intérêts nationaux. Les pays utilisent une gamme d’approches, allant des tactiques conflictuelles et coopératives au recours à la puissance douce
La couverture stratégique (hedging) et le multi-
alignement sont devenus des stratégies clés de politique étrangère, permettant aux États de naviguer dans les complexités d’un ordre mondial en évolution passant de l’unipolarité au polycentrisme.
Sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a adopté une stratégie de diversification et de multi-alignement. Tout en équilibrant ses relations européennes et maghrébines moins fiables, le Maroc a renforcé ses liens avec l’Afrique et la région atlantique afin d’atténuer les risques liés aux partenaires susmentionnés.
L’accord de libre-échange avec les États-Unis s’inscrit dans cette stratégie en visant à renforcer les échanges et à créer de nouvelles opportunités d’investissement, tout en maintenant son partenariat avec l’Union européenne. Les récentes initiatives atlantiques du Maroc s’inscrivent dans ce repositionnement de la diplomatie marocaine sous le règne du Roi Mohammed VI.
Contrairement à de nombreux pays, le Maroc est resté neutre, il n’a jamais quitté un camp contre un autre, ni ne s’est aliéné l’amitié de l’une ou l’autre puissance ; le témoignage d’une telle orientation est le comportement électoral à l’Assemblée Générale de l’ONU ; récemment, le Maroc a été absent du vote de la résolution de l’Assemblée Générale des Nations unies sur la crise ukrainienne en mars 2022.
L’évolution du concept de «Sud global»
Les pays du Sud ne sont plus représentés uniquement par des organisations traditionnelles comme le Mouvement des non-alignés (MNA) et le G77 ; Au XXIe siècle, de nouvelles alliances et de nouveaux groupements ont vu le jour, impliquant de grandes puissances comme la Chine et la Russie ainsi que des pays émergents comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Ces alliances partagent un objectif commun : défier l’hégémonie occidentale et plaider pour un monde multipolaire. Ils appellent à la réforme de l’ONU, de l’OMC et des institutions de Bretton Woods afin de refléter les nouvelles réalités mondiales, en assurant une répartition plus équilibrée des pouvoirs et des ressources.
Transformation du Mouvement des Pays Non-alignés
En effet, la notion de «Sud» ou «Tiers-monde» a considérablement évolué depuis la création du Mouvement des Non-Alignés (MNA) en 1961. Initialement, le Mouvement des Non-Alignés était une coalition de nations résistant aux superpuissances de la guerre froide, se concentrant sur les pays non alignés sur l’OTAN ou le Pacte de Varsovie. Aujourd’hui, le concept du Sud englobe de grands acteurs mondiaux tels que la Russie et la Chine, reflétant un paysage géopolitique plus complexe au-delà des pays traditionnels du tiers monde.
Le Royaume du Maroc est un membre fondateur du Mouvement des Non-Alignés formé lors de la conférence de Belgrade en septembre 1961, où les premiers jalons du non-alignement avaient été posés ; feu le Roi Hassan II a grandement contribué au succès de la conférence avec un discours retentissant où Il avait souligné les vertus du «neutralisme positif» et la nécessité de soutenir la libération de l’Afrique de l’oppression du colonialisme et de l’Apartheid ; et ce en présence d’autres dirigeants comme le Président de l’ex-Yougoslavie Josip Broz Tito, Gamal Abd El Nasser d’Egypte, P.M Jawaharlal Nehru de l’Inde, le Président Habib Bourguiba de Tunisie et le Président Soekarno d’Indonésie, la plupart des pays africains étaient encore sous le joug colonial.
Toutefois, même si la condition d’adhésion au mouvement des non-alignés est la non-adhésion à l’OTAN ou au Pacte de Varsovie, dans la pratique de nombreux membres du mouvement sont proches de l’un des deux principaux blocs comme la Corée du Nord, Cuba, le Venezuela ou l’Iran.
Depuis sa création le MNA a déplacé le centre de ses priorités des préoccupations géopolitiques vers les préoccupations économiques, à tel point que certains observateurs l’ont qualifié de «syndicat du Tiers-monde», plaidant pour l’établissement d’un «nouvel ordre économique international.»
En effet, pendant la guerre froide, le désarmement était central, représentant 29,5 % de l’attention du Mouvement, mais cette question s’est largement estompée, reflétant une diminution de l’accent mis sur le contrôle des armes nucléaires. Le développement économique et l’équité, autrefois importants à 23,9 %, ont diminué à 14,29 %, reflétant une évolution vers des questions plus larges de coopération comme la gouvernance mondiale, les droits de l’homme et l’environnement. À l’inverse, l’autodétermination et la souveraineté ont pris de l’importance, passant de 18,2 % à 23,81 %. Les droits de l’homme et les questions humanitaires sont devenus la préoccupation la plus critique, représentant désormais 33,33 % de l’ordre du jour du Mouvement des Pays Non- Alignés. La réforme de la gouvernance régionale et mondiale est passée à 19,05 %, ce qui souligne la nécessité de moderniser les institutions internationales pour relever les défis mondiaux actuels. L’attention portée aux tensions géopolitiques et au maintien de la paix est tombée à 4,76 %, tandis que l’attention portée à l’environnement et au développement durable est passée à 4,76%.
BRICS : façonner un monde et des systèmes financiers multipolaires
Le XVe sommet des BRICS, qui s’est tenu du 22 au 24 août 2023 à Johannesburg, a réuni les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud pour renforcer leur engagement en faveur d’un ordre mondial plus inclusif et durable. Le sommet a entériné l’admission de nouveaux membres (Arabie Saoudite, Argentine, EAU, Ethiopie, Egypte, Iran), et a mis l’accent sur l’importance de la collaboration entre les marchés émergents.
Un aspect important de la stratégie des BRICS est l’accent mis sur les systèmes financiers et transactionnels. Le bloc se concentre de plus en plus sur le développement d’alternatives aux systèmes financiers occidentaux comme SWIFT et le dollar américain, en promouvant ses propres mécanismes financiers pour renforcer la souveraineté économique et influencer l’architecture financière mondiale.
Un quart des débats a été consacré au multilatéralisme inclusif, le développement durable (25 %) et la paix et la sécurité (20 %), démontrant ainsi son engagement à l’égard de la stabilité mondiale et de la croissance économique.
Le développement durable est devenu un thème majeur, les dirigeants exprimant un fort soutien à la réalisation des objectifs du Programme 2030 des Nations Unies. Un accent particulier a été mis sur la réforme agricole et la sécurité alimentaire, reconnaissant la nécessité de mettre en place des pratiques résilientes pour lutter contre la faim et promouvoir une agriculture durable.
L’un des points centraux du sommet était le besoin urgent de réformer les institutions mondiales telles que les Nations Unies (ONU) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin de mieux représenter les pays en développement. Les dirigeants ont exprimé leurs préoccupations quant à la sous-représentation des économies émergentes et se sont engagés à plaider en faveur d’un système international plus démocratique.
Organisation de Coopération de Shanghai : promouvoir un monde multipolaire
Les BRICS ne sont pas la seule alliance importante à émerger de la coopération Est-Sud. L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) est un autre groupe pivot. Contrairement aux BRICS, qui s’étendent sur trois continents, le noyau dur de l’OCS se trouve en Eurasie, à l’origine des «cinq États de Shanghai» que sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Alors que les BRICS se concentrent principalement sur le développement économique, l’OCS a un programme plus large centré sur la sécurité et la souveraineté des États. L’OCS s’est élargie ces dernières années, intégrant l’Inde, le Pakistan et l’Iran en tant que membres, avec plusieurs autres États observateurs en attente de leur admission.
La particularité de l’OCS c’est surtout l’importance accordée à la promotion d’un ordre mondial multipolaire et la sécurité et à la stabilité régionales (30 % de son programme) elle met également l’accent sur la coopération et l’intégration économiques (25 %), renforçant ainsi son engagement en faveur de la collaboration économique régionale. L’OCS soutient les réformes des institutions internationales pour refléter les réalités géopolitiques contemporaines et promeut une structure de pouvoir mondiale diversifiée.
Outre la reconnaissance de divers thèmes géopolitiques, économiques, culturels liés à la sécurité, l’OCS s’est fortement investi dans l’exécution d’initiatives et de programmes spécifiques, qui constituent la majorité de ses activités.
Une fusion entre les BRICS et l’OCS se profile-t-elle à l’horizon ?
Récemment, certains experts et diplomates ont spéculé sur la fusion éventuelle de l’OCS et des BRICS, en raison de la nature chevauchante des organisations au sein des pays du Sud. La prolifération de ces groupes et de ces alliances économiques est devenue un obstacle notable à l’intégration économique. La rationalisation et la consolidation de ces regroupements sont considérées comme cruciales pour améliorer leur fonctionnement et leur efficacité, ainsi que pour les revitaliser.
«Je pense que les BRICS devraient servir d’arrangement transitoire, à mon avis, pour une organisation de coopération de Shanghai solide qui inclurait tous ceux qui sont dans les BRICS et ceux qui rejoindront les BRICS.» – «Je pense que si les BRICS devaient s’élargir, mon propre point de vue est qu’à l’avenir, les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) s’associeraient pour former une seule entité. Parce que le fait que les BRICS et l’OCS fonctionnent en parallèle avec les mêmes membres n’aurait pas de sens, a souligné . le Dr. Kingsley Makhubela, ancien ambassadeur d’Afrique du Sud et spécialiste de la résolution des conflits
Venant d’un ancien ambassadeur sud-africain -un acteur clé des BRICS- cette déclaration est pour le moins surprenante ; cela peut suggérer un certain malaise au sein des BRICS, du moins en ce qui concerne leur composante sud-africaine. En effet, l’OCS prend de l’ampleur sous le leadership de la Chine.
Les BRICS ont récemment procédé à un double processus d’élargissement et d’approfondissement de leurs programmes, tandis que les pays membres se disputent l’influence et cooptent des pays pour augmenter leur poids vis-à-vis de l’Occident ; le leitmotiv étant une réforme de la gouvernance mondiale sur tous les plans et la compétition avec le pays du G7.
Considérations stratégiques pour le Maroc : perspectives de rapprochement avec l’OCS et les BRICS
Compte tenu des tensions géopolitiques entre la Chine et les USA et les conséquences de la guerre en Ukraine et à Gaza, les États-Unis et la Chine naviguent dans un paysage géopolitique complexe. Ils coexistent mais s’affrontent pour établir les règles du nouvel ordre mondial ; c’est pourquoi ils cherchent à influencer les pays pivots pour obtenir un avantage stratégique.
A cet égard, les pays pivots, comme le Maroc, ont une influence substantielle dans la formation du nouvel équilibre du système international et peuvent du coup affecter l’équilibre futur des puissances en compétition au moins dans leurs régions.
Le Royaume du Maroc est idéalement placé pour satisfaire aux critères d’adhésion à l’OCS et/ou aux BRICS, grâce à ses atouts tangibles et intangibles qui en font un candidat de choix. Il convient de souligner que le Maroc bénéficie d’avantages concurrentiels et géopolitiques majeurs.:
1. Avantage concurrentiel dans les chaînes d’approvisionnement mondiales : Le Maroc contrôle une partie des composants et des ressources critiques pour les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans des industries de pointe renforçant ainsi son importance stratégique.
2. Pays connecteur économique : Le Maroc joue un rôle clé dans la facilitation des flux de commerce et d’investissement entre les grandes économies telles que les États-Unis et la Chine, soulignant son importance dans le paysage économique mondial.
Dans un contexte de tensions géopolitiques au niveau du paysage économique mondial, le Maroc est devenu un pays pivot pour la connectivité économique, ce qui lui a valu la reconnaissance de Bloomberg aux côtés de la Pologne, du Mexique, du Vietnam et de l’Indonésie. Une analyse approfondie des données sur le commerce et l’investissement de 2022 révèle les réalisations exceptionnelles du Maroc, notamment une augmentation notable de 25 % des exportations de produits manufacturés et une augmentation significative de 20 % des installations nouvelles d’IDE.
En effet, ces pays connecteurs ont réussi à attirer sur leur sol des Investissements Directs Etrangers (IDE) des pays rivaux ; effectivement dans l’industrie automobile marocaine, nous pouvons trouver des fabricants américains, chinois et japonais travaillant ensemble dans la même chaîne d’approvisionnement et le même écosystème.
3. Pays Idéal pour le nearshoring, l’offshoring ou le Friendshoring : son emplacement stratégique attire les entreprises qui cherchent à relocaliser leurs activités pour des raisons économiques ou politiques, ce qui renforce son rôle dans les chaines de valeur mondiales.
4. Vision mondiale : Le Maroc est guidé par un Roi visionnaire ; l’émergence économique, le repositionnement diplomatique n’auraient pas été possibles sans sa volonté politique et l’habileté et la prévoyance de ses dirigeants politiques sous la conduite éclairée de S.M. le Roi Mohammed VI.
Le Maroc est en train de devenir non seulement un médiateur dans les crises internationales, comme celles de la Libye, du Sahel, du fleuve Mano et du Moyen-Orient, mais aussi un point d’ancrage de la paix économique entre rivaux géopolitiques.
Pour revenir aux différentes composantes du Sud Global une observation documentaire appuyée par une analyse de contenu rigoureuse des documents stratégiques des trois organisations révèle que Les BRICS excellent en matière d’influence économique et financière grâce à une structure organisationnelle solide et à des objectifs stratégiques. L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) exerce également une influence régionale importante, mais fait face à également à de nombreux défis à l’instar des BRICS (compétition interne). Bien qu’il soit le plus ancien, le Mouvement des pays non alignés, il est à la traîne en termes d’influence économique et d’adaptabilité par rapport aux BRICS et à l’OCS. Chaque organisation joue un rôle distinct dans l’ordre mondial, avec des degrés variables d’impact et d’efficacité.
Si le Maroc explore la possibilité de rejoindre l’OCS ou les BRICS, il est clair qu’il aurait minutieusement pesé les coûts et les bénéfices, en tenant compte des opportunités offertes ainsi que des défis à surmonter. Ces organisations présentent des avantages stratégiques significatifs, tout en comportant des risques potentiels qu’il convient d’évaluer attentivement.
Avantages de l’adhésion à l’OCS et aux BRICS
Conformément aux dispositions de l’article 13 de la Charte de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), l’adhésion à l’OCS est ouverte aux États de la région qui s’engagent à respecter les objectifs et les principes de la Charte ainsi qu’à se conformer aux autres traités et instruments internationaux adoptés dans le cadre de l’OCS.
Lors du Sommet de Douchanbé en 2008, l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) a introduit un nouveau mécanisme intitulé «Statut de Partenaire de Dialogue» pour institutionnaliser les relations avec des pays tiers (extérieur à la région) comme le Maroc et des organisations internationales ne possédant pas le statut d’observateur. Ce statut permet une coopération limitée dans certains domaines et se situe entre les «participants invités» et le «statut d’observateur» en termes de liens institutionnels avec l’organisation.
L’OCS comprend Neuf Etats Membres, 2 États observateurs – la Mongolie et l’Afghanistan et 14 partenaires de dialogue : Sri Lanka, Turquie, Cambodge, Azerbaïdjan, Népal, Arménie, Égypte, Qatar, Arabie Saoudite, Bahreïn, Koweït, Myanmar, Maldives et les EAU.
– En ce qui concerne les BRICS, il n’existe pas de processus formel pour l’adhésion de nouveaux membres ; ces derniers doivent obtenir l’approbation unanime des membres actuels. Lors du sommet des BRICS de 2023 en Afrique du Sud, il a été annoncé que l’Arabie Saoudite, l’Iran, les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine ont été admis comme nouveaux membres.
Les experts s’accordent à dire que la participation à des organisations telles que l’OCS ou les BRICS pourrait offrir une multitude d’avantages dans les domaines économique, politique, sécuritaire et culturel.
✓ Positionnement géopolitique stratégique : L’adhésion de l’OCS et des BRICS renforcerait l’influence diplomatique du Maroc notamment au Sahel et l’Afrique de l’EST et septentrionale, amplifierait son rôle sur la scène internationale et renforcerait sa position de membre permanent potentiel du Conseil de sécurité représentant l’Afrique.
L’adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) pourrait, en renforçant la coopération en matière de sécurité et de renseignement, non seulement accroître la stabilité régionale, mais aussi, grâce à un rapprochement avec la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, accélérer la résolution définitive de la question du Sahara sous souveraineté marocaine.
✓ Opportunités économiques et diversification du commerce : L’adhésion à l’OCS et/ou aux BRICS donne accès aux principales économies émergentes, ce qui pourrait offrir au Maroc de nouvelles opportunités d’investissement et stimuler certains secteurs tels que les services de transport et de logistique, l’agriculture, les mines et l’industrie militaire.
✓ Intégration économique et financière : La participation aux systèmes financiers de l’OCS et des BRICS pourrait offrir davantage d’options financières, réduisant ainsi l’exposition aux fluctuations économiques mondiales.
L’adhésion à l’OCS et aux BRICS offre certes des avantages, mais elle comporte également des risques qui doivent être soigneusement évalués par les décideurs pour éviter de tendre les relations avec l’OUEST et les États-Unis en particulier.
Quels sont les principaux risques associés ?
✓ Tensions diplomatiques : Le rapprochement avec l’OCS et les BRICS pourrait mettre à rude épreuve les relations du Maroc avec les États-Unis, ce qui pourrait entraîner des tensions diplomatiques et avec d’autres puissances occidentales, en particulier l’UE et le Royaume-Uni.
✓ Stabilité financière et économique : S’appuyer sur les systèmes financiers émergents des BRICS et de l’OCS pourrait présenter des risques économiques en raison de leur manque de maturité et de leur instabilité relative par rapport aux cadres occidentaux établis. Un rapprochement avec l’OCS et les BRICS pourrait entraîner une diminution des investissements occidentaux et une tension avec le FMI et la Banque mondiale.
Conclusion
Contrairement aux BRICS, où le Maroc est confronté au défi de surmonter le veto de l’Afrique du Sud à l’adhésion, le Maroc entretient déjà des relations amicales avec la plupart des membres de l’OCS, en particulier les principaux dirigeants du groupe : la Chine, la Russie et l’Inde.
L’adhésion potentielle du Maroc à l’OCS et aux BRICS présente des opportunités importantes, mais elle comporte aussi des risques, notamment en ce qui concerne ses relations avec les alliés occidentaux. En établissant des parallèles avec la stratégie multi-alignement de l’Inde, le Maroc peut naviguer efficacement dans ces complexités, en capitalisant sur les avantages offerts par les BRICS et l’OCS tout en maintenant ses relations internationales cruciales.
Pour gérer les relations entre l’OCS, les BRICS et les alliés occidentaux, il est essentiel d’affiner la stratégie diplomatique afin d’équilibrer les engagements et d’éviter l’aliénation des partenaires clés. Une attention accrue portée aux BRICS et à l’OCS pourrait, en effet, isoler le Maroc des plateformes et initiatives internationales dominées par l’Occident.
À cet égard, il convient de mentionner que la navigation réussie de l’Inde dans de multiples alliances peut offrir de précieuses leçons. L’Inde équilibre ses affiliations en s’alignant sur le Quad (États-Unis, Inde, Japon et Australie) dans l’Indopacifique tout en maintenant des liens étroits avec la Russie, un acteur clé des BRICS et de l’OCS. Cette stratégie multi-alignement permet à l’Inde d’améliorer son positionnement stratégique sans compromettre ses relations avec d’autres puissances mondiales.
Grâce à une politique étrangère multi-alignements, le Royaume du Maroc peut gérer habilement ses relations avec les BRICS, l’OCS et les alliés occidentaux. En tirant parti de son agilité diplomatique, le Maroc peut capitaliser sur les opportunités présentées par ces nouvelles organisations tout en préservant ses liens essentiels avec les États-Unis et l’Occident.
Article publié pour la première fois sur Afrimag