L’étude publiée mardi 30 août par le cabinet Mc Kinsey, l’un des trois majors mondiaux dans le conseil en stratégie, confirme le dynamisme des fintech sur le continent.

Selon les projections du cabinet, le chiffre d’affaires cumulé des fintech africaines devrait atteindre 30,3 milliards de dollars, d’ici 2025, soit huit fois plus qu’en 2020 (3,8 milliards de dollars), grâce notamment à l’amélioration de l’accès à Internet et au faible taux de bancarisation sur le continent.

Un trio anglophone se distingue

L’étude révèle que la population des start-up en Afrique a triplé en un an (entre 2020 et 2021) pour atteindre environ 5.200, portée par le dynamisme d’un trio de pays anglophones, Nigeria, Ghana et Kenya. Près de la moitié des start-up sont spécialisées dans les services financiers avec leurs solutions innovantes. Ces nouveaux acteurs très agiles de la finance ont réalisé des percées significatives sur le marché, avec des revenus estimés à près de 4 milliards de dollars en 2020.

«La fintech africaine est en train d’émerger comme un foyer d’investissement, avec une proportion de financements et une taille moyenne toujours en progression, apportant des emplois et de la croissance aux économies africaines. Et l’histoire ne fait que commencer», souligne le rapport.

Fintechs

Les fintechs africaines, un puissant outil pour l’inclusion financière des populations

Mc Kinsey impute l’essor de la fintech en Afrique à la forte pénétration des smartphones, la baisse des prix de la connexion Internet, l’appétence des jeunes aux nouvelles technologies générales ainsi qu’à la poussée de l’urbanisation.  

250 milliards de dollars de CA à l’horizon 2050

Pour continuer à croître, les fintech africaines, peuvent s’appuyer sur une visibilité à moyen terme assurée car le chiffre d’affaires global du secteur des services financiers sur le continent devrait passer de 150 milliards de dollars en 2020 à 230 milliards de dollars en 2025, estime le cabinet Mc Kinsey dont un des associés célèbres est Michael Porter, «le pape de la pensée stratégique». Le taux de bancarisation demeure également très faible sur le continent. Environ 2/3 des Africains ne disposent pas d’un compte bancaire ou d’un accès complet aux services financiers, et 90 % des transactions se font encore en espèces.

Ce tableau offre d’énormes opportunités pour les acteurs de la fintech. Les solutions transactionnelles développées par ces petites entreprises très agiles, sont en effet jusqu’à 80 % moins chères que celles fournies par les acteurs financiers traditionnels, alors que les intérêts sur l’épargne sont jusqu’à trois fois plus élevés, relèvent les consultants de Mc Kinsey. Les coûts des transferts de fonds seraient par ailleurs jusqu’à six fois moins élevés que ceux offerts par les banques et autres sociétés spécialisées.

McKinsey & Co observe que le bouillonnant secteur de la fintech en Afrique n’a cependant jusqu’ici produit que quelques licornes – des start-up valorisées à un milliard de dollars -, ce qui suggère qu’il reste beaucoup de réformes à mettre en œuvre dans l’environnement de ces start-up afin d’accompagner leur croissance. Le cabinet précise dans ce cadre que ces entreprises sont confrontées à quatre défis majeurs sur la voie de la durabilité : la « scalabilité » (la capacité pour une start-up à développer massivement le volume de son activité afin de réaliser des économies d’échelle) ; un environnement réglementaire incertain ; la pénurie des financements et des talents et des bases solides de gouvernance.