L’agence internationale de notation souveraine «Fitch» a exprimé, mercredi 7 décembre, des inquiétudes quant aux conséquences du scandale Phala Phala et des appels incessants à la destitution du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pour le pays.
« Les conclusions du rapport établi par une Commission parlementaire indépendante concernant les accusations criminelles portées contre le chef de l’Etat dans cette affaire soulèvent de sérieuses questions sur son avenir et pourraient influencer la politique et les perspectives économiques et politiques du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, avant les élections de 2024 », a indiqué Fitch dans un communiqué.
L’agence de notation estime, toutefois, que même si le Président devait démissionner, «il est plus probable qu’un successeur potentiel émergerait de l’aile modérée de l’ANC plutôt que de la faction radicale de la transformation économique liée à l’ex-président Jacob Zuma et qui prône des approches plus populistes ».
Elle a réitéré l’importance pour le gouvernement de maintenir ses perspectives actuelles pour les finances publiques et pour la trajectoire de sa dette qui reste une sensibilité de notation importante pour l’Afrique du Sud. « Les pressions socio-économiques, dans un contexte de chômage élevé et d’inégalité extrême des revenus, constituent déjà une contrainte pour le rythme de l’assainissement budgétaire », a-t-elle averti.
Le scandale Phala Phala affaiblirait le soutien à Ramaphosa
Fitch met en garde que si le gouvernement réagissait au scandale de la «farmegate» en augmentant les dépenses publiques au-delà des attentes, cela se traduirait par un élargissement soutenu du déficit budgétaire qui indique une hausse plus marquée de la trajectoire dette publique/PIB.
Elle a souligné que le scandale Phala Phala pourrait avoir affecté négativement le soutien à Ramaphosa avant la conférence quinquennale du parti au pouvoir prévue du 16 au 20 décembre à Nasrec.
La Commission indépendante, mise en place par la présidente du Parlement, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, a conclu dans un rapport que Ramaphosa doit répondre à de graves violations de la Constitution pour s’être exposé à un conflit d’intérêts, avoir effectué un travail rémunéré à l’extérieur et avoir enfreint la loi sur la prévention des activités de corruption concernant le scandale de sa ferme Phala Phala .
L’agence de notation relève que le déficit budgétaire consolidé du pays s’établira à 5,1% du PIB au cours de l’exercice se terminant en mars 2023 (exercice 22/23) et restera proche de ce niveau au cours des deux années suivantes. Elle a averti que l’instabilité politique et l’incertitude accrue quant aux perspectives politiques de l’Afrique du Sud pourraient encore peser sur les perspectives d’investissement à court terme si elles affaiblissaient le climat des affaires.
Fitch a également cité la détérioration des infrastructures électriques et de transport du pays comme un obstacle majeur aux perspectives de croissance économique. « Le faible potentiel de croissance du pays, que nous estimons à 1,2%, reste une faiblesse clé du crédit », a-t-elle conclu.