C’était il y a près de 3 ans, brutalement le Chine a fermé ses frontières et confiné des dizaines de millions de ses habitants chez eux. Pour tout dire voilà qui était incompréhensible pour les occidentaux que nous sommes. Une telle atteinte à notre liberté était inconcevable. La décision chinoise a été suivie dans la foulée par la quasi-totalité des pays asiatiques qui ont choisi une stratégie consistant à ne pas laisser le virus se propager, fusse en payant le prix fort. Petit à petit les autres continents se sont trouvés dans l’obligation de fermer eux aussi leurs frontières afin d’empêcher la diffusion de cette épidémie à la suite de réunions familiales, religieuses ou sportives très propices à la contagion.

Jean-Louis Baroux, Président du World Connect by APG

Jean-Louis Baroux, Président du World Connect by APG

Après une période de sidération est venu l’espoir d’abord que le Covid disparaitrait avec la période estivale, ce qui n’a été qu’un feu de paille puisqu’il est revenu en force à l’automne, puis celui de l’arrivée d’un vaccin efficace. Reconnaissons que la mise au point, la fabrication et l’utilisation des deux vaccins occidentaux, le tout en moins d’un an ont été tout simplement prodigieuses et d’une grande efficacité. C’est ainsi qu’en 2021, les barrières entre les pays ont commencé à tomber, quitte à se refermer à la première occasion et que l’année 2022 a vu les frontières s’ouvrir dans la plupart des pays sauf les asiatiques entrainant une farouche volonté de déplacements des populations frustrées pendant près de deux ans. La stratégie des pays occidentaux a été payante, même si elle a été compliquée à se mettre en place.

Cela n’a pas été le cas en Asie et particulièrement en Chine, Corée ou Japon car les vaccins administrés ont été moins efficaces. Les gouvernements avaient d’ailleurs toujours gardé sous le coude la possibilité de reconfiner leurs populations, c’est d’ailleurs ce qui est arrivé. Mais finalement, après 3 années très difficiles les pays asiatiques ont commencé à laisser tomber les barrières à l’entrée et la sortie de leurs pays, en acceptant de payer le prix sanitaire pour des populations peu immunisées. Et tous les jours nous avons les annonces de nouvelles ouvertures de lignes aériennes internationales.

Il ne faut pas être grand devin pour pronostiquer une ruée des passagers dans les avions, frustrés qu’ils sont depuis près de 3 ans. La conséquence va être une multiplication des vols en provenance des pays de l’est de l’Asie vers l’Europe et les USA.

On ne sait pas trop bien dans quel état sont les transporteurs chinois, mais il est vraisemblable qu’ils sont parfaitement capables de remettre en service leurs flottes. Ils ont d’ailleurs un gros avantage par rapport aux compagnies européennes car ils ont le droit de survoler la Russie ce qui est refusé aux occidentaux pour cause de guerre entre l’Ukraine et la Russie. La différence de temps de vol au bénéfice des compagnies chinoises est de l’ordre de 2 heures soit 4 heures pour une rotation ce qui constitue tout de même un gros avantage.

Il est vraisemblable que les programmes d’exploitation retrouvent leur niveau de 2019 dès le printemps 2023. Comment alors les aéroports européens pourront-ils absorber ce trafic alors qu’ils ont eu tant de peine à passer l’année 2022 ? Auront-ils l’anticipation suffisante pour embaucher et former le personnel nécessaire à leur fonctionnement ? Et puis il faudra bien se poser la question des rémunérations si on veut attirer les candidatures. Il ne suffit pas de donner satisfaction aux seuls personnels navigants pour rendre fluide une exploitation aéronautique par essence très complexe et qui nécessite la participation de personnels au sol et sur les pistes tout à fait indispensables et dont les rémunérations sont infiniment inférieures.

Les grandes manœuvres ont commencé en Inde. Air India le transporteur historique est très malade, ce n’est un secret pour personne. L’arrivée d’une nouvelle compagnie qui appartient à égalité au groupe Tata, le fondateur d’Air India avant que celle-ci soit nationalisée, faut-il le rappeler et Singapore Airlines, rebat les cartes. Il est vraisemblable que les deux opérateurs fusionnent dès le début 2024 sous le nom d’Air India. Et on commence à entendre parler de la plus grosse commande d’avions passée par une compagnie, de l’ordre de 500 appareils. Rappelons que le prix moyen d’un avion est de l’ordre de 100 millions de dollars. Du jamais vu !

Le continent asiatique va revenir en force très prochainement. Ne boudons pas notre plaisir même si cela devait causer quelques difficultés.