L’œuvre historique et poétique « Les Amazones de la Chouannerie » de Théophile Briant et son étude approfondie par la femmes de lettres, Marie-Françoise Jeanneau offrent à l’Afrique une réflexion sur le rôle que peut jouer la culture comme vecteur d’un imaginaire commun.

Les Amazones de la Chouannerie

Par Kevin Lognoné, analyste en capacités partenariales, managériales et d’innovation.

Construire ce nouvel imaginaire commun implique d’apprendre à regarder et comprendre le monde d’un point de vue différent, nourri d’intelligences croisées. Plusieurs artistes et intellectuels peuvent aider les jeunes générations à se saisir de ce nouveau dialogue culturel.

Le poète, auteur camerounais Kenneth Toah Nsah, plus connu sous le nom de Nsah Mala, a lancé un appel à contribution créative et littéraire sur la préservation de l’écosystème dans le Bassin du Congo. Le but : créer une anthologie littéraire sur ces thématiques. Qui pouvait y participer ? Les écrivains issus du Bassin de Congo et de la diaspora.

Pour accompagner ce processus créatif, le conteur camerounais, Elisé Omoko a choisi de marcher les traces de Théophile Briant et de l’étude de Marie-Françoise Jeanneau consacrée aux « Amazones de la Chouannerie ».

Voici quelques extraits d’un récit revisité, revigoré, transformé pour mieux rappeler la place de l’Afrique comme partenaire de notre mémoire collective :

« Amazones, tu es l’ancre de mon histoire, la mamelle intarissable de paix, une source d’inspiration incontesté pour l’humanité. 400 ans. Quatre cents années ont trainé ton histoire, l’histoire de ton peuple dans la boue, enchainée, muselée. Un morceau de fer scellé entre les dents, déshumanisé, réduit, vendu au milieu des poules et des chèvres.

Aujourd’hui encore, d’ici je peux entendre le grincement des chaînes, les plaintes de ta peau d’ébène durement déchirée par le fouet […]
Force et courage à toi ! De la résilience de ton bourbier, de ton histoire jailliront des rois, des reines, des princesses, des princes, des ambassadeurs de la culture comme des joyaux, comme témoins de ta ténacité sur les quatre coins de la terre.
Amazones ! Bras fort et mère protectrice du Dahomey, source d’inspiration intarissable du Bénin à la sphère terrestre.
Tu inspires les grands hommes de culture de ce monde : le poète Théophile Briant de la Bretagne dans son écriture : Les Amazones de la Chouannerie. « 

Terre des Amazones, le Bénin est aujourd’hui la grande puissance inspiratrice de la Coupe d’Afrique de la Musique qui rayonne au-delà des frontières sur les 54 États du continent africain. Ainsi, l’Afrique des industries créatives et culturelles représente bel et bien un laboratoire de production et de diffusion de savoirs et d’idées. La poésie et la musique mais aussi d’autres éléments de notre patrimoine immatériel comme des contes et des légendes offrent une caisse de résonance pour les agents du changement qui bousculent les codes, expérimentent de nouvelles relations au monde et impactent les sociétés contemporaines.

Outre l’originalité d’aller plus loin et de proposer une approche transversale entre les continents, la construction d’un imaginaire commun avec des artistes et intellectuels peut s’enrichir de trois priorités transversales. En premier lieu : placer l’humain au centre. Deuxièmement : associer la créativité des femmes : créatrices, intellectuelles, scientifiques et entrepreneuses. Enfin, décloisonner les arts. Ces trois priorités ont forgé l’esprit et les valeurs d’humanisme de Marie-Françoise Jeanneau dont le
parcours mérite d’être rappelé.

In Memoriam. Marie-Françoise Jeanneau, femmes de lettres, spécialiste de poésie

Marie-Françoise Jeanneau, née à Cholet le 25 septembre 1927 et décédée le 22 octobre 2020 à Saint-Malo, est une femme de lettres, spécialiste du rôle d’incubation culturelle joué par la poésie. Elle a effectué de nombreux voyages en Afrique où ses enfants ont travaillé en expatriation.

Enseignante en lettres à Saint-Maloet au campus de Ker Lann à Bruz, elle fut une fidèle adhérente ainsi qu’un membre actif des Amis de la Tour du Vent, association malouine créée en 1987 pour perpétuer la démarche poétique de Théophile Briant, pendant presque 30 ans.

Elle a notamment fait partie du comité de rédaction de la revue Avel IX.

Elle y proposa de nombreux articles et fut responsable pendant des années de la rubrique Passage en revues, comme En marge de l’île : Vendredi ou les Limbes du Pacifique (dans Avel IX, n° 7, 1994, éd. Association des Amis de la Tour du Vent).

Elle a animé de nombreuses conférences (Milosz, Saint-Pol-Roux, Marie Noël). Elle est également l’auteur d’un passionnant ouvrage sur la poétesse Marie Noël, intitulé : De l’angoisse à la sérénité : un chemin de poésie.et autres publications comme une étude Les Amazones de la Chouannerie et Le Testament de Merlin dans Théophile Briant (1891-1956) Veilleur d’un Phare Éternel.

Le Salon Marie-Françoise Jeanneau accueille désormais des rencontres, dialogues cosmopolites et conférences aux Portes Cartier de Saint-Malo.