Comment la nature peut nous inspirer à bâtir de nouvelles opportunités ? Et être battant sur la reconquête technologique ? Une graine a été plantée il y a un demi-siècle lorsqu’un incendie monstrueux ravageait 3.000 hectares de forêt sur la Côte d’Azur.
« Il faut utiliser et investir massivement les innovations » : c’est l’ambition résumée par le sénateur français Pierre Laffitte lorsqu’il a fondé la technopole Sophia Antipolis sur les cendres d’une vaste forêt.
L’urgence selon lui ? La question environnementale, primordiale. Dans les écrits et témoignages qu’il a pu laisser, il renouvelait en permanence sa foi en l’intelligence collective et les technologies qui aimantent les flux, qu’ils soient d’individus, d’idées ou de projets. Le frôlement de ces flux démultiplie les possibles, la rupture et l’innovation naissent de là.
Sophia Antipolis, la future « ville aux 20.000 chercheurs » est née sur les terres brûlées par un incendie de taille. Son fondateur Pierre Laffitte l’annonçait dès la genèse du projet : sur la forêt dévastée se dressera bientôt un phénix. Ce qui est très difficile à faire comprendre, ce sont les investissements immatériels. Le nom Sophia Antipolis n’a en rien été choisi au hasard : Antipolis désigne en grec la richesse agraire hors-de-la-ville, l’idée même qu’il est possible de créer et d’inventer à l’extérieur de la ville et des grands centres urbains, d’aller au cœur des campagnes et des terroirs. Et Sophia se veut insister en grec sur l’aptitude à la sagesse. Le pari réussi il y a un demi-siècle aux portes de Nice doit encourager l’écosystème africain de l’innovation : de la technopole de Ouassa Babouté à l’École polytechnique de Yaoundé à développer des coopérations liées à l’entrepreneuriat technologique à l’image de celles déjà existantes avec la Suisse et Israël.
Les pays membres de l’Union européenne peuvent apporter de nouvelles contributions dans ce domaine. Sous quelle forme ? Aider à penser dès le départ : éco-conception, puis éco construction et plus largement économie circulaire. Si l’on associe aussi la thématique : « Design & Additive Manufacturing », il s’agit de nouvelles manières de concevoir et de produire. Il serait possible de citer à cet égard de nombreux exemples de cas inspirants comme : Sorbonne Plage, les travaux de la biologiste Lucie Randoin, l’expérience de Théophile Lognoné, fondateur des industries Probiomer ou encore celle de Benoist Lognoné, spécialiste de l’huile de lin et de l’oméga 3.
De nombreux projets prennent corps en Afrique pour explorer le champ des possibles en pariant sur l’entrepreneuriat technologique dans l’agro-foresterie, les sciences du vivant et la nutrition-santé. Les extractibles végétaux et forestiers connaissent actuellement une effervescence à travers le monde. Les arbres ont développé au cours de leur évolution millénaire une capacité de résistance et d’immunité qui peut être très utile dans la fabrication de produits efficaces et bénéfiques pour l’homme. Au cours de la dernière décennie, la recherche sur les extractibles s’est fortement accrue de sorte que les connaissances concernant les essences, les molécules et leurs propriétés ont progressé et permettent de regarder avec plus de confiance les potentiels offerts par ces molécules… en ouvrant de nouveaux marchés nutraceutiques, pharmaceutiques et cosméceutiques où le Cameroun, entre Congo et Nigéria, pourrait être le chef de file. De quoi inspirer la technopole Camerounaise de Ouassa Babouté et ses 405 hectares où devraient jaillir des activités ciblées portent sur la production et la transformation de céréales, tubercules et plantains, fruits et légumes, huiles essentielles et aromatiques, lait et dérivés et le cacao entre autres.
La New Nature Economy peut offrir des opportunités de diversification remarquables pour l’Afrique centrale et démultiplier son positionnement privilégié au contact du premier marché transfrontalier des produits forestiers non-ligneux (PFNL) du continent : le Nigéria.