Des tambours sacrés de la Réunion aux arts philharmoniques, les pépites musicales vouées à la création, la diffusion et la médiation culturelle de l’Afrique et la zone Océan Indien peuvent inspirer de nouveaux projets artistiques en marge de la prochaine Exposition universelle d’Osaka au Japon et sa quête d’harmonie autour du thème : «Concevoir la société du futur, imaginez notre vie de demain».
Une île, un Monde étaient déjà réunis en 2010 à la Philharmonie de Paris pour reproduire avec les tambours malbar les grands rituels sacrés de la Réunion. Le plus répandu, le tapou, est un tambour sur cadre circulaire doté d’une membrane, tenu à l’épaule par une courroie et frappé avec deux baguettes. Ce tambour provient directement du sud de l’Inde, où un tambour similaire, le tappu, est encore aujourd’hui intégré aux rituels villageois. Aux côtés de ces ensembles de tapou, on trouve parfois le morlon, tambour cylindrique à deux membranes, frappé par un bâton dans la main droite et à main nue sur sa face gauche. Ainsi que le sati, tambour sur cuvette qui donne une couleur musicale particulière à l’accompagnement des cérémonies consistant à marcher dans le feu, pour lesquelles l’officiant principal se sert quant à lui d’un tambour à boules fouettantes en forme de sablier, appelé «bobine» ou encore ulké.
La vie près de la Mer, ses traditions et hybridations imaginaires des îles Salomon du Pacifique aux îles du Ponant ont inspiré tant les austronésiens des Mers du sud que la ville de Dol-de-Bretagne, cité au passé riche et prestigieux qui a conservé bien des secrets et mystères. Musiciens et horlogers d’art de père en fils depuis Théophile Joseph Lognoné (1869-1920) étaient des maîtres ancestraux du temps attachés dès la première génération à transmettre la passion de leur métier conjuguée à celle de la musique aux plus jeunes ainsi qu’aux compagnons réunis au sein d’un orchestre philharmonique fièrement campé sur la falaise de l’ancien rivage de la baie du Mont-Saint-Michel.
L’artiste plasticien Viçario a accepté de réécrire cette histoire pour la transmettre dans un voyage philharmonique qui associe le rythme de la musique et du temps. Né en 1950 à Paris, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Viçario expose, depuis 1978, en France (à Paris et en Bretagne) et à l’étranger. Son prochain projet au cœur de la thématique « Japonisme et philharmonie » entend s’appuyer sur un fil d’or indian-océanique à l’occasion de la prochaine Exposition universelle de 2025 prévue dans la baie d’Osaka au Japon autour de trois sous-thèmes : « Sauver des vies », « Inspirer des vies » et « Connecter des vies».
Rappelons que 2018 marquait le 160ème anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et la France. Cette année commémorait également le 150ème anniversaire du début de l’ère Meiji, moment où le Japon s’engageait sur la voie de la modernité et s’ouvrait à l’Occident en apprenant de lui. La rencontre entre le Japon et l’Occident au XIXème siècle mit l’Europe en effervescence avec le mouvement japonisme. Plus de 50 grands projets ont couvert en 2018 des thèmes allant de la tradition musicale du Gagaku qui perdure depuis plus de mille ans, aux arts martiaux en passant par la gastronomie japonaise, le théâtre contemporain, les arts numériques, les jeux vidéo ou encore la réalité virtuelle.
« Japonismes : des âmes en résonance avec les trois océans » peuvent de nouveau créer des ponts avec les Japonais qui entretiennent depuis des siècles une culture mettant l’accent sur l’esthétique de l’harmonie et le respect de la nature. Cette « résonance des âmes » permettra d’amorcer une nouvelle étape pour l’espace indian-océanique et le Japon faisant face aux défis de la communauté internationale du 21ème siècle.