La gouvernance d’entreprise est l’un des thèmes qui ont soulevé le plus de débats en matière de management durant ces dernières années dans le monde des affaires, politique et académique. Cela est dû à la diversité des acteurs qui entrent en jeu (actionnaires, clients, dirigeants, bailleurs de fonds…) mais aussi à la multiplicité des thèmes soulevés, surtout la répartition des pouvoirs, le contrôle et la direction des entreprises.  

Gouvernance d’entreprise

Par Jacques Ohana Associé Audit dans un cabinet international

En effet, les scandales financiers (Wirecard, Enron, WorldCom, Vivendi ou autres) témoignent de différentes formes de problèmes d’imperfection des structures de gouvernance et rappellent fortement que les dirigeants ont toujours la possibilité et une imagination débordante pour faire apparaitre dans les comptes une situation propice d’asymétrie d’information. Avec les manipulations comptables, les comptes sociaux perdent ainsi leur fiabilité.

L’intervention d’un auditeur externe parait alors primordiale en vue d’assurer une crédibilité à l’information produite, et permettre aux utilisateurs de faire confiance aux données comptables communiquées.

C’est dans cette perspective que s’est accrue l’importance des moyens de contrôle interne afin de s’assurer d’une part de la fiabilité des informations financières communiquées aux partenaires de l’entreprise et d’autre part du degré d’atteinte des objectifs organisationnels et de permettre ainsi de corriger la trajectoire en cas d’importants écarts entre les buts fixés et les résultats réalisés, et par conséquent assurer une bonne performance.

Cette régularité et cette performance que l’on cherche de plus en plus, est appréciée à travers des états financiers annuels qui sont largement établis par les personnes même que l’on cherche à contrôler : les dirigeants de l’entreprise.

L’audit financier est alors apparu comme un moyen pertinent pour vérifier que l’activité de l’entreprise est fidèlement traduite dans les comptes annuels conformément aux référentiels comptables. Il répond ainsi au besoin de contrôle et donne les sécurités nécessaires à tous les partenaires de l’entreprise.

L’audit externe a pour objectif principal de garantir la fiabilité de l’information financière produite et diffusée par l’entité et de prévenir les fraudes et les détournements susceptibles de nuire à cette entité en premier lieu. La qualité de l’audit est habituellement appréhendée par la compétence et l’indépendance.

Mais qu’est-ce que la notion d’indépendance si importante pour la crédibilité de l’auditeur externe ?

L’indépendance de l’auditeur peut se traduire par sa capacité à effectuer un audit de manière autonome et intègre. Un certain nombre de facteurs sont susceptibles d’influencer l’indépendance de l’auditeur externe tels que notamment les conflits d’intérêts, le mode de rémunération, la dépendance financière, les situations d’auto-révision, l’immixtion dans la gestion.

C’est ainsi que, plusieurs pays ont légiféré sur les lois et règlements pour améliorer le cadre de travail de l’auditeur externe et garantir son niveau d’indépendance et d’éthique. 

Au Maroc notamment  la loi n° 15-89 du 08 janvier 1993 réglementant la profession d’expert-comptable et instituant un ordre des experts comptables, a introduit l’obligation légale d’indépendance de l’expert-comptable dans son article 16. Le principe de l’indépendance du commissaire aux comptes a été consacré ensuite par la loi 17-95 du 30 août 1996 relative à la société anonyme, et ce par l’institution des incompatibilités et interdictions (articles 161 et 162). Quant à la profession comptable et d’audit, elle a depuis longtemps été consciente de l’enjeu que constituait le défi de l’indépendance pour sa réputation et par là, la pérennité de sa mission.

Le rôle de l’audit comptable et financier apparait donc comme crucial dans l’assurance de la fiabilité de l’information financière et dans le but de sauvegarder l’intérêt général de ses différents utilisateurs.

Reste à savoir dans quelle mesure l’audit externe peut contribuer à la bonne gouvernance de l’entreprise.

Les procédures de contrôle interne et les comités spécialisés mis en place dans l’entreprise jouent un rôle primordial dans la réduction de l’asymétrie d’information dans  plusieurs domaines : rémunérations, recrutements, politiques d’investissement et choix stratégiques…

Mais, force est de souligner l’influence déterminante de l’audit sur le niveau de la réduction d’asymétrie d’information dans le domaine comptable et financier. En effet, l’auditeur externe ne se contente pas de certifier l’information financière mais il apprécie également l’environnement de contrôle qui contribue à produire cette information.

En effet, le contrôle interne, l’audit interne et les comités spécialisés constituent une assurance face aux pouvoirs étendus des dirigeants d’une part et un outil efficace pour réduire les comportements opportunistes des dirigeants d’autre part. La revue indépendante et objective du système de contrôle interne par l’auditeur externe constitue un contrôle supplémentaire permettant aux parties prenantes de mieux apprécier la bonne gouvernance de l’entreprise mais aussi de maintenir un haut niveau d’exigence en la matière.

De nos jours, les impacts de la mondialisation tels que la libéralisation de l’économie obligent les entreprises à conforter leur place dans l’échiquier économique. Cette situation, d’une part, exige une grande capacité de management de la part des dirigeants, pour anticiper les problèmes divers, et d’autre part, impose la nécessité de remettre en cause leur stratégie. Cette dernière doit être adaptée, en permanence, à l’environnement, qui est en perpétuel changement, pour pouvoir poursuivre le développement de leur société. La crise Covid en est une parfaite illustration.

La qualité des décisions des dirigeants dépend de la qualité de l’information circulant dans l’entreprise. Seul un audit confirme cette qualité d’information de gestion produite par l’entreprise, car selon sa définition, c’est un examen critique qui permet de vérifier les informations données par l’entreprise, d’apprécier les opérations qui ont eu lieu, ainsi que les systèmes mis en place pour les traduire.

En tant que garant de la bonne qualité de l’information financière, l’audit apparaît ainsi comme un élément essentiel du fonctionnement de la vie économique. L’audit constitue en définitive une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée.

Il aide ainsi cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systémique et méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle, et de gouvernement d’entreprise, et en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité.