La Fondation culturelle Théophile Lognoné a consacré un dialogue cosmopolite sur le thème des « borders studies » à l’occasion de la commémoration : 1023 – 2023 : Le Millénaire des débuts de reconstruction de l’abbatiale romane du Mont-Saint-Michel.

Diplomatie culturelle

Par Kevin Lognoné, analyste en capacités partenariales, managériales et d’innovation.

Les enjeux de restitution des biens culturels et leur réappropriation dans notre mémoire collective soulèvent de nouveaux défis innovants que le pavillon Arménie à l’exposition universelle de Dubaï a résumé autour de la vision EthnoTech. Cette approche qui entend concilier l’ethnographie avec les technologies de l’information et la communication fait l’objet de projets ambitieux sur le patrimoine européen et pourrait demain inspirer le patrimoine africain.

«Le Mont-Saint-Michel est pour la France ce que la grande pyramide est pour l’Egypte.» écrivait Victor Hugo. Il ajoute : «une pyramide merveilleuse dont chaque assise est un rocher énorme façonné par l’océan ou un haut habitacle sculpté par le Moyen Âge, et ce bloc monstrueux a pour base, tantôt un désert de sable comme Khéops, tantôt la mer comme le Ténériffe.»

Dans le cadre de la commission Kavadeen (qui signifie « découvertes ») de l’association des cadres bretons, un travail d’écriture et de réflexion a réuni des contributions à la croisée des innovations technologiques mais aussi spirituelles, en faveur de la renaissance « hors-les-murs » du Mont-Saint- Michel.

Dans l’architecture subtile des écosystèmes du futur, l’innovation numérique est sur toutes les lèvres. Mieux comprendre les mutations en cours pour s’adapter à la révolution digitale et apporter des réponses plausibles à la sauvegarde de notre patrimoine est le défi qui s’ouvre devant nous ! Aux portes de la Bretagne et de la Normandie, terres d’appartenance millénaire, la création de valeur a souvent puisé sa source dans deux forces apparemment contraires : l’enracinement et le mouvement. Les opposer, c’est mourir. Les conjuguer, c’est grandir. Grâce à cette alchimie, l’arbre des possibles place ses petits pieds dans les grands pas de caractéristiques humaines audacieuses.

Celles de Guillaume le conquérant, bâtisseur outre-Manche de fondements institutionnels toujours en éveil, à l’image de la Chambre des Lord qui récemment interrogeait notre capacité à engager le virage numérique, à travers son rapport «Make or break». Mais aussi l’esprit hors-du-commun d’Anne de Bretagne, contributrice de l’intégration de Léonard de Vinci à la cour de François Ier. La grande Duchesse avait choisi lors de son mariage de faire cadeau aux Français d’un édifice majestueux, dont l’architecture rassemble tous les symboles forts de son règne : le pouvoir avec la chancellerie, l’argent avec les maisons financières, l’innovation avec les créateurs de la Renaissance.

De 939, date de la victoire remportée par les Bretons sur les Vikings grâce à Alain Barbetorte (le « renard » en breton) à notre ère d’aujourd’hui … C’est l’occasion de participer à un nouveau millénaire numérique. La baie du Mont-Saint-Michel et son écrin maritime peuvent constituer une vitrine des nouvelles technologies en faveur de la sauvegarde de notre patrimoine. Et inspirer d’autres continents.