Maillon fort du processus de Transition, notamment dans le cadre de la stabilisation de l’économie guinéenne dans un contexte mondial de crises multiformes, le département des Finances versus CNRD a su pleinement jouer son rôle pour soutenir les efforts du Colonel Mamadi Doumbouya dans sa bataille pour la refondation. Entretien.

“Notre taux de croissance devrait se situer à 5,7% en 2023”

AFRIMAG : Quelles sont les principales réformes qui ont été engagées dans le cadre macroéconomique pour soutenir votre programme avec le FMI ?

Moussa Cissé : D’entrée, il faut noter que le dernier programme formel réalisé par la Guinée avec le FMI a pris fin en décembre 2020 avec une note de satisfaction. À date, bien que n’ayant pas de programme formel avec ce partenaire, notre département continue à avoir une bonne coopération avec le FMI, comme attesté par les différentes missions de cette institution en faveur de la Guinée (staff visit, missions au titre de l’article IV, missions d’assistance technique, etc.). Dans cette fructueuse coopération, d’importantes réformes ont été engagées par le Gouvernement visant à préserver la stabilité macroéconomique et à protéger les populations vulnérables tant sur le plan budgétaire que monétaire.

Au niveau des finances publiques, il faut noter entre autres : la réforme du Compte Unique du Trésor (CUT) à travers le nivellement quotidien de sept (7) Trésoreries Régionales sur 8 et le rapatriement des comptes de certains organismes (EPA) dans les livres de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) ; la réforme du système comptable intégré de l’Etat ; la réforme de la gestion de la trésorerie par la mise à disposition de l’outil de gestion par le FMI et adopté comme instrument de prévision et de gestion de la trésorerie ; la réforme de la production du Tableau des Operations Financières de l’Etat (TOFE) qui prend en compte les principes du Manuel de Statistiques des Finances Publiques (MSFP) 2014 du FMI ; la réforme du cadre de gouvernance des organismes publics à travers la poursuite de l’installation des organes de gouvernance (CA) pour une meilleure maitrise des risques budgétaires.

AFRIMAG : À quel niveau se trouve la Guinée en termes de taux d’inflation, de croissance et d’endettement vis-à-vis du Trésor ?

Moussa Cissé : L’économie guinéenne s’est montrée résiliente comme montré par les différents taux de croissance en dépit des effets négatifs de la Covid-19 et de l’impact de la crise ukrainienne. 

Le Ministre de l'Economie et des Finances en compagnie de son homologue des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté

Le Ministre de l’Economie et des Finances en compagnie de son homologue des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté

Concrètement les taux de croissance se sont situés respectivement à 4,4% en 2021 et à 4,7% en 2022 tirés principalement par la performance du secteur minier. En 2023, le taux de croissance devrait se situer à 5,7% basé sur le dynamisme du secteur minier. Dans ce contexte de turbulence mondiale, les autorités ont pu maitriser le taux d’inflation autour de 10% malgré l’augmentation des prix des produits alimentaires et de l’énergie, de par une gestion budgétaire prudente et la mise en œuvre d’une politique monétaire avisée. Ce même niveau est projeté pour l’année 2023.

Evidemment, dans une telle dynamique de gestion publique prudente, et en raison d’une amélioration de la mobilisation des ressources internes et de la disposition des DTS offerts par le FMI, le Trésor n’a pas eu à recourir à un endettement vis-à-vis de la BCRG.

AFRIMAG : Qu’en est-il de la couverture d’importation et du taux de change ?(BCRG)

Moussa Cissé : La couverture des importations en moyenne est de 3 mois et le taux de change s’est apprécié en 2022 et reste stable en raison de la disponibilité des DTS offerts par le FMI dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

AFRIMAG : La dette intérieure, principale souci des entreprises locales, a-t-elle été apurée à ce jour et à quel niveau se trouve-t-elle ?

Moussa Cissé : Le cumul des paiements au titre de la réduction d’arriérés de l’exercice 2021 se chiffrent au 30 novembre 2022 à 

2 584,05 milliards GNF sur un objectif annuel révisé de 2601 milliards GNF, soit 99% d’exécution.

AFRIMAG : Des entreprises se plaignent de nouvelles taxes ou de l’augmentation d’anciennes comme l’impôt minimum forfaitaire (IMF) qui passe de 0,5% à 3% ? Quel est à ce jour le taux de pression fiscale en Guinée ?

Moussa Cissé : Le taux de pression fiscale est projeté pour 2023 à 12,8% en raison de l’amélioration de la mobilisation et de la sécurisation des ressources internes (secteur minier, télécom, etc.), en faisant recours globalement aux outils de digitalisation pour le paiement des différents impôts

AFRIMAG : Peut-on aujourd’hui dire que la Guinée sous cette Transition est un bon exemple de rigueur en matière de gestion des finances publiques, auprès des institutions de Bretton Woods ?

Moussa Cissé : On peut le dire à en juger par le niveau de la coopération entre la Guinée et les deux institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Pour le FMI, la stabilité du cadre macroéconomique en Guinée, en dépit de l’existence des turbulences sur le plan économique mondial (baisse de croissance, hausse de l’inflation, endettement élevé, …) a renforcé la confiance et abouti à l’obtention auprès du FMI en décembre 2022 d’un montant 71 millions USD pour faire face à la crise alimentaire. Idem pour la Banque mondiale, à en juger par le nombre de projets et programmes financés par cette institution et le niveau du portefeuille autour de 1 milliard de dollars.