Premier pôle économique du Maroc d’où sort plus du tiers du PIB, la Région Casablanca-Settat est engagée dans un vaste programme d’investissement avec un focus sur les projets de mobilité et ceux liés au défi du stress hydrique.

Avec ses industries, sa place financière, ses banques et un socle solide d’infrastructures de mobilité, la Région consolide ses avantages concurrentiels et son positionnement de hub international.

AFRIMAG : Pour les hommes d’affaires en Afrique, la région que vous présidez, notamment la métropole de Casablanca, est le tracteur économique du Maroc. Qu’est-ce qui fait aujourd’hui son attractivité ?

Abdellatif Mâzouz : Casablanca présente de nombreux atouts et regorge d’importantes potentialités et opportunités qui s’appuient sur plusieurs éléments à commencer par la situation géographique du Royaume qui en fait un carrefour de brassage des cultures et de rencontres des civilisations.

Par ailleurs, grâce à ses infrastructures, routières, ferroviaires, portuaires, son mix énergétique et ses services logistiques ainsi que sa place financière (Casablanca Finance City), la Région Casablanca-Settat constitue un véritable Hub africain. Ses pôles universitaires et de formation professionnelle, ses installations sanitaires et ses structures d’accueil touristiques, ainsi que la présence de grandes entreprises de dimension internationale dans des secteurs aussi variés que l’alimentaire, la chimie, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables, etc. en font un des plus importants pôles d’emploi, de croissance et de création de richesses dans le Continent et au-delà, dans la zone MENA.

La métropole de Casablanca est aussi une importante plateforme d’évènements économiques de dimension internationale – salons de la mode, de l’automobile, de l’aéronautique, des industries électriques, du bâtiment, du cheval…), culturels (théâtre, musiques, et sportifs qui en font une destination récurrente pour les opérateurs économiques et les touristes.

AFRIMAG : Un nouveau pôle dynamique émerge dans les régions de Tanger-Tétouan Al Hoceima. Comment votre région compte-t-elle maintenir sa position face à cette concurrence ?

Abdellatif Mâzouz : La concurrence existe bel et bien entre les 12 régions du Royaume, et c’est tant mieux pour notre pays ! Vous savez, le pays a besoin de cette émulation en termes de participation à l’élan de développement et de l’édification d’un Maroc moderne et économiquement puissant sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.

Cette dynamique incite notre région à redoubler d’efforts afin de préserver son leadership national et continental. Notre Programme de Développement Régional (PDR) en est la principale expression «Casablanca-Settat : Région accélératrice du développement territorial inclusif et durable, sur les plans économique et humain.»

AFRIMAG : Aujourd’hui, les deux plus grands pôles économiques du Maroc sont reliés par un TGV. La distance a pratiquement été divisée par deux. Quel a été l’impact sur l’attractivité de votre région ?

Abdellatif Mâzouz : Comme vous le savez pertinemment, un corps respire mieux avec deux poumons qu’avec un seul ! Le train à grande vitesse aura été un formidable levier de l’aménagement du territoire. Il a permis de faciliter la mobilité entre Casablanca et Tanger ainsi que celle de Rabat-Salé-Kenitra, de décongestionner les routes et autoroutes et réduire drastiquement la pollution. Il faut surtout souligner son rôle crucial dans la complémentarité entre les entreprises des Régions dans le cadre de chaînes de valeurs sur lesquelles se positionne le Maroc.

AFRIMAG : Voilà un peu moins de deux ans que vous présidez aux destinées de la Région Casablanca-Settat. Quels sont les chantiers que vous avez concrétisés à ce jour ?

Abdellatif Mâzouz : Les chantiers prioritaires ont d’abord concerné l’eau et l’environnement. Le premier ayant un impact direct et immédiat sur la vie de nos concitoyens. En effet, la Région est fortement impliquée dans le projet d’interconnexion des bassins d’Oued Sebou et Oum Rabie (autoroute de l’eau), en cours de réalisation. En ce qui concerne les efforts de l’Etat pour réduire le stress hydrique, notre Région, à travers une convention passée avec Casa Baia, participe effectivement à la réalisation de stations de traitement et de réutilisation des eaux usées pour l’arrosage des espaces verts.

La Région Casablanca-Settat, à travers ses champs de compétences propres et partagées, s’est lancée dans la mise en œuvre de plusieurs travaux d’infrastructures, qui sont soit exécutés directement par ses organes ou en partenariat avec d’autres acteurs tels que la ville de Casablanca, les communes et provinces, les ministères, les universités, les institutionnels tels que CDG, ONCF, ou des fondations et ONG œuvrant dans les domaines de la promotion de l’emploi, de l’animation culturelle, de l’encadrement des jeunes ou des femmes.

Abdellatif Mâzouz

Dans le domaine de l’environnement, en plus de la mise en place de stations supplémentaires pour la mesure de la qualité de l’air, la Région a lancé une étude d’envergure pour le schéma directeur concernant les déchets inertes, dont les conclusions sont en cours de mise en œuvre par la Ville de Casablanca avec un fort impact attendu sur l’environnement.

Nous sommes aussi engagés aux côtés de la ville de Casablanca pour la construction d’une unité de traitement et de valorisation des déchets de nouvelle génération, en remplacement des décharges actuelles. Le but est d’arriver à des niveaux très élevés de valorisation, à travers un écosystème basé sur la circularité et le strict minimum possible de rejets.

La question de l’emploi a été aussi placée dans nos priorités à travers la mise en place d’une Société de développement régional (SDR) dédiée à la mobilisation du foncier et son aménagement pour le mettre à disposition des opérateurs économiques, à des prix très accessibles, via la formule de location dans des zones d’activités économiques de proximité. Le projet Ahl Loghlam, étalé sur 10 ha en plein Casablanca, destiné à une centaine de PME, capables de générer près de 5.000 emplois dans l’industrie du cuir, constitue une première déclinaison de ce programme.

AFRIMAG : Quels sont les grands travaux d’infrastructures en cours dans la Région ?

Abdellatif Mâzouz : La Région Casablanca-Settat, à travers ses champs de compétences propres et partagées, s’est lancée dans la mise en œuvre de plusieurs travaux d’infrastructures, qui sont soit exécutés directement par ses organes ou en partenariat avec d’autres acteurs tels que la ville de Casablanca, les communes et provinces, les ministères, les universités, les institutionnels tels que CDG, ONCF, ou des fondations et ONG œuvrant dans les domaines de la promotion de l’emploi, de l’animation culturelle, de l’encadrement des jeunes ou des femmes.

Dans ce cadre, des actions spécifiques ont ciblé prioritairement le monde rural. Sans être exhaustif, je citerai l’alimentation en eau potable, l’assainissement et le traitement des eaux usées, le désenclavement par la réalisation des routes, la mise à niveau et l’équipement des établissements scolaires et la fourniture de véhicules de transport scolaire. Nous avons également tenu à multiplier des activités génératrices de revenus en parfaite harmonie avec l’INDH afin de toucher immédiatement le vécu des populations, des jeunes et des femmes, notamment.

AFRIMAG : La mobilisation de fonds est un vrai casse-tête pour les régions d’une manière générale. Il est même question de chercher à lever des fonds à l’international. Qu’en est-il de la région Casablanca-Settat sur ce volet ?

Abdellatif Mâzouz : Effectivement, les Conseils régionaux sont devenus le premier recours des communes de leur territoire pour le financement de leurs projets. La mobilisation des financements est une préoccupation majeure pour les Régions dans la mesure où la mise en œuvre du PDR (Plan de développement régional), et par conséquent l’amélioration des indicateurs de développement de la Région dans ses domaines de compétence, nécessite des financements conséquents, que les seules ressources prévues par la loi ne suffisent pas. Par ce biais, nous arrivons à collecter près de 1,4 milliard de dirhams. Ces ressources, aussi conséquentes qu’elles puissent paraître, sont parfois insuffisantes face aux besoins structurels des territoires ; ce qui pousse les Régions à chercher des financements supplémentaires qui proviennent essentiellement des emprunts nationaux et internationaux. Nous faisons jouer l’effet de levier financier chaque fois que c’est possible, en explorant toutes les possibilités et essayons d’arbitrer pour les solutions les moins coûteuses et les plus adaptées à nos besoins.

En effet, notre Région est la 1ère collectivité territoriale du Continent à avoir contracté un prêt de 100 millions de dollars auprès de la Société Financière Internationale (Groupe Banque mondiale) sans la garantie de l’Etat. Ce prêt a été destiné au financement de la contribution de la Région à l’extension des lignes 3 & 4 du tramway de Casablanca et la construction de plus de 2.000 km de routes.

AFRIMAG : Le stress hydrique fait peser la menace d’une pénurie d’eau dans le Royaume. Quelle est la stratégie de la Région Casablanca-Settat pour faire face à ce phénomène ?

Abdellatif Mâzouz : Les sècheresses vécues ces dernières années sont les plus sévères depuis les trois dernières décennies. Les taux de remplissage des barrages deviennent de plus en plus inquiétants, alors que le plus grand ouvrage hydraulique de la Région, Barrage Al Massira, est rempli à moins de 5%.

Vu la densité de sa population, notre Région est bien en situation de stress hydrique prononcé. Aussi, c’est l’une des principales bénéficiaires du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (2020-2027), lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.

Le Conseil régional Casablanca-Settat en fait une priorité absolue, en veillant à éviter le risque de compromettre la satisfaction des besoins quotidiens des citoyens en termes d’accès à l’eau potable.

Pour faire face à cette problématique d’eau dans toutes ces dimensions, la Région a initié et participé à plusieurs projets concrets, programmés ou en cours de réalisation. On peut en citer les principaux : la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation, l’industrie et l’arrosage des espaces verts (exemples : station d’Azemmour avec un montant du projet de 142 000 000 et un débit de 7500 m3/j. Un autre exemple est celui des cinq stations à l’intérieur du périmètre urbain du Grand Casablanca (Casa Baia).

Le deuxième grand projet concerne la construction des stations de dessalement de l’eau de mer. La première a été réalisée par le groupe OCP et permettra de couvrir 100% des besoins en eau potable de la ville d’El Jadida. Je tiens ici à les en remercier par la même occasion. Une méga station est en cours de lancement avec l’objectif de démarrer par un débit de 200 millions de mètres cubes par année et de passer par la suite à 300 millions. D’autres unités de dessalement et de déminéralisation des eaux, de moyennes et petites tailles, sont à l’étude par les autorités compétentes.

Je retiendrai aussi les projets d’alimentation en eau potable dans le monde rural : 550 millions de dirhams ont été programmés pour les 3 prochaines années, dont 350 financés par le ministère de l’Intérieur et 200 par la Région, pour élargir et améliorer l’alimentation en eau potable des populations rurales.

Enfin, le projet d’interconnexion entre les bassins hydrauliques de Sebou excédentaire et Bouregreg désormais déficitaire, afin de garantir l’alimentation en eau potable de la zone nord de Casablanca. Il y a également lieu de citer la contribution dans plusieurs partenariats relatifs au renforcement des dispositifs de mesure et de contrôle de la pollution et suivi des nappes phréatiques afin d’assurer la préservation de la ressource souterraine sur les bassins hydraulique Oum Rbiaa et Bouregreg Chaouia.

AFRIMAG : Quelles relations de coopération entretenez-vous avec d’autres régions sur le Continent ?

Abdellatif Mâzouz : Depuis près d’une année, notre Conseil cherche à booster la coopération décentralisée «Sud-Sud». À titre d’exemple, à l’occasion de l’organisation du Forum des Régions d’Afrique à Saidia, au Maroc, en septembre 2022, j’ai multiplié les rencontres et discussions avec mes pairs africains en vue de développer nos partenariats.

D’ailleurs, nous sommes actuellement en pourparlers pour consolider les axes de coopération que l’on entend développer, notamment avec des Régions de Côte d’Ivoire, du Mali, du Cameroun et du Nigéria, avant d’étendre cette coopération à d’autres.

En ce qui concerne le Cameroun, nous avons tenu une séance de travail, en mai dernier, durant laquelle nous avons exploré les pistes de partenariat dans divers domaines d’intérêt commun, notamment les industries du cuir et du bois.

Le partenariat «Sud-Sud» est aussi à l’honneur aux travaux de l’Association internationale des régions francophones (AIRF). Notre Région y œuvre pour consolider les échanges dans une logique gagnant-gagnant au profit des Régions africaines.

De même, la Région Casablanca-Settat vient de donner le kick-off du projet TNTS «Territoires Numériques en Transition», sur trois ans, en partenariat avec La Région Île-de-France, le Département de Rufisque au Sénégal, le District autonome d’Abidjan et la Commune urbaine d’Antananarivo, dont l’objectif est de renforcer leur transformation numérique.

Enfin, nous travaillons dans le cadre d’un partenariat avec Maroc Numeric Cluster et Cap Digital, pour organiser une nouvelle édition de Futur.e.s in Africa en automne prochain, dédiée aux enjeux des territoires durables et inclusifs sur le continent africain. À cette occasion, je vous invite à venir y découvrir des solutions innovantes au service de nos territoires et de nos concitoyens dans divers domaines.

 

Premier pôle économique du Royaume

D’après les statistiques du Haut-commissariat au Plan (ndlr : l’Institut national des statistiques), la Région Casablanca-Settat abrite 21% des ménages au niveau national, 47,7% de la population active, 60% de l’industrie du pays, 35,5% du commerce national et émet 47% des exportations du Maroc.

La place financière de Casablanca

Selon le découpage territorial du Maroc, la Région Casablanca-Settat désigne Casablanca comme le Chef-lieu de la Région qui englobe neuf provinces et préfectures, à savoir : Casablanca, Mohammedia, El Jadida, Nouaceur, Médiouna, Benslimane, Berrechid, Settat et Sidi Bennour. Elle compte 154 communes dont 29 urbaines et 125 rurales, abritant plus de 7 millions d’habitants et s’étalant sur plus de 19.000 km² et quelque 250 km linéaires de côte.

D’après les statistiques du Haut-commissariat au Plan (ndlr : l’Institut national des statistiques), la Région Casablanca-Settat abrite 21% des ménages au niveau national, 47,7% de la population active, 60% de l’industrie du pays, 35,5% du commerce national et émet 47% des exportations du Maroc.

Cette région est de loin, le premier pôle économique en concentrant 57% des investissements, 69 % des échanges commerciaux, 40% du trafic aérien et 40% du réseau routier. C’est surtout, le premier bassin de consommation et d’emploi au Maroc.

 

Infrastructures

Un impressionnant portefeuille de projets

 

Le Réseau routier classé en partenariat avec le ministère de l’Equipement et de l’Eau et d’autres partenaires dans plusieurs provinces relevant du territoire de la Région (Settat, Mohammedia, Benslimane …) ; plus de 5 milliards de dirhams sont programmés pour les cinq prochaines années ;

– La création de la liaison directe en prolongeant la route de Taddart jusqu’à l’aéroport Mohammed V ;

– Le triplement de l’autoroute Casablanca-Berrechid ;

– La restructuration de la Ville de Khmis Zemamra intégrant des activités pour les jeunes ;

– La mise à niveau des zones industrielles de Ain Sbaa et Bernousssi, etc. ;

– La création de zones d’activité pour abriter et structurer les entreprises informelles ;

– La mise en place des infrastructures de protection contre les inondations.