Comportement des clients, nouvelles technologies de réunion, contrainte écologique… Les compagnies aériennes africaines ne semblent pas avoir le choix : elles doivent s’adapter à un environnement en mutation.
Après deux années de crise liée à la Covid-19, les comptes des compagnies aériennes africaines sont dans le rouge. Celles qui avaient des réserves de liquidités les ont brûlées ces deux dernières années. Hormis Ethiopian Airlines, toutes les compagnies aériennes africaines ont beaucoup de peine actuellement à équilibrer leurs comptes et encore moins à dégager un profit significatif.
Aujourd’hui, la plupart des gouvernements des pays africains préfèrent injecter des sommes folles dans leurs compagnies, les tenant ainsi sous perfusion, plutôt que d’entamer des réformes structurelles. Certaines compagnies survivent avec des fonds étatiques, mais risquent de disparaître tant leur modèle économique à court terme est voué à l’échec. Et pas que. De nombreux Etats du continent limitent également leurs espaces aériens pour soutenir leurs compagnies publiques. C’est pourquoi il est tellement difficile pour les compagnies aériennes privées de réussir en Afrique. Le manque de liberté dans l’aviation africaine coûte des millions d’emplois au continent, et des milliards de dollars sont perdus chaque année en investissements.
L’Open Sky, source de concurrence saine
La déréglementation permettrait d’accroître la concurrence et offrirait une meilleure connectivité, ce qui réduirait les coûts de transports et fluidifierait les échanges commerciaux. En Europe, c’est par exemple la dérèglementation dite «Ciel ouvert» (Open Sky) qui, en 1997, a permis à Ryanair de compéter librement, ce qui a permis d’offrir aux consommateurs des prix bas, facilitant la libre circulation. Aujourd’hui, un voyageur européen dispose d’un large éventail de choix.
Malgré leur fragilité, les compagnies africaines, déjà sous la pression des ONG environnementales avant la crise, vont devoir tenir leurs engagements de réduction de leurs émissions de CO2 de moitié en 2050 par rapport à 2005.
Alors que les trafics passagers reprennent des couleurs sur la planète, l’aviation verte monopolise plus que jamais les débats en interne.
En octobre 2021, les compagnies aériennes du monde entier s’étaient engagées à atteindre «Zéro émission nette de CO2» d’ici à 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique, lors de l’assemblée générale de l’Association du transport aérien international (Iata).
Cet objectif «audacieux» est aussi une «nécessité», qui va «assurer la liberté de voler des générations futures», avait argumenté le Directeur général de l’Iata, Willie Walsh, face aux dirigeants du secteur. Le secteur aérien sera-t-il capable d’assurer l’arrêt total de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 ? Bio-carburants, hydrogène, neutralité carbone… En Afrique, les débats autour de l’impact environnemental de l’aérien crispent plus que jamais le secteur. Et chacun y va de son point de vue. Pour Willie Walsh, le secteur atteindra l’objectif de nullité carbone qu’il s’est fixé pour l’horizon 2050 à 65 % par l’utilisation de carburant durable, à 19 % par des compensations et, à terme, par la capture du carbone, à 13 % par les techniques de propulsion à l’hydrogène et à l’électricité que les constructeurs se sont engagés à fournir d’ici à 2035 et à 3 % en renforçant l’efficacité de leurs opérations.
Les compagnies aériennes africaines vont également devoir s’adapter aux nouvelles tendances sociétales issues du confinement et notamment l’usage des moyens de conférence à distance qui pourraient empiéter durablement sur le segment très rémunérateur des voyages d’affaires.
Dans cet environnement en mutation qui digitalise, elles se doivent également tenir compte des comportements et les attentes des passagers qui ne cessent d’évoluer. Pour permettre de mieux cibler les besoins et attentes des consommateurs, l’industrie du transport aérien doit s’adapter à l’évolution des technologies afin de mieux cibler leur clientèle. De nouvelles méthodes de collecte de données clients et l’intelligence artificielle commencent à être utilisées par certaines compagnies pour leur permettre de modifier leur offre de manière à garantir les revenus et la fidélité de leurs clients.