Le parti de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé vendredi 5 mai à Abidjan la création d’un organe de lutte contre la fraude électorale, quatre mois avant les élections régionales et municipales et deux ans avant la présidentielle.
« La fraude électorale est devenue si banale, qu’elle apparaît chez certains comme étant un mode normal de fonctionnement », a déclaré celle qui doit diriger le nouvel organe, Habiba Touré, une avocate et ancienne cheffe de cabinet de M. Gbagbo.
« C’est après avoir fait cet amer constat, que vous avez décidé, monsieur le président, de créer Safe », les Sentinelles antifraude électorale, a-t-elle ajouté devant M. Gbagbo qui a assisté à sa présentation.
La « mission » du dispositif sera de « surveiller, détecter » et « dénoncer » les « irrégularités constatées dans le processus électoral », a précisé l’avocate, au cours d’un meeting du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo.
Appuyées par un bureau central d’une quinzaine de personnes, « des sentinelles » dans « nos régions et nos communes » seront « nos yeux et nos oreilles », a-t-elle ajouté.
« Une ligne téléphonique », « un site internet, une page Facebook et un numéro WhatsApp » seront « mis à la disposition de tous », a-t-elle annoncé, décrivant Safe comme le « porte-voix du peuple ».
« Nous n’avons pas vocation à nous substituer à la Commission électorale indépendante (CEI). Nous n’intervenons pas dans l’organisation du processus électoral », a-t-elle souligné.
Pour Mme Touré, « les élections en Afrique et en particulier ici, en Côte d’Ivoire, sont souvent synonymes de tensions, de crise, voire même de guerre ».
« Les contentieux, pré et postélectoraux aboutissent presque toujours à des crises politiques », qui mettent « à mal la cohésion nationale », a-t-elle affirmé.
Laurent Gbagbo a, de son côté, mentionné les violences survenues pendant la présidentielle de 2010 – qu’il a perdue face à l’actuel président Alassane Ouattara et dont il a contesté les résultats -, suivie d’une crise post-électorale ayant fait environ 3.000 morts.
« C’est vrai qu’en 2010 » dans le nord de la Côte d’Ivoire, « ça a été même grossier ce qu’ils (les partisans de M. Ouattara) ont fait. Poursuivre des femmes, sortir les gens d’un bureau de vote », a-t-il affirmé.
Avec AFP