Le Roi Mohammed VI a fait de l’Afrique un axe stratégique de sa politique étrangère, en matière de développement et de coopération économique et humaine. Invisibles sur la carte du business africain au début des années 2000, les entreprises marocaines ont suivi la mouvance.

«L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique», disait le Roi Mohammed VI en 2014 dans un discours prononcé à l’occasion du Forum économique marocco-ivoirien à Abidjan. Sept ans plus tard, l’Union africaine a mis en œuvre officiellement la première phase de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), comme application de l’un des objectifs stratégiques de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Un signe concret de la cristallisation de cette confiance à laquelle a appelé le Roi du Maroc et qu’il applique soigneusement dans ses relations avec le Continent.

De fait, l’histoire économique marocco-africaine moderne n’a pas commencé en 2014. Depuis son accession au trône, le Roi Mohammed VI a fait de l’Afrique un axe stratégique de sa politique étrangère, en matière de développement et de coopération économique et humaine. Cette approche s’est même inscrite dans la nouvelle constitution de 2011 par laquelle le Maroc s’engage à «consolider les relations de coopération et de solidarité avec les peuples et les pays d’Afrique, notamment les pays subsahariens et du Sahel.»

Cette orientation s’est traduite institutionnellement par le retour effectif du Royaume chérifien au sein de l’Union africaine en 2017. Un retour qui fût émotionnel pour les Marocains et leur Roi mais aussi prometteur avec une participation active du Maroc aux travaux et aux organes de l’institution panafricaine.

Cette orientation africaine du Maroc a récemment été consolidée par le dévoilement par le chef de l’Etat en 2023 de son agenda pour la façade atlantique du Continent, que Mohammed VI souhaite contribuer à développer afin de créer un axe transatlantique rénové. L’objectif clairement affiché par cette démarche étant de poursuivre la dynamique de diversification des alliances et des débouchés pour la grande région ouest-africaine. Concrètement, de nombreux projets sont venus donner corps à cet engagement continental. Outre le travail à l’efficience des instances dirigeantes de l’Union, la signature de centaines d’accords de partenariat avec de nombreux pays est venue concrétiser cette nouvelle orientation. Cela comprend la consolidation de la présence des grandes banques marocaines dans plus d’une vingtaine de pays africains, le lancement des projets industriels et agricoles de l’OCP en Éthiopie, au Ghana et au Nigéria ainsi que la contribution des entreprises marocaines à des méga projets d’infrastructure, dont l’assainissement de la lagune d’Abidjan, son pont Cocody-Plateau, sont autant de signes tangibles que le Maroc assume définitivement sa volonté de faire de l’Afrique son espace économique vital et le fer de lance de sa stratégie d’internationalisation. De quoi expliquer comment le Maroc est devenu aujourd’hui un des tout premiers investisseurs africains en Afrique.

OCP AFRICA

Mostafa Terrab, Président du groupe OCP

Mostafa Terrab, Président du groupe OCP

Le Groupe OCP s’est doté en décembre 2015 d’une filiale dédiée au continent: OCP AFRICA. Cette dernière a pour mission de contribuer à une agriculture africaine «créatrice de valeur.»

Basé au Maroc, OCP AFRICA est présent dans 18 pays à travers 12 filiales. Ses employés représentent 17 nationalités différentes. Cette filiale du Groupe OCP est une société africaine diversifiée et multiculturelle qui travaille main dans la main avec les agriculteurs, les gouvernements et les partenaires du continent.

Avec son taux de présence significatif, OCP AFRICA se développe en Afrique par voie d’investissement et de participation active dans des domaines de développement divers. Il s’inscrit dans cette vision en développant des solutions adaptées afin de transformer durablement les écosystèmes agricoles en étroite collaboration avec les parties prenantes des chaînes de valeur et en particulier avec les petits fermiers. La politique d’ouverture du Royaume sur l’Afrique a depuis longtemps fortifié la présence active d’OCP AFRICA dans plusieurs pays du Sud qui restent une destination favorisée des investissements de cet établissement. L’approche stratégique prônée par OCP AFRICA baptisée « Green Africa » pour l’horizon 2025 s’articule autour du développement des formules d’engrais les plus efficaces et les plus adaptées aux besoins des sols et des plantes, devant maximiser les rendements et les revenus des fermiers, tout en tenant en compte des considérations environnementale, et autour des initiatives de développement centrées sur le petit fermier, la digitalisation, la Recherche et le Développement.

Le partage du savoir-faire demeure une opération indispensable afin de créer une nouvelle dynamique et d’améliorer significativement le volume des investissements de l’OCP, particulièrement dans les 14 pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, Bénin, République Démocratique du Congo, Angola, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, Kenya, Ghana, Éthiopie et Nigeria). Plusieurs de ces pays sont francophones. OCP ne construit pas seulement des usines d’engrais destinées à alimenter le marché local mais il initie également les petits agriculteurs et autres coopératives ciblées aux bonnes pratiques. Au total, plusieurs centaines de milliers d’agriculteurs auraient déjà bénéficié des projets initiés par OCP AFRICA.

Grâce à des initiatives comme Agribooster, OCP School Lab ou encore Farm & Fortune Hub, OCP AFRICA a impacté plus d’1 million et demi de fermiers sur le continent, avec des niveaux de rendements atteignant +40 %.

SOMAGEC

Roger Sahyoun Président du Groupe SOMAGEC

Roger Sahyoun Président du Groupe SOMAGEC

Leader des infrastructures portuaires et maritimes au Maroc, la Société Maghrébine de Génie Civil (SOMAGEC) compte à son actif la construction de la plupart des ports au Maroc. Dakhla Atlantique (actuellement en chantier), Port de Tanger Med II, projet d’aménagement de la Lagune de Marchica, à Nador, la Marina de Casablanca, la Station balnéaire de Mazagan, le Port militaire de Ksar Sghir, le Parc Éolien de Tarfaya…, l’entreprise est tout simplement impliquée dans les plus grands chantiers du Royaume. Ce n’est pas un hasard si elle a été l’une des premières entreprises marocaines à miser sur le marché africain, qui présente d’importants relais de croissance.

C’est en 2005 que Roger Sahyoun a créé une filiale en Guinée Equatoriale, SOMAGEC GE. Elle devient un acteur incontournable du développement dans ce pays de l’Afrique Centrale. Avec plus de 2500 employés, elle compte à son actif plusieurs grands projets: réalisation d’un réseau d’eau potable à Bata, construction du port en eau profonde de Malabo, Port de Kogo et Annobon.

Il faut dire qu’avant la création de la filiale équato-guinéenne, la maison-mère avait remporté une année plutôt l’appel d’offres pour l’extension du Port de Dakar. Et c’est dans cette foulée que Roger Sahyoun s’est lancé dans l’aventure équato-guinéenne.

Depuis l’expérience sénégalaise, SOMAGEC a trouvé des débouchés en Mauritanie, au Bénin, Djibouti…

Le groupe Riad Sahyoun Holding est également présent dans la production d’équipements pour camions. Sa filiale spécialisée dans ce créneau, Mecomar, occupe la première place sur le marché. Ses principaux clients ? La presque totalité des administrations, offices, villes, municipalités et communes du Maroc. Cette filiale est présente en Afrique. Principaux marchés à l’export : Mauritanie, Sénégal, Egypte, Tunisie, Guinée Equatoriale, etc.

JESA

Abdelilah Bouzian, Directeur général de JESA

Abdelilah Bouzian, Directeur général de JESA

JESA est le fournisseur de solutions leader en Afrique, offrant des services de conception, d’ingénierie, de livraison de projets et de gestion d’actifs. De plus, c’est le leader mondial dans l’ingénierie des phosphates avec sa filiale JESA Technologies basée en Floride, aux États-Unis. JESA offre une valeur supérieure aux clients avec des solutions de bout en bout, innovantes et durables pour l’avancement industriel et urbain.

Créée en 2010, JESA est soutenue par ses deux actionnaires leaders mondiaux dans leurs domaines respectifs : le Groupe OCP, leader mondial sur le marché des phosphates et de ses dérivés, et Worley, un des leaders mondiaux dans l’ingénierie.

En tant que l’un des plus grands fournisseurs de solutions au Maroc et en Afrique, couvrant les mines, l’industrie, le développement urbain et les infrastructures, JESA développe des solutions personnalisées grâce à des partenariats gagnant-gagnant, des capacités et des écosystèmes locaux, et en partageant le savoir-faire.

En effet, le groupe compte à son actif une panoplie de contrats conclus dans plusieurs pays africains, où JESA accompagne ses clients sur l’ensemble du cycle de vie du projet, de la conception, en passant par les études, la réalisation, l’exploitation, la maintenance, et jusqu’à la fin de vie du projet. JESA est présente en Afrique avec ses bureaux sur le continent, notamment au Maroc, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Bénin et au Sénégal.

Aujourd’hui, JESA est considérée comme une référence africaine de l’ingénierie et des services industriels. Le groupe, qui compte près de 4500 collaborateurs, est une ressource clé et un catalyseur pour la prestation de services professionnels de classe mondiale au Maroc et en Afrique.

ONHYM

Amina Benkhadra, Présidente de l'ONHYM

Amina Benkhadra, Présidente de l’ONHYM

Lancé au cours d’une visite officielle de S.M le Roi Mohammed VI à Abuja en décembre 2016, le futur Gazoduc devant relier le Maroc au Nigéria, est sans doute le projet ouest-africain le plus ambitieux jamais annoncé. Au-delà, il constitue également un signe supplémentaire de la «stratégie africaine» du Maroc, qui se rapproche de plus en plus de la partie anglophone du Continent. C’est exactement le 10 juin 2018, lors d’une visite au Maroc du Président du Nigeria d’alors, Muhammadu Buhari, que l’accord de coopération pour ce mégaprojet de gazoduc passant par la façade atlantique de l’Afrique de l’Ouest, a été signé. Depuis, ce projet de gazoduc géant qui doit relier le Maroc au Nigeria par la façade atlantique pour alimenter l’Europe en gaz s’accélère. Cette année 2024 sera décisive pour le projet qui progresse selon le plan établi. En prime, le lancement des appels d’offres EPC (Engineering Procurement and Construction) est très proche.

Il faut dire que le projet du gazoduc africain Atlantique, piloté par l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM) et la Nigerian National Petrolium Company (NNPC), a enregistré des avancées majeures, avec notamment la finalisation de son étude d’avant-projet détaillé (Front-End Engineering Design – FEED) et le démarrage des activités de veille et des études environnementales sur le terrain. La finalisation des packages EPC, pour le lancement des appels d’offres pour la construction, est programmée pour fin 2024.

La décision finale d’Investissement (FID) pourra être prise l’année prochaine, lorsque le financement sera bouclé. Pour rappel, la réalisation de ce projet coûtera plus de 25 milliards de dollars. La décision d’investissement, comme dans tout projet de ce type, est prise une fois finalisés quatre streams essentiels : le stream technique, le stream financier, le stream commercial et le stream politique. Les travaux sont en cours en vue d’aboutir à la décision finale d’investissement en 2025.

Les négociations en vue de la signature d’un accord intergouvernemental (IGA), entre l’ensemble des pays partenaires, avancent également de manière satisfaisante. Ce mégaprojet stratégique, qui reliera l’Afrique à l’Europe, a donc franchi plusieurs étapes décisives. Les évaluations effectuées confirment la robustesse du projet. Les études de dimensionnement, de routing et d’analyse économique confirmant la viabilité économique du projet sont achevées avec la fin des études d’avant-projet détaillé. Le concept est robuste, le corridor est figé. Les études environnementales et de terrain, en cours de réalisation, visent à minimiser les impacts environnementaux et sociaux. Le plan de réalisation du projet prévoit aussi, en 2024, la mise en place de la société de projets qui sera en charge du financement, de la réalisation des travaux et de la gestion des opérations. Actuellement les discussions portent sur le capital de la société. Une fois achevé, le gazoduc Nigeria-Maroc permettra de fournir du gaz à l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest, et constituera également une nouvelle voie d’exportation vers l’Europe.

Africa Motors

Abdellah El Mouadden, Ex-Directeur général d'Africa Motors

Abdellah El Mouadden, Ex-Directeur général d’Africa Motors

Dernière-née des filiales Auto Hall, Africa Motors a été créée pour développer l’activité d’Auto Hall avec la Chine et plus particulièrement avec un de ses plus grands constructeurs Dongfeng. En effet, au vu de l’expérience d’Auto Hall dans le secteur du matériel roulant, Africa Motors a été choisie par Dongfeng pour les représenter au Maroc et dans plusieurs pays d’Afrique. L’accord concerne DFSK, producteur de véhicules chinois et Africa Motors, son distributeur exclusif au Maroc et dans plusieurs pays du continent africain. Cette convention signe une montée en puissance des deux partenaires. Avec à la clef un élargissement de la gamme à l’introduction des voitures pour particulier. Ce partenariat s’est concrétisé avec l’introduction dans le marché marocain d’une gamme de pick-up et d’une autre de mini véhicules dans le segment des Véhicules Utilitaires Légers.

BCP

Mohamed Karim Mounir, PDG du Groupe Banque Populaire

Mohamed Karim Mounir, PDG du Groupe Banque Populaire

Les premiers jalons du système Banque Populaire ont été mis en place au Maroc en 1926, soit bientôt un siècle. Cela en fait une banque historiquement marocaine. Toutefois, au gré de son développement hors de ses frontières, la Banque Populaire est devenue un groupe international, et surtout une banque panafricaine de la première heure. Le groupe Banque Populaire (GBP) n’a pas attendu en effet que l’Afrique subsaharienne soit présentée aujourd’hui comme une terre promise en matière d’affaires pour y être. Il est présent en Afrique depuis la fin des années 80 à travers ses filiales en Centrafrique et en République de Guinée : la Banque Populaire Maroco-Centrafricaine (BPMC) et la Banque Populaire Maroco-Guinéenne (BPMG).

L’ouverture de ces filiales fait suite à un protocole d’accord signé entre le Maroc et les autorités de ces deux pays pour soutenir les échanges commerciaux et contribuer à la promotion de la coopération Sud-Sud.

Avec la prise de contrôle du réseau Banque Atlantique en 2012, le groupe bancaire marocain a renforcé son ancrage continental en prenant pied simultanément dans 7 nouveaux pays, en l’occurrence Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Ce nombre est passé à huit en 2016 à la suite de l’ouverture d’une succursale en Guinée Bissau, permettant par la même occasion au groupe de couvrir tous les Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

En sus de ces présences, celles dans l’océan indien, à Madagascar et Maurice, ce nombre est passé à 17 à fin 2019, suite à l’acquisition des participations du groupe français Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) dans trois banques au Cameroun, au Congo et à Madagascar. L’objectif du GBP est de construire le premier groupe bancaire panafricain, solidaire et ancré localement. 

Porteur de valeurs de solidarité et d’innovation, le Groupe panafricain BCP est l’une des premières institutions bancaires du Maroc : premier collecteur de l’épargne et pilier du financement de l’économie. Il est présent dans 32 pays dans le monde, dont 18 en Afrique. Modèle de stabilité financière et de croissance internationale, le groupe BCP déploie ses activités notamment dans les espaces CEDEAO et CEMAC ainsi que dans la zone Océan Indien, via ses banques universelles, banque d’affaires, compagnies d’assurance et fintechs, renforçant ainsi son empreinte sur le continent.

Attijariwafa bank

Mohamed El Kettani, Président du Groupe Attijariwafa Bank

Mohamed El Kettani, Président du Groupe Attijariwafa Bank

Créée en 2004, à travers la fusion entre la Banque Commerciale du Maroc (1911) et Wafabank (1904), Attijariwafa bank est leader incontesté au Maroc et 6ème groupe bancaire en Afrique.

Attijariwafa bank est le premier groupe bancaire et financier du Maghreb et de l’UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest- africaine) et acteur de référence de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale). En plus de l’activité bancaire, le Groupe opère, à travers des filiales spécialisées, dans tous les métiers financiers : assurance, crédit immobilier, crédit à la consommation, leasing, gestion d’actifs, intermédiation boursière, conseil, location longue durée, factoring…

Attijariwafa bank opère dans 14 pays en Afrique (Egypte, Tunisie, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Côte-d’Ivoire, Togo, Niger, Bénin, Congo, Gabon et Cameroun) à travers des filiales bancaires contrôlées par la banque.

Attijariwafa bank est un acteur panafricain de référence ayant accéléré sa croissance en Afrique au cours des dernières années. Le Groupe dispose du réseau de distribution le plus dense en Afrique.

Article publié pour la première fois sur Afrimag