Mise à niveau de l’agriculture : Les petits «miracles» de Green 2000 en Afrique

Green 2000 est l’un des opérateurs israéliens de référence dans le domaine agricole avec une offre «clé en main» qui va de la planification à la mise en œuvre des projets agricoles. Active en Afrique depuis plusieurs années, la société pilote en Côte d’Ivoire, un réseau d’Unités autonomes d’exploitations où les petits agriculteurs implémentent les technologies les plus évoluées tout en améliorant leur capital-connaissances. Les domaines ciblés vont de variétés aux techniques de commercialisation. Les premiers résultats sont spectaculaires. Entretien exclusif avec Daniel Pihnassi, Directeur général de la filiale de Green 2000 en Côte d’Ivoire.

AFRIMAG : Quel est le premier bilan de la réalisation du projet ASTC piloté par votre société en Côte d’Ivoire ?

Daniel Pihnassi : La construction des projets en Côte d’Ivoire est achevée et les quatre ASTC sont déjà opérationnels. Dans chaque projet, à titre pilote, plusieurs dizaines de petits agriculteurs utilisent des technologies modernes d’irrigation et de culture (Unités Autonomes d’Exploitation – UAE), et deux projets éducatifs sont installés dans des écoles primaires. Evidemment, les communautés sont satisfaites des résultats impressionnants et des rendements nettement plus élevés. Il s’agit cependant d’un projet à long terme. Nous gagnons la confiance des agriculteurs dès les premières saisons de production. Les petits agriculteurs se manifestent souvent après des années de promesses non tenues.

Nous ne faisons pas de miracles ; nous changeons les méthodes de travail en formant les encadreurs locaux afin qu’ils assurent la formation des petits exploitants. C’est le seul moyen de garantir le transfert de connaissances vers les experts locaux et la pérennité des projets.

Un champs de maïs de Green 2000

Un champs de maïs de Green 2000

AFRIMAG : L’Angola apparaît comme un des pays-cible de votre entreprise. Quels sont les projets initiés dans ce pays et quelles sont vos ambitions sur ce marché ?

Daniel Pihnassi : Les projets en Angola figurent en effet parmi les premiers projets installés par Green2000 en Afrique immédiatement après la fin de la guerre civile, à l’époque de la période critique de pénurie de produits agricoles en Angola. Les projets que nous avons lancés sont toujours opérationnels sous une gestion locale. La décision concernant les pays dans lesquels nous opérons est liée, entre autres, au niveau d’intérêt du client (l’Etat), notamment en ce qui concerne sa volonté d’investir dans une infrastructure publique pour soutenir les petits exploitants agricoles.

Dans les grandes puissances agricoles, 3% de la
population sont employés dans l’agriculture. En
Afrique, c’est plus de la moitié de la population..

Dans les principaux exportateurs agricoles tels que l’Afrique du Sud, le Chili, l’Europe, les Etats-Unis, l’Australie et Israël, seuls 3 % de la population active produisent l’essentiel de la production agricole, y compris les exportations. Sur la plupart des marchés africains, la majeure partie de la population est directement impliquée dans l’agriculture. Pour les petits exploitants agricoles, le défi est principalement social et politique.

Un autre élément est le montage financier. Aujourd’hui, nous préférons nous présenter chez nos clients avec un montage financier attractif joint au projet. Bien que cela élargit le temps nécessaire jusqu’à la signature de l’accord avec le client, il permet de raccourcir le temps de mise en œuvre du projet et garantit à Green2000 de ne pas être entraîné dans des pertes inattendues dues à des difficultés de paiement.

AFRIMAG : Que change dans votre approche, la contrainte liée à la transition climatique ?

Daniel Pihnassi : L’ASTC améliore considérablement les connaissances et les services des agriculteurs. Grâce à l’ASTC, ils apprennent à utiliser de nouvelles variétés, la fertilisation, les méthodes de travail modernes, la mécanisation et à améliorer l’accès aux marchés pour garantir à la fois des rendements et une rentabilité plus élevées.

À l’ère des changements climatiques, les petits exploitants agricoles sont particulièrement sensibles et sont constamment menacés par les dommages dus à la sécheresse et aux catastrophes naturelles. Dans un tel contexte, les agriculteurs, en particulier les petits exploitants agricoles, ne peuvent guère continuer à compter uniquement sur l’agriculture pluviale ; il faut y ajouter l’agriculture irriguée et les cultures protégées. Le défi ne concerne pas seulement la quantité de pluie, mais aussi la répartition des pluies tout au long de la saison et la gestion des événements extrêmes. C’est pourquoi nous insistons sur le fait qu’une partie de l’activité des petits agriculteurs avec lesquels nous travaillons repose sur l’irrigation et les serres.

«A l’ère des changements climatiques, les petits
exploitants agricoles sont particulièrement sensibles
et sont constamment menacés par les dommages dus
à la sécheresse et aux catastrophes naturelles».

Green2000 a développé plusieurs modèles d’Unités Autonomes d’Exploitation – UAE permettant aux petits exploitants agricoles une meilleure diversification et une meilleure production tout au long de l’année. L’UAE propose une irrigation goutte à goutte et une culture sous serre utilisant l’énergie solaire. Dans le même temps, Green2000 a également développé des modèles d’UAE supplémentaires pour la production moderne de volaille, de poisson et de grandes cultures par les petits exploitants agricoles.

AFRIMAG : Envisagez-vous des partenariats avec des institutions de recherche agronomique en Afrique ? Si oui, en quoi consistent-ils exactement ?

Daniel Pihnassi : L’ASTC ouvre diverses possibilités de coopération, entre autres avec des centres de recherche et de développement. Les centres de R&D en Afrique acquièrent beaucoup de connaissances et d’expériences pouvant être utilisées par les petits exploitants agricoles. La principale difficulté réside dans l’intériorisation de ces connaissances principalement parce que les petits exploitants agricoles craignent les changements. L’ASTC est conçu pour transférer des connaissances sur les nouvelles variétés et technologies. Tout d’abord, des tests et démonstrations au sein de la parcelle de démonstration de l’ASTC, puis une internalisation progressive auprès des agriculteurs. Green2000 entretient également des relations à long terme avec les principaux centres de R&D en Israël et des experts agricoles du monde entier.