Le vol vertical et le déplacement de 4 à 5 passagers dans les airs n’est surtout pas une nouveauté. Les hélicoptères civils le font depuis des dizaines d’années. Les lignes régulières reliant les aéroports aux villes existent depuis 1970 avec la liaison entre l’aéroport JFK de New York et Manhattan en utilisant des hélicoptères Sikorski de 10 places adossés à la fameuse TWA.

Jean-Louis Baroux, Président du World Connect by APG

Jean-Louis Baroux, Président du World Connect by APG

En France même la liaison héliportée entre les deux grandes plateformes parisiennes : Charles de Gaulle et Orly l’héliport d’Issy les Moulineaux ou le quartier de la Défense a été organisée par la société Hélifrance et Air France au début des années 1980. Tout cela pour dire que le transport aérien de proximité n’est pas une nouveauté. Comment alors expliquer l’engouement montré par les Pouvoirs Publics pour les nouveaux EVTOLs (Electric Vertical TAKE OFF and Landing) engins ?

Car cet attrait pour ces nouveaux appareils existe bel et bien alors qu’aucun d’eux n’est encore en opération. C’est à qui annoncera les premières dessertes et les commandes les plus importantes. United Airlines et American Airlines ont dégainé les premiers avec, pour chacune des compagnies des commandes de plusieurs dizaines d’appareils auprès de constructeurs britanniques et américains. Les Français, pourtant souvent à la traine en ce qui concerne les innovations du transport aérien, annoncent les premières dessertes régulières avec des taxis aériens dès les prochains Jeux Olympiques qui se tiendront dans un an à Paris. La compagnie Archer Aviation annonce des liaisons entre l’aéroport de Chicago O’Hare et divers points de la capitale du Michigan dès 2025.

Le changement d’attitude des gouvernants, car ils sont les seuls à donner les autorisations d’exploitation, provient probablement des nouvelles possibilités proposées par la propulsion électrique. Cette dernière aura l’immense mérite d’être infiniment moins bruyante que celle utilisée actuellement, sans pour autant que les nouveaux EVTOLs soient réellement silencieux. Mais au moment où l’offensive écologique contre le transport aérien chargé de tous les maux de la planète devient de plus en plus prégnante, il est de bon ton de mettre en avant une nouvelle technologie censée résoudre les problèmes de la pollution planétaire. Curieusement on n’entend plus les plaintes contre les utilisateurs potentiels des EVTOLs, lesquels devront débourser les mêmes prix que ceux pratiqués par les hélicoptères actuels.

Ce nouveau mode de transport est destiné à de multiples utilisations : depuis le transport de passagers, jusqu’à un usage militaire en passant par la livraison de colis ou les surveillances des cultures et des infrastructures telles que les ponts ou les voies ferrées. Je retiens le transport de passagers. Les premières dessertes concernent, pour l’essentiel, les grandes agglomérations. Aux USA les distances entre les aéroports et les centres économiques des villes sont importantes et les possibilités de créer de points de posée, très nombreux. Pas étonnant alors que la société Archer Aviation ait pu trouver un partenariat avec United Airlines qui a commandé ferme plusieurs dizaines des EVTOLs produits par cette société et qui seront construits pat l’européen Stellantis, émanation du constructeur automobile français Peugeot. Il faut dire que tout au moins sur le papier, les performances sont impressionnantes : 5 sièges, un rayon d’action de 160 km et une vitesse de 240 km/h. Voilà quoi faire rêver.

Mais alors il y a une autre utilisation tout aussi intéressante, qui consiste à désenclaver les petites et moyennes villes dont beaucoup ne sont desservies ni par un train rapide, ni même par une autoroute. Rien qu’en France, 25 préfectures de départements et 50 sous-préfectures ne sont reliées ni au TGV ni à une autoroute. Jusqu’alors parler d’utiliser les hélicoptères pour fournir des liaisons performantes avec les aéroports les plus proches était totalement incongru. On vous opposait pêle-mêle le coût de l’opération, le bruit infernal des appareils et surtout le fait qu’une telle facilité serait réservée aux plus fortunés, et, en France, c’est très mal vu. Avec les nouveaux appareils le bruit sera certes bien inférieur mais les autres contraintes seront bien réelles, sauf que ce nouveau mode sera dans l’air du temps. Alors les maires des communes qui peinent à attirer des entrepreneurs, n’hésiteront peut-être plus à utiliser une partie de leur budget pour ce nouveau transport.

Il est curieux de constater qu’avec le formidable développement d’Internet, on peut amener des emplois de haut niveau dans les lieux les plus reculés, mais que leur liaison physique avec le reste du monde reste aussi compliquée. Il y a, en France seule, place pour une soixantaine de dessertes régulières de ce type, largement utiles pour faire vivre des petites agglomérations et les relier ainsi avec le monde entier. Ce qui est vrai en France l’est dans un très grand nombre de pays. Sous peu nous allons disposer de ces nouveaux appareils, espérons que l’on en fera bon usage.