La Guinée fait incontestablement partie désormais des grands pays miniers au monde. L’activité minière y a connu un essor considérable depuis quelques années. Dans le sillage de ce boom minier, la bauxite reste le premier produit d’exportation loin devant les autres minerais.
Aujourd’hui, la Guinée est considérée comme le plus gros producteur de bauxite en Afrique et l’un des leaders mondiaux dans ce secteur. Avec une industrie extractive en pleine expansion qui représente plus de 90% des exportations du pays, 15% du PIB et 32% des recettes budgétaires de l’État, le secteur minier guinéen se porte bien.
Inscrite à l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), le contenu des performances et accords du secteur minier est régulièrement publié.
En effet, la Guinée a adhéré à l’ITIE depuis avril 2005 et dispose désormais du statut de «pays conforme». L’ITIE est une norme de référence internationale visant à instaurer la transparence au sein du secteur extractif. Il est un moyen qui permet aux communautés de vérifier les informations que les entreprises minières publient. Cela renforce la confiance entre les communautés et ces entreprises minières. Car, les retombées des mines devraient profiter à tous les acteurs. C’est aussi cela la bonne gouvernance.
Œuvrer pour la transparence et la bonne gouvernance dans les mines
Et l’une des importantes missions assignées au département en charge des mines est également l’amélioration de la transparence et la bonne gouvernance à travers la mise en œuvre de mécanismes de contrôle pour lutter contre les mauvaises pratiques dans le secteur. «Nous avons aujourd’hui mis en place un fonds d’investissements minier qui, avant l’arrivée du Comité national du rassemblement pour le développement (Ndlr : CNRD) était utilisé comme une caisse en faveur des autorités du ministère des Mines. Nous en avons fait un EPA à travers un décret organique. Ce fonds est doté d’un conseil d’administration (CA) dont les membres sont nommés par décret, avec une dotation budgétaire d’exécution », fait remarquer Moussa Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie.
Pour organiser le secteur, la Guinée a adopté un nouveau code minier consolidé. Cela vise à assurer une gestion équitable des ressources issues de l’exploitation des sites miniers. Le nouveau code comporte plusieurs innovations, son objectif est de concilier à la fois l’attractivité du secteur minier et le développement durable. L’innovation majeure reste la création des fonds de développement local qui servent à financer efficacement le développement des zones abritant les sites miniers et à créer un bien-être pour les populations riveraines. C’est ainsi que la promotion du contenu local, principal levier d’impulsion pour l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment dans les zones minières, reste un défi permanent pour le gouvernement guinéen.
Dans le même temps et dans la même année 2022, à travers le Centre de promotion des investissements miniers (CPDM) il a été procédé à l’assainissement du cadastre minier par le retrait de plusieurs permis miniers qui n’étaient pas en conformité avec la loi guinéenne en la matière soit 1/3 de tous les titres octroyés jusque-là. Selon le ministre Magassouba, «c’est l’une des avancées significatives de l’amélioration de la gouvernance minière et cet exercice continuera».
Mais les reformes dans le secteur n’en sont pas restées là. Sur instruction et impulsion du Président de la transition, le colonel Mamady Doumbouya, il a été procédé à un prix de référence de la bauxite guinéenne. C’est l’une des réformes phares de l’administration minière qui, par un comité interministériel composé des ministres des Mines, des Finances et du Budget, a établi une formule standard de fixation du prix de la bauxite, basée sur les indices et références internationaux. C’est désormais cette formule qui détermine le prix de référence de vente de la bauxite à partir des eaux guinéennes, en fonction de la qualité, de la quantité, du taux d’humidité et des frais de transport ; un moyen de pouvoir maximiser les recettes de l’État.
Simandou, un mégaprojet évalué à 15 milliards de dollars US
En un an, les nouvelles autorités guinéennes ont pris leurs responsabilités. Convaincues que les potentialités minières du pays ne seront une chance que si la gouvernance du secteur est transparente dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant, efficace si le pays profite de ces opportunités minières pour doter son territoire en infrastructures. Dans ce cadre, sous les directives personnelles du colonel Mamady Doumbouya, le mégaprojet sur le Simandou estimé à 15 milliards de dollars a vu enfin le jour en république de Guinée.
Son accouchement a été douloureux mais les trois partenaires sur le mégaprojet du Simandou en l’occurrence le gouvernement guinéen, Rio Tinto-Simfer, Wining Consortium Simandou (WCS) ont pu finalement signer après âpres négociations, le mercredi 27 juillet 2022, la convention de création de la co-entreprise baptisée « Compagnie du Transguineen » (CTG) pour le co-développement de ce mégaprojet estimé à 15 milliards de dollars.
Dans la co-entreprise « Compagnie du Transguinéen », l’Etat guinéen a une participation gratuite et non diluable au capital du chemin de fer et du port à hauteur de 15%. Le mégaprojet intégré du Simandou va nécessiter la construction du chemin de fer « le Transguinéen » chemin de fer d’une longueur de plus de 600 kilomètres, s’étendant du sud au sud-ouest de la République de Guinée, ainsi que des infrastructures portuaires dans la préfecture de Forécariah, en Guinée Maritime. Ces potentialités minières sont une chance pour le pays qui profite de cette opportunité pour doter son territoire en infrastructures, c’est un gigantesque projet infrastructurel qui aura un effet d’entraînement global sur le développement local, l’industrialisation et l’économie de la Guinée. «Ceci constitue une véritable révolution dans le secteur minier guinéen qui pourvoira de milliers d’emplois et restera assurément marqué dans les annales de l’histoire de la bauxite en Guinée», se félicite le ministre guinéen des Mines et de la Géologie. Qui rappelle également que sur tout un autre registre non moins révolutionnaire, « l’article 138 du code minier guinéen dans son alinéa 2 consacre à la Guinée la possibilité de vendre l’équivalent de ses 15 % de parts de participation à tout projet minier implanté en Guinée et il a été notifié à toutes les sociétés minières que la Guinée exercerait dorénavant ce droit-là, conformément aux dispositions du code minier. Donc la mise en application de ce levier nous a permis de mobiliser pour le premier trimestre 2022 près de 12 mille milliards de francs guinéens dans les caisses de l’État, supérieurs aux 11 mile milliards que les douanes guinéennes vont mobiliser pour l’année 2022.»
Il faut alors dire que dans ce secteur, la Guinée maitrise désormais tout le processus d’amont comme en aval et a lancé une opération de contrôle qualitatif et quantitatif du minerai vendu dans ses ports minéraliers, dont le tonnage invraisemblablement était déterminé par les sociétés minières elles-mêmes, ce qui n’est plus le cas.
L’autosatisfaction n’est cependant pas une affaire des nouvelles autorités guinéennes. « Nous ne devons pas nous laisser aller à l’autosatisfaction sur les performances déjà acquises en une année, mais nous devons également regarder l’avenir en face, avec un esprit clair », a tenu à rappeler le colonel Mamady Doumbouya, le Président de la transition. Car, dira-t-il, « en dépit de nos progrès indéniables, le chemin qui reste à parcourir nous impose à tous beaucoup de modestie ». CQFD.