La Cour de Répression des infractions économiques et financières a, depuis le 19 octobre dernier, interdit à 34 directeurs financiers accusés de mauvaise gestion de quitter le territoire. Quelques jours plus tard, lundi 23 octobre, le Chef du gouvernement, Bernard Goumou, a, dans un communiqué, instruit le ministre Secrétaire général du gouvernement à «récupérer les passeports des membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires afin d’améliorer les formalités administratives concernant les voyages professionnels.» Il n’en fallait pas plus pour alimenter les conversations des salons de Conakry.
L’instruction contenue dans la note du Premier ministre est sans ambage : «En étroite collaboration avec le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger, le ministre Secrétaire général du gouvernement devra faire des propositions de réorganisation dans un bref délai : du circuit administratif d’octroi des ordres de mission ; des formalités d’obtention de visas ; des formalités de départ et d’arrivée à l’aéroport.»
L’objectif est de réduire les déplacements superflus et inopportuns des membres du gouvernement, selon la presse guinéenne citée par des agences de presse internationales. Dans le ton de sa note, le Premier ministre a tenu à balayer toute spéculation sur son intention en rassurant les membres de son gouvernement : «Je profite de cette occasion pour réitérer sa confiance aux membres de son gouvernement et rappelle que la refondation exige l’amélioration continue de la qualité des services publics », a-t-il précisé.
Il faut dire que le petit microcosme politique de Conakry s’est lancé dans l’exégèse de cette instruction dans un contexte de crispations. Le 19 octobre dernier, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a requis l’interdiction de sortie du territoire contre 34 directeurs financiers soupçonnés de malversation dans leur gestion. Pour rappel, le 1er octobre dernier, à la veille de la célébration du 65e anniversaire de l’indépendance, le président Mamadi Doumbouya avait dressé un bilan en demi-teinte de l’état de la nation, en proie à l’instabilité politique et à une crise économique. Il avait alors souligné l’impératif de lutter « pour une bonne gouvernance et une transparence dans la gestion publique.»