Notre pays s’est réveillé dans la matinée de ce mercredi 28 juin 2023 avec le choc de la nouvelle de la disparition de l’une des personnes dont le combat , le courage et l’abnégation ont profondément marqué l’histoire récente de notre pays.
Il s’agit de notre sœur Hadja Rabiatou Serah Diallo.
Femme de conviction et de vertu, elle fut la première femme à se hisser à la tête de la puissante organisation syndicale du secteur public, la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée).
C’est en effet en 2000 qu’elle fut élue Secrétaire Générale de la CNTG, 30 ans après qu’elle a adhéré à cette institution. Elle y a gravi patiemment toutes les marches sans jamais prôner rien d’autre que la solidarité et la cohésion.
Pourtant malgré la toute puissance de celle-ci, Rabiatou Serah a salué et soutenu le pluralisme syndical pour autant que ce pluralisme soit porteur de richesse et non de division et de sectarisme, chaque fois qu’il s’agira de défendre les véritables intérêts sociaux et moraux des travailleurs.
Le destin a voulu que les syndicats soient projetés au devant de l’actualité sociopolitique pour exprimer les lassitudes des populations face aux errements de la mauvaise gouvernance vers la fin du régime du Président Lansana Conté.
Ainsi, en compagnie de son «jumeau» Ibrahima Fofana premier responsable de l’autre puissant syndicat USTG, elle résista à toutes les manœuvres de division pour porter les revendications légitimes de la société et organiser les courageuses grèves de janvier et février 2007 malgré la répression qui s’en est suivie. Le tandem arrivait à faire fléchir le Président Lansana Conté qui accepta de modifier la gouvernance du pays.
Que ce soit à la tête du Conseil National de la Transition (CNT) (février à juin 2010) ou à la tête du Conseil Économique et social de 2010 à 2022, Rabiatou Serah a toujours prôné le rassemblement.
Bien que n’occupant plus de fonction syndicale depuis 2010, Rabiatou Serah a constamment exhorté ses anciens collègues à toujours combattre la division entre eux.
Je me souviens par exemple que, le 6 novembre 2020 lorsqu’au Palais du Peuple, lors du symposium organisé autour de la dépouille de l’illustre syndicaliste Louis Mbemba Soumah j’ai invité les syndicalistes à enterrer la hache de guerre pour faire honneur au grand disparu, Rabiatou Serah m’a appelé dans la soirée pour me dire à quel point elle était affectée par les oppositions fratricides qui marquaient le monde syndical. Elle invitait toutes les bonnes volontés à aider à mettre un terme à ce désolant spectacle.
Sur un autre plan, surtout ces derniers temps, malgré sa maladie, elle ne manquait aucune occasion pour appeler les différents acteurs socio politiques à mettre l’intérêt supérieur de la nation au dessus de tout pour faire l’économie des violences.
Elle était d’une abnégation sans faille qu’elle traduisait dans tous ses faits et gestes. Elle a été d’une modestie et d’une humilité exemplaires, ce qui fait qu’elle a toujours été en adéquation avec les principes qui ont été les siens depuis qu’elle a décidé de se mettre au service des siens pour les servir et non s’en servir.
C’est pourquoi notre pays qui est à la recherche de repères moraux pour notre jeunesse devrait populariser son combat et son exemple.
Je suis personnellement convaincu que la Nation guinéenne saura se vivifier de l’exemple de Rabiatou Serah et l’honorer en maintes occasions à venir pour immortaliser son combat.
Dors donc ma sœur après une mission bien remplie dans la dignité et la constante abnégation.