Une des figures du mouvement de contestation au Kenya a appelé à manifester à nouveau jeudi 27 juin de manière pacifique en mémoire des victimes de la chaotique mobilisation de mardi, qui a fait 22 morts selon l’organisme officiel de défense des droits humains 

Après la journée de violences et de pillages dans la capitale Nairobi, pendant laquelle le parlement a voté le projet de budget dénoncé dans la rue, le président William Ruto a affiché mardi soir sa fermeté et assuré que la «violence et l’anarchie» seraient fermement réprimées.

«Tout le pouvoir souverain appartient au peuple du Kenya. Vous ne pouvez pas tous nous tuer", a écrit mercredi matin la journaliste et militante Hanifa Adan, figure de la contestation, sur X, alors que le gouvernement a annoncé avoir déployé l'armée pour appuyer la police face à la contestation.

Hanifa Adan, l’une des principales figures de la contestation

«Tout le pouvoir souverain appartient au peuple du Kenya. Vous ne pouvez pas tous nous tuer », a écrit mercredi matin la journaliste et militante Hanifa Adan, figure de la contestation, sur X, alors que le gouvernement a annoncé avoir déployé l’armée pour appuyer la police face à la contestation.

« Demain, nous marchons à nouveau pacifiquement en portant du blanc, pour tous les nôtres tombés au combat. Vous ne serez pas oubliés !!! », a-t-elle ajouté.

L’organisme officiel de défense des droits humains, la Kenya National Human Rights Commission, a recensé 22 morts dans le pays, dont 19 à Nairobi, plus de 300 blessés et plus de 50 arrestations, a indiqué à l’AFP sa présidente, Roseline Odede, en annonçant ouvrir une enquête.

Le Kenya sous le choc des violences

Les autorités n’ont donné aucun chiffre sur le bilan de victimes de cette troisième journée de mobilisation en huit jours contre le projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes. Le texte voté mardi au Parlement doit encore être promulgué par le chef de l’Etat.

Le Kenya était encore mercredi sous le choc de ces violences, qui ont notamment vu des manifestants prendre d’assaut le Parlement, une première dans l’histoire du pays indépendant depuis 1963. Les rassemblements contre les nouvelles taxes, principalement menés par des jeunes, avaient débuté la semaine dernière dans le calme, des milliers de manifestants défilant à Nairobi et dans d’autres villes du pays. La tension est brusquement montée mardi après-midi dans le centre de la capitale.

Selon des ONG, dont la branche kényane d’Amnesty International, la police a tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule, qui a forcé l’entrée de l’enceinte du Parlement. Des bâtiments y ont été saccagés et partiellement incendiés.

Les scènes de chaos ont alarmé les Etats-Unis et plus d’une dizaine de pays européens, ainsi que l’ONU et l’Union africaine, qui se sont déclarés «fortement préoccupés» et ont appelé au calme. La principale coalition d’opposition, Azimio, menée par le vétéran Raila Odinga, a accusé le gouvernement d’avoir «déchaîné sa force brute» contre les manifestants et exhorté la police à «cesser de tirer sur des enfants innocents, pacifiques et non armés.»

Ce mouvement de contestation contre les taxes, baptisé « Occupy Parliament » (« Occuper le Parlement »), a été lancé sur les réseaux sociaux peu après la présentation au Parlement le 13 juin du projet de budget 2024-2025 prévoyant notamment une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers.

Article publié pour la première fois sur Afrimag