L’édit de Nantes (1598) signe la fin de la fracture des guerres de religion, après les massacres du siège de Sancerre (1572-1573) et de la Saint-Barthélemy (1572). Après le refus du méridien de Tordesillas (1594) qui partageait le monde entre les Espagnols et les Portugais, Henri IV reprend la politique de François 1er : rechercher de nouveaux territoires et voies maritimes pour fonder une France Antarctique.
François 1er s’était tourné vers les Amériques avec l’explorateur Jacques Cartier (1534-1543) recherchant une route vers la Chine qui ouvrirait un passage vers le nord-ouest de galions chargés d’or et de diamants. Jacques Cartier avait cru avoir trouvé ces fameuses pierres précieuses dans l’embouchure du Saint-Laurent au Québec, sur le flanc du cap Diamant. Toutefois, lorsqu’il retourne en France, Pliny, le lapidaire de François 1er, lui affirme qu’il s’agit de quartz et de pyrite.
Entre 1500 et 1600, des Français de Dieppe et d’Honfleur avaient exploré les côtes brésiliennes et découvert les richesses de la nature comme le bois «pau-brésil.»
Le Sieur de Villegaignon avait fait une tentative de colonisation entre 1555 et 1560, dans la baie de Rio de Janeiro.
Un échec dû à des divisions religieuses, des extorsions et à l’avancée des Portugais dans cette région.
En 1594, Jacques Riffault, protestant, était parti de Dieppe, accompagné de Charles des Vaux de Touraine qui établira de bons contacts avec les Indiens de la région du Maranhão, apprenant leur langue.
Henri IV, suite aux récits de voyage des marins français, va s’intéresser avec l’Amérique du sud.
En 1602, Henri IV nomme René Marie de Montbarrot, Lieutenant général de Guyane. Retenu par ses fonctions de gouverneur de Rennes, il confie à Daniel de la Touche de la Ravardière, devenu associé, la charge d’organiser le premier voyage qui aura lieu en 1604 vers les rives de São Luís.
Né en 1570 à Berthegon (Poitou) dans une famille qui se rattache par son père à l’ancienne noblesse du Haut Poitou, Daniel de la Touche de la Ravardière est originaire par sa mère des Deux-Sèvres qui appartenaient à la religion réformée.
Il s’engage très tôt dans la carrière des armes et navigue avec des responsabilités importantes. Il écrit en 1614 : «Il y a vingt ans que je commande des gens.»
En 1590, La Ravardière combat avec Philippe Duplessix – Mornay, chef huguenot , contre les ligueurs catholiques et aidera Jacques et Gabriel de Montgomery dans des opérations militaires autour de Pontorson et du Mont-Saint-Michel.
Il épouse en 1590, Charlotte de Montgomery, veuve de Christophe de Chateaubriand tué à la bataille de Jarnac en 1569. Elle lui procure les revenus de la seigneurie du Plessix-Bertrand (Saint-Coulomb) et les droits d’amarrage des vaisseaux au port de la Houle à Cancale.
Après la destruction du Plessis-Bertrand par le duc de Mercoeur, chef des ligueurs, La Ravardière et son épouse s’installent dans un manoir de Cancale, où naitra leur fille Anne. Ils achètent le Château de Regnéville dans le Cotentin qu’ils quittent neuf ans après, pour habiter dans le Clos Poulet près de Saint-Malo.
L’alliance de La Ravardière avec les Montgomery va lui assurer des appuis dans les familles les plus haut placées du pays. En 1602 : il est nommé «associé» du gouverneur de Rennes, René de Montbarrot, lieutenant général de Guyane, par Henri IV et chargé d’organiser une expédition vers la Guyane.
En 1604, 1609 et en 1612, trois voyages partiront de Cancale pour découvrir les territoires entre l’Amazone et l’Orénoque et établir une colonie de peuplement à São Luís, capitale du Maranhão au Brésil.