Le Niger devrait enregistrer une croissance économique de 10,6% en 2024 contre 2,4% estimée en 2023. C’est ce qu’a annoncé le Fonds monétaire international (FMI), à l’issue d’une mission de deux semaines à Niamey. Selon le FMI, la plupart des objectifs quantitatifs de fin juin 2023 à fin mars 2024 ont été atteints, malgré le contexte sociopolitique difficile qu’a connu le Niger, l’année dernière. Les détails
Une équipe des services du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par Antonio David a tenu des réunions du 20 mai au 1er juin 2024, sur la quatrième et la cinquième revue de l’accord avec le Niger soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et la première revue du programme soutenu par la Facilité de Résilience et Durabilité (FRD). Un accord a été conclu.
L’accord au niveau des services sera soumis à l’approbation de la Direction et du Conseil d’administration du FMI. La réunion du Conseil est prévue en juillet 2024. L’achèvement des revues de la FEC permettrait le décaissement de 19,7 millions de DTS (environ 26,1 millions de dollars US, soit 15 % du quota du Niger) pour couvrir les besoins de financement extérieur. À son tour, l’achèvement de la première revue de la FRD permettrait le décaissement de 34,2 millions de DTS (environ 45,3 millions de dollars US, soit 26 %du quota du Niger).
Il faut dire que le Niger devrait enregistrer une croissance économique de 10,6% en 2024 contre 2,4% estimée en 2023.
Levée des sanctions, exportation des premiers barils de pétrole… production agricole record
Dans un communiqué publié le samedi 1er juin 2024, le Fonds attribue cette accélération économique à plusieurs facteurs clés notamment le début des exportations de pétrole, la levée des sanctions imposées après la prise du pouvoir par les militaires et une augmentation significative de la production agricole.
Selon le FMI, le déficit budgétaire pour 2023, de 5,4 % du PIB, a été légèrement supérieur à la cible du programme en partie en raison de la baisse du niveau des recettes. Cependant, la trajectoire du déficit sera maitrisée pour permettre un respect de l’engagement des Autorités à atteindre le critère de convergence régional d e l’UEMOA de 3 % du PIB d’ici 2025. Du fait des sanctions imposées après les évènements du 26 juillet 2023, le Niger a accumulé des arriérés de service de la dette extérieure et intérieure. Les autorités nigériennes poursuivent des efforts louables pour apurer entièrement ces arriérés de paiement.
Le programme soutenu par la facilité élargie de crédit vise à renforcer la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance résiliente, inclusive et tirée par le secteur privé. La plupart des objectifs quantitatifs à fin juin, fin décembre 2023 et à fin mars 2024 ont été atteints, malgré le contexte difficile auquel le Niger a été confronté l’année dernière. Toutefois, un retard a été enregistré dans la mise en œuvre de certains repères structurels, notamment celui relatif à l’adoption de la stratégie de gestion des ressources pétrolières.
Les mesures visant à renforcer la mobilisation des recettes intérieures sont cruciales pour augmenter l’espace budgétaire afin de couvrir les dépenses prioritaires, notamment les dépenses sociales et de sécurité. Dans ce contexte, les efforts continus des autorités pour simplifier le code général des impôts, promouvoir la digitalisation de l’administration fiscale, et adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières visant à protéger le budget des fluctuations des prix internationaux du pétrole sont des réformes clés. La mission note les efforts réalisés pour améliorer la qualité et l’efficacité des dépenses publiques. Elle encourage les Autorités à poursuivre ces efforts nécessaires pour améliorer la fourniture des services publics.
Pays du Sahel principalement connu pour ses ressources en uranium, le Niger a annoncé une augmentation de sa production de pétrole brut. Elle passera de 20 000 à 110 000 barils par jour, selon les autorités nigériennes. Cette augmentation devrait fortement contribuer à l’essor économique du pays.
Ne pas sous-estimer les chocs exogènes sur la croissance
Néanmoins, le FMI met en garde contre des risques potentiels qui pourraient freiner cette croissance. Parmi eux, la situation sécuritaire volatile et les vulnérabilités aux chocs climatiques restent des préoccupations majeures.
En plus des perspectives économiques, le FMI a salué les efforts du pays pour améliorer la qualité et l’efficacité des dépenses publiques. L’institution encourage les autorités à poursuivre ces réformes, afin de renforcer la prestation des services publics.
« Les autorités nigériennes sont conscientes que le développement du secteur privé est vital pour accélérer et soutenir la reprise économique et poursuivre des efforts pour améliorer le climat d’investissement. Les autorités ont restructuré le cadre institutionnel de lutte contre la corruption avec la création de la Commission contre la délinquance économique, financière et fiscale (CoLDEFF). Ces efforts d’amélioration du cadre institutionnel se poursuivent également dans le domaine de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme», salue le FMI, notant que le financement de la FRD soutient les efforts pour stimuler les réformes et les investissements afin de faire face aux risques et défis accrus associés au changement climatique, renforçant ainsi la résilience et protégeant les moyens de subsistance. «Les autorités nigériennes ont réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre des réformes visant à améliorer la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles (y compris les risques budgétaires) ainsi qu’à promouvoir les sources d’énergie renouvelables», insiste le FMI.
Antonio David, chef de mission du FMI, a félicité les autorités nigériennes pour les progrès significatifs réalisés dans la mise en œuvre des réformes liées à ces programmes. «La plupart des objectifs quantitatifs à fin juin, fin décembre 2023 et fin mars 2024 ont été atteints, malgré le contexte difficile qu’a connu le Niger, l’année dernière», a-t-il déclaré.
A noter que la mission a rencontré Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier ministre et ministre de l’Économie et des Finances, Bakary Yaou Sangare, ministre des Affaires étrangères trangères, de la Coopération et des Nigériens, à l’Extérieur et Dr. Soumana Boubacar, ministre Directeur de Cabinet du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Elle a également tenu des séances de travail avec le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Finances, Moumouni Boubacar Saidou, le Directeur National de la BCEAO, Maman Laouali Abdou Rafa, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement, des représentants du secteur privé et des partenaires de développement.
Article publié pour la première fois sur Afrimag