L’Assemblée nationale française a adopté mardi à l’unanimité une résolution demandant d’inscrire le groupe paramilitaire russe Wagner, accusé d’exactions en Ukraine et en Afrique, sur la liste de l’Union européenne des organisations terroristes.

Le texte, sans valeur contraignante, invite le gouvernement français « à se mobiliser diplomatiquement » afin que l’UE accède à cette requête, qui doit permettre de sanctionner plus efficacement les membres de Wagner et leurs soutiens, notamment sur le plan financier.

Yvgeni Prigojine, le patron de Wagner

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué l’initiative, estimant que « c’est ce que le monde entier doit adopter ». « Toute manifestation du terrorisme doit être éliminée et tout terroriste doit être condamné », a-t-il déclaré dans son allocution du soir.

Portée par un député du parti présidentiel Renaissance, la résolution cible notamment les « nombreuses exactions contre la population civile » en Ukraine commises par ce groupe de mercenaires, dont certaines pourraient être qualifiées de « crimes de guerre ».

« L’activité du groupe Wagner répond à la définition européenne du terrorisme », a plaidé ce député, Benjamin Haddad, décrivant une « armée du chaos » se tenant « au côté de la Russie de Poutine », et dont les membres « sèment l’instabilité et la violence ».

Outre l’Ukraine, la résolution, qui a été adoptée avec les voix des oppositions de gauche, de droite et d’extrême droite, relève aussi des exactions attribuées à Wagner en Syrie et dans plusieurs pays africains comme le Mali ou la République centrafricaine.

La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a salué dans l’hémicycle la résolution des députés, après avoir cité les sanctions déjà prises par l’UE contre Wagner.

« D’un point de vue strictement juridique », la qualification terroriste n’aurait « pas d’effet supplémentaire direct », a-t-elle dit. Mais « nous ne devons pas sous-estimer l’importance symbolique d’une telle désignation, ni le caractère dissuasif qu’elle pourrait avoir vis-à-vis des Etats qui seraient tentés par un recours » à ce groupe, a-t-elle estimé.

Mi-mars, le Parlement lituanien a déjà adopté une résolution affirmant que Wagner était « une organisation terroriste », s’attirant les remerciements de Kiev.

Les députés français avaient manifesté fin mars leur soutien à l’Ukraine en adoptant une résolution reconnaissant comme un génocide l’Holodomor, cette famine provoquée au début des années 1930 en Ukraine par les autorités soviétiques.

Volodymyr Zelensky les avait remerciés pour ce geste qui répondait à une forte attente de Kiev. La Russie avait de son côté répliqué en fustigeant un « zèle antirusse » de l’Assemblée nationale française.

Une autre résolution relative au conflit en Ukraine pourrait prochainement être examinée en séance et vise à dénoncer les déportations d’enfants ukrainiens par la Russie.

Avec AFP