Le siège de l’OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) se situe à Yaoundé, capitale du Cameroun . L’emplacement à quelques pas de l’espace Volontariat et du siège nationale et Afrique centrale de France Volontaires est une opportunité pour développer de nouveaux échanges. Son directeur général est très actif sur les réseaux sociaux : Denis L. BOHOUSSOU – https://twitter.com/denisbohoussou . Ce dernier a souligné le rôle de l’OAPI pour les générations futures.

Dans ses publications, l’OAPI a consacré un dossier : “Indications Géographiques : le label africain prend forme” (OAPI Magazine octobre 2019). L’OAPI a récemment formé une session d’auditeurs au régime juridique des Indications Géographiques Protégées (IGP).

OAPI

Par Kevin Lognoné, analyste en capacités partenariales, managériales et d’innovation.

Au titre du renforcement des capacités des communautés autochtones, agricoles et forestières, beaucoup de pistes de travaux d’avenir sont à envisager. Toutefois, retenons deux priorités essentielles.

Sur un plan juridique, il faut pouvoir mieux cibler et identifier des produits éligibles à une démarche d’indication géographique protégée (noix de kola, alternatives non-alcoolisées au vin de palme : thé, arômes; perles forestières)

Prenons l’exemple de la Guinée Conakry, les produits forestiers suivants sont porteurs de chaînes de valeur :

• Café du Fouta-Djalon

• Café Ziama

• Miel du Fouta-Djalon (lauréat du Prix Terre des Femmes de la Fondation Yves Rocher)

• Karkadé (ou oseille de Guinée)

D’autres chaînes de valeur sont à explorer : noix de kola et ses circuits de distribution, alternatives non-alcoolisées au vin de palme (thé, arômes…), hévéaculture et économie circulaire, perliculture agro-écologique et ses techniques d’ornementation des vêtements avec des perles et pierres précieuses des forêts.

L’équipe du projet européen EUAV Forests a souhaité également relancer la demande d’inscription du beurre de Moabi par Tropical Forest & Rural Development (dossier en attente – visite des experts sur le terrain suspendue).

Par ailleurs, l’AFD gagnerait à mieux partager des retours d’expérience sur le miel d’Oku et le poivre de Penja, indications géographiques protégées de grande renommée grâce à la qualité du terroir et notamment des terres volcaniques.

Sur un plan extra-juridique, il faut examiner des voies d’innovation.

Le rôle des “cliniques du droit” (law clinic) bien connu aux Etats-Unis doit s’expérimenter en Afrique avec le levier du volontariat, en mobilisant par exemple l’action Pro Bono des avocats et professions libérales, la politique RSE des grandes entreprises et des fondations au Cameroun.

Des outils et cartographies dynamiques pourraient naître de ce travail collaboratif comme des “réserves de résilience” pour faire face aux aléas climatiques, ou d’autres outils prospectifs comme l’exemple de “certificat de naissance biosourcé” pour l’économie circulaire.

L’exemple des Cliniques juridiques du GICAM est certainement à suivre pour mobiliser des réseaux d’entrepreneurs.

Les law clinics représentent un modèle exporté des Etats-Unis qui fait ses preuves au Cameroun.

Propriété Intellectuelle : attentifs ensemble à des remèdes coutumiers

La médiation culturelle avec des fondations Camerounaises représente aussi un puissant levier, l’instar

de la fondation Jean-Félicien Gacha, Vivendi Hope, l’UNESCO.

A ce titre, un déplacement-terrain a été entrepris dans l’ouest bamiléké, berceau culturel du Cameroun. Un rapport complet de ce déplacement est disponible.

Il faut aussi envisager une valorisation extra-juridique de transformation de produits forestiers non- ligneux. Le domaine de la parfumerie n’est pas considéré comme une œuvre de l’esprit. Pourtant, les forêts regorgent d’essences. Quid du mouchoir parfumé déposé à l’OAPI sous la forme d’une marque ? Quelles opportunités de valorisation avec des ateliers de sérigraphie ? Quid de l’amidon de manioc pour produire des sacs biodégradables ? Produire de la vanilline à partir de déchets de bois serait extrêmement attrayant pour la communauté locale de traitement des déchets de bois. À l’heure actuelle, la vanilline est synthétisée à partir de matières premières pétrolières. La vanilline dérivée du bois sera identique à la vanilline conventionnelle, mais son « certificat de naissance biosourcé » sera beaucoup plus attrayant pour remplir notre mission durable et atténuer les ressources fossiles.

Enfin, dernier élément de rayonnement, il concerne la valorisation immatérielle des richesses des forêts d’Afrique centrale lors de grands événements. Plusieurs manifestations pourraient représenter des puissances d’intérêt pour stimuler des messages artistiques et politiques :

• Le Pavillon Afriques au Festival de Cannes

• La Forêt de la Tranquillité à l’Exposition universelle d’Osaka en 2025 où l’agenda des ODD sera

le thème phare

• L’’Industrie Magnifique

• La Coupe d’Afrique de la musique

Le bois a non seulement permis la construction de la plupart de nos instruments de musique, mais au- delà il a façonné les arts musicaux. L’histoire de la musique nous invite à découvrir les différentes espèces d’arbres et les particularités de leur bois, ce lien intime entre forêt et musique, sans oublier les œuvres musicales inspirées par la sylve (forêt dense tropicale humide). La forêt, berceau de l’harmonie ?