La prolifération des trafics d’or depuis l’année 2019 rend morose l’image de Madagascar à l’international. Les cerveaux de ces opérations illicites restent impunis. Seuls quelques passeurs sont connus. L’émission politique de l’équipe « Miara-Manonja » dénonce et cite le 12 mars 2023 des noms, dont deux députés.
L’opinion attend toujours avec impatience les commanditaires des différents trafics d’or qui écornent l’image de Madagascar à l’international. Sachant que l’exportation d’or est suspendue depuis septembre 2020.
En décembre 2020 a lieu l’arrestation des trois passeurs malgaches avec 73 kg de lingots d’or de Madagascar en transit à l’aéroport de Johannesburg en direction de Dubaï. Le 28 décembre 2021, la gendarmerie comorienne a saisi 49 kilos de lingots d’or de Madagascar à l’aéroport international Moroni Prince Said Ibrahim.
Dans la même année 2021, le média mainstream d’investigation sud-africain Daily Maverick a annoncé l’existence d’un réseau de contrebande opérant depuis Madagascar, utilisant l’Afrique du Sud comme point de passage pour atteindre Dubaï. En Janvier 2022, au retour d’une mission interministérielle qu’il avait présidée aux Comores, l’ancien ministre de la Justice, Imbiky Herilaza devait révéler que deux tonnes d’or devraient (en cette date) encore être transportées de Madagascar vers Dubaï.
Exportation illicite d’or et trafic de devises
Le ministre des Mines et des Ressources stratégiques Olivier Rakotomalala devait regretter en mars 2022 une perte annuelle de 7 tonnes d’or à cause des trafics illicites tandis qu’une étude de la Banque mondiale en 2015 évoque le chiffre de 12 tonnes. Fin décembre 2022, dans son rapport annuel, la Cour des Comptes précise qu’environ 4,5 tonnes d’or entre 2018 et 2021 avait échappé à la caisse de l’Etat, soit l’équivalent d’une perte de 772 milliards d’ariary (près de 163,3 millions d’euros).
Les animateurs de «Miara-Manonja», une émission politique de la station privée AZ Radio, dont deux députés Fidèle Razara Pierre et Hanitra Razafimanantsoa crèvent l’abcès et citent le 12 mars 2023 des noms. Ils rendent publique une récente lettre de Raissa Razaivola. Cette dame croupit actuellement en prison tandis que d’autres personnes issues de la communauté indo-pakistanaise inculpées avec elle sont libérées. Sa missive est une dénonciation sur l’exportation illicite d’or et le trafic de devises dans le pays.
Me Hanitra Razafimanantsoa de citer ainsi comme cerveaux des trafics d’or, des indo-pakistanais Koufalie Daya, Stephane Khamis Mohamed et Yvon Karimojy ainsi que Mohamed Ahmad et Siteny Andrianasoloniako. Ces deux derniers sont des députés en exercice : Mohamed Ahmad est élu de Fénérive et en plus, Président de la Commission des Mines et des Ressources stratégiques à l’Assemblée nationale tandis que Siteny Andrianasolonaiko est élu de Toliara et s’apprête à briguer la présidentielle malgache.
Ces élus sont soupçonnés d’usurper leur immunité parlementaire dans ce genre de trafic. Un vidéo sur de tels abus circule, lors de passage du député Mohamed Ahmad à la salle d’embarquement VIP de l’aéroport international de Nosy Be.
En réalité, dévoiler ces noms n’est pas un scoop de «Miara-Manonja». A deux ou trois reprises, le quotidien national critique au régime «La Gazette de la Grande Ile» en a déjà parlé. Que fait donc la justice malgache ?
Les regards se tournent ainsi sur la nouvelle ministre de la Justice, Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, nommée le 20 février 2023 et qui prône comme sa principale priorité la lutte contre la corruption.
L’agence nationale de la filière or (ANOR), organe d’appui du ministère chargé des Mines avec une mission principale d’harmoniser la filière or pour le développement de Madagascar doit également agir avec sérieux pour améliorer les recettes publiques.