Le minier malgache se mue dans une ébullition. L’interception d’un trafic de 17,39 kg à l’aéroport international d’Ivato du 25 août 2020  et la disparition de 36,43 kg d’or dans un coffre du ministère des Mines et des ressources halieutiques reconnue par le ministre enveniment la gouvernance aurifère.  

Comptant de l’abondance des ressources minières du pays, le président malgache Andry Rajoelinacroit que le secteur minier constitue un levier du développement et pourra booster la croissance économique de la Grande île. Il affiche une volonté d’appliquer une tolérance zéro sur les activités illicites des ressources minières. Toutefois, le gouvernement a du pain sur la planche devant une série de trafics depuis décembre 2020. A cette date, 73 kg d’or provenant de Madagascar ont été saisis à l’aéroport international Olivier Tambo à Johannesburg, Afrique du Sud.

Prohibition de l’exportation de l’or

L’exportation d’or étant prohibée depuis octobre 2020 afin d’assainir le secteur.

Presqu’une année après, précisément le 28 décembre 2021, 49 kg d’or venant de Madagascar ont fait l’objet d’une saisie à l’aéroport de Moroni, aux Comores. Ces métaux devaient être transportés par un jet privé pour Dubaï mais les douaniers comoriens ne se laissaient pas faire malgré une certaine complicité d’un haut responsable des aéroports. Les deux trafiquants malgaches, Pierre Stenny et Azaly Pacheco arrêtés d’abord à l’Archipel, ont été extradés à Antananarivo suite à un déplacement en terre comorienne du ministre de la Justice malgache, puis détenus à la maison d’arrêt d’Antanimora. Les deux hommes étant déjà cités dans le trafic de 73 kg de Johannesburg !

Or

17,3 kg d’or malgache saisis à l’aéroport international d’Ivato

Jusqu’à ce jour, malgré la persistance d’Antananarivo, le gouvernement comorien garde toujours les 49 kg d’or saisis. Est-ce pour faire plus de pression que le ministère malgache des Transports décide- il y a un mois, l’arrêt jusqu’à nouvel ordre la ligne aérienne directe entre Moroni et Antananarivo ?

Suite à une alerte d’un quotidien de la capitale, c’est le ministre des Mines et des Ressources Halieutiques (MMRS), Olivier Herindrainy Rakotomalala en personne qui confirme le 24 juin 2022 «la perte de 36,433 kg du coffre de la direction générale des mines du MMRS», lors point d’un presse. La «perte» a été constatée lors de la passation de service, début juin entre l’ancien et le nouveau directeur général des Mines : «des anomalies ont eu lieu lors de l’inventaire en présence d’un huissier, soit la présence de 20 kg de métalliques colorés en or à la place des 36,433 kg d’or». Est-ce de la perte ou du véritable vol ? Et le ministre a pris sa responsabilité de recourir à la justice. Divers hauts fonctionnaires du département dont deux anciens DG et quelques directeurs et responsables se trouvent depuis en détention préventive à la prison d’Antanimora.

Pression sur l’enquête

Nommé ministre des Mines le 16 mars 2022, Olivier Rakotomalala remplace à ce département le Premier ministre Ntsay Christian, qui avait assuré l’intérim durant huit mois, du 23 août 2021 jusqu’au 23 mars 2022.

Brice Randrianasolo nommé ministre le 15 août 2021 dut démissionner curieusement – quelques jours seulement – après la passation. En d’autres termes, le PM aurait dû connaître cette «perte» durant le délai de son intérimaire à Ampandrianomby (siège du MMRS). Devant les députés de l’Assemblée nationale, en fin juin, le PM et ancien ministre par intérim de dire que cette disparition «s’est passée plus de six ans» et d’inviter tous d’attendre la suite de l’affaire en justice. « En prononçant précisément la période de plus de six ans, le PM n’entend-t-il pas faire pression sur l’enquête ? » s’interrogent des observateurs.

Car d’autres sources signalent que lors de l’inventaire du 5 avril 2019, les 36 kg auraient encore dans le coffre. Quand celui-ci a été ouvert le 12 octobre 2020,  un technicien aurait déjà constaté des anomalies, mais  le ministre de l’époque aurait demandé d’arrêter l’inventaire. En ce temps, le ministre n’est autre que Fidiniarivo Ravokatra, qui a été écarté du gouvernement en août 2021 mais retourne dans l’Exécutif depuis mars 2022 au ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène. L’opinion attend avec impatience la suite de cette affaire tout en trouvant en la personne du ministre Olivier Rakotomalala une réelle ambition de lutter contre la corruption dans le secteur extractif.

En effet, une descente inopinée en mi-juillet dernier d’une délégation du MMRS dirigé par son secrétaire général, Henri Razananirina  dans le district de Maevatanana a constaté une extraction aurifère en toute illégalité. Une exploitation faite par des ressortissants chinois  dans quatre sites riches de ses mines d’or. Et le ministère a suspendu à effet immédiat l’exploitation dans ces zones. Les chinois incriminés se sont enfuis des localités à la veille de la visite, pour dire qu’il y a eu une fuite quelque part.

Le dernier acte illicite dans le domaine concerne dix lingots d’or répartis dans quatre paquets d’un poids total de 17,39 kg prêts à embarqués par le vol d’Air Mad pour Paris avec une destination finale Dubaï  appréhendés à l’aéroport international d’Ivato dans la nuit du 25 août 2022. Les métaux précieux ont été découverts dans un véhicule travaillant au sein de l’aéroport grâce à une fouille des douaniers au point d’accès d’inspection de filtrage (PAIF). Le DG des Douanes, Zafivanona Ernest Lainkana salue la vigilance de ces hommes et signale l’utilisation des contrebandiers des faux documents.

Deux hommes ont été interceptés et arrêtés et les 17,39 kg sont déposés à la Banque Centrale de Madagscar.