Renforcement de capacités des agriculteurs : Les programmes «sur-mesure» de la Fondation OCP
Du Sénégal au Malawi, la Fondation OCP déploie des programmes de renforcement de capacités qui ciblent prioritairement, les petits exploitants et les membres de coopératives agricoles. Le succès et l’efficacité de ce type d’opérations se jouent en amont.
“Nous constatons une amélioration significative des rendements agricoles, du rendement moyen des cultures pouvant aller jusqu’à 43% ainsi qu’une hausse des revenus des agriculteurs”, explique Mohamed Qara, Responsable Agriculture communautaire- Développement international chez Fondation OCP
Interview réalisée par Abashi Jeff Shamamba
AFRIMAG : Sur quels axes portent les programmes de renforcement de capacités des agriculteurs que vous initiez en Afrique ?
Mohamed Qara : Les programmes de formation et de renforcement de capacités des agriculteurs initiés par la Fondation OCP sur le continent portent sur plusieurs axes clés. Tout d’abord, nous mettons l’accent sur les pratiques agricoles durables et efficaces, en intégrant des formations sur les techniques de gestion des sols, de l’eau et des cultures. Ensuite, nous proposons des formations en gestion agricole et en entrepreneuriat, visant à renforcer les compétences des agriculteurs dans la gestion de leurs exploitations, y compris la planification, la budgétisation et la commercialisation de leurs poduits. De plus, nous offrons des formations sur l’utilisation responsable des intrants agricoles, afin d’optimiser leur utilisation tout en préservant l’environnement. Enfin, nous incluons souvent des volets sur les technologies agricoles innovantes, telles que la transformation et la valorisation des produits de terroirs, pour aider les agriculteurs à tirer parti des outils modernes pour améliorer leur productivité et leur rentabilité.
AFRIMAG : Dans quels pays précisément intervient la fondation et sur quels partenaires s’appuie-t-elle ?
Mohamed Qara : La Fondation OCP intervient dans plusieurs pays, notamment au Sénégal, au Malawi, au Cap Vert et en Ouganda, entre autres. Pour mener à bien ses initiatives, elle s’appuie sur un réseau de partenaires variés, comprenant des institutions publiques, des organisations non gouvernementales, des institutions de recherche agricole, ainsi que des communautés locales et des organisations de la société civile. Toutes nos initiatives sont co-construites avec nos partenaires, mais également, avec les communautés bénéficiaires dans le but de répondre le plus précisément possible à leurs besoins.
AFRIMAG : Quels premiers retours avez-vous de l’impact de ces opérations sur les populations cibles et les petits exploitants agricoles ?
Mohamed Qara : Les premiers retours de l’impact de nos opérations sur les populations cibles et les petits exploitants dans les zones rurales sont très encourageants. Nous constatons une amélioration significative des rendements agricoles, les cultures bénéficiant du soutien de la Fondation connaissent une augmentation du rendement moyen pouvant aller jusqu’à 43 % ainsi qu’une hausse des revenus des agriculteurs. De plus, nous observons une augmentation de l’adoption de pratiques agricoles durables et une meilleure résilience aux changements climatiques. En outre, nos programmes contribuent à renforcer les capacités locales en formant des leaders agricoles et en favorisant l’autonomisation des communautés rurales.
AFRIMAG : Bien des experts estiment que les initiatives de renforcement des capacités des agriculteurs devraient porter sur un ensemble englobant connaissances, compétences, soutien financier et apport d’intrants. La Fondation OCP se rapproche-t-elle de ce schéma ?
Mohamed Qara : Notre démarche s’inscrit pleinement dans la vision selon laquelle les initiatives visant à renforcer les compétences des agriculteurs doivent constituer un ensemble complet englobant savoir-faire, connaissances techniques, et approvisionnement en intrants agricoles. En effet, les projets que nous soutenons en Afrique subsaharienne adoptent une approche intégrée : nos programmes de formation intègrent des composantes théoriques, tout en mettant un fort accent sur la mise en pratique des enseignements. Ils comportent également une dimension visant à améliorer les compétences techniques des participants. Nous mettons à leur disposition les équipements, outils et matériaux nécessaires pour garantir un accompagnement complet et favoriser une application concrète des connaissances sur le terrain. Nous sommes fermement convaincus que l’autonomisation des agriculteurs est un élément clé de la durabilité de leurs pratiques, raison pour laquelle nos formations sont résolument orientées dans cette perspective.
AFRIMAG : En quoi votre approche se distingue-t-elle de la mosaïque des programmes internationaux en Afrique ?
Mohamed Qara : Nous ne déroulons jamais des schémas ou des modules standards. Nous partons du principe que ce sont les agriculteurs qui connaissent le mieux leurs besoins. Ainsi, la méthodologie adoptée dans les projets de la Fondation OCP se déploie comme suit : primo, identification des besoins et élaboration d’un plan de formation et de renforcement des capacités sur-mesure au profit des Groupements d’intérêt économique (GIE) bénéficiaires et leurs agents d’encadrement ; Deuxio, définition d’une liste d’indicateurs à suivre p our évaluer l’impact du projet, à travers la réalisation d’une étude de référence ; Tertio, évaluation du potentiel des activités économiques et des processus de valorisation par le biais d’une cartographie des chaînes de valeur, notamment pour ce qui concerne l’agriculture locale et les produits du terroir ; Enfin, identification et évaluation de besoins en équipement, matériel et outillage pour chaque chaîne de valeur identifiée.
AFRIMAG : Le mentorat vous semble-t-il une formule adaptée aux petits agriculteurs du continent ?
Mohamed Qara : Oui, le mentorat semble être une formule adaptée aux petits agriculteurs. La Fondation a d’ailleurs développé et mis en œuvre une multitude d’initiatives telles que des écoles sur le terrain, des plateformes de démonstration et des fermes pédagogiques, qui offrent un cadre propice à l’échange et au partage avec des experts du secteur. Ces programmes sont conçus pour offrir un accompagnement régulier aux agriculteurs participants, en partageant les meilleures pratiques et en les guidant à travers un programme structuré. En intégrant le mentorat dans un environnement d’apprentissage dynamique et interactif, la Fondation vise à cultiver une communauté agricole engagée et compétente, prête à relever les défis de l’agriculture moderne. En encourageant l’innovation et en favorisant l’échange de connaissances, ces initiatives contribuent à renforcer la durabilité et la résilience des systèmes agricoles. Ainsi, le mentorat fournit un soutien essentiel aux petits agriculteurs en les aidant à acquérir les compétences nécessaires pour prospérer dans un environnement agricole en constante évolution.
AFRIMAG : Il est souvent reproché aux partenaires de privilégier le transfert des savoirs techniques et beaucoup moins, du savoir-faire, notamment en matière commerciale. Que répondez-vous à ces critiques ?
Mohamed Qara : Il est impératif que les agriculteurs maîtrisent non seulement les techniques nécessaires à une exploitation efficace de leurs terres, mais également les compétences commerciales indispensables pour valoriser leurs produits sur le marché. Nous reconnaissons pleinement cette nécessité et nous nous engageons à l’intégrer dans nos programmes. Ainsi, nous travaillons activement à doter les agriculteurs des compétences cruciales en matière de commercialisation, de gestion des chaînes de valeur et de négociation avec les acteurs du marché. Dans cette perspective, nous avons intégré des formations spécialisées axées sur le développement des compétences commerciales et entrepreneuriales à nos programmes, garantissant un soutien complet pour permettre aux agriculteurs de prospérer dans un marché en constante évolution.
Article publié pour la première fois sur Afrimag