Anta Babacar Ngom, seule femme candidate à l’élection présidentielle dont la candidature a été validée par le Conseil constitutionnel du Sénégal, entend libérer le potentiel de son pays grâce à des projets d’industrialisation, tout en rendant le système de candidature à l’élection présidentielle plus équitable pour les femmes
Au Sénégal, seuls 20 des 93 candidats, dont 6 femmes, qui ont déposé leur candidature à l’élection présidentielle qui était au départ prévue le 25 février, ont été retenus sur la liste finale.
Parmi les 20 candidats validés par le Conseil constitutionnel, la candidature de Rose Wardini, l’une des deux femmes candidates, a été écartée en raison de sa nationalité française, laissant Anta Babacar Ngom comme seule femme candidate à l’élection présidentielle sur la liste.
« J’aspire au sommet, à la gestion du pays »
Anta Babacar Ngom, 39 ans, fille du célèbre homme d’affaires sénégalais Babacar Ngom, est ainsi devenue la seule femme de l’histoire du Sénégal à obtenir le nombre de parrainages suffisants pour entrer dans la course à la présidence.
Directrice générale de la Sedima, première entreprise du secteur avicole dans le pays, depuis 2016, Ngom, également surnommée « leader industriel », a fait des déclarations sur ses projets électoraux, l’identité féminine en politique et le report de l’élection présidentielle.
Anta Babacar Ngom a souligné que la politique sénégalaise devait se renouveler et que la participation des jeunes et des femmes étaient nécessaires.
« Je ne cherche pas à exercer des fonctions qui me limiteraient, comme celles de maire ou de député. Je suis une « chef d’entreprise » qui exerce une grande influence dans de nombreux secteurs. Je connais le secteur privé et j’ai donc une expérience importante à partager. Je suis ambitieuse et courageuse, mais cette ambition ne vise pas à obtenir des gains politiques. J’aspire au sommet, à la gestion du pays. Je pense qu’un tel profil devrait également entrer en politique. Mon objectif est la présidence ».
Elle affirme ne pas faire de promesses purement électorales, mais se présente aux électeurs avec des programmes et des projets. Sa première action, dès qu’elle sera élue, sera de parvenir à la réconciliation nationale.
Elle attache une grande importance à la restructuration de l’économie et au développement durable.
Pour une industrialisation à grande échelle du Sénégal
« Je souhaite que le Sénégal utilise pleinement son potentiel en soutenant de nombreux domaines tels que la pêche, l’agriculture, l’élevage et le tourisme par le biais d’une industrialisation à grande échelle. L’industrialisation à grande échelle est essentielle au progrès économique. J’attache également une grande importance au renforcement du secteur privé, qui sert de pont entre l’État et la population », défend-elle.
Elle s’engage à réaliser d’importants projets dans les domaines de la protection de l’environnement, de l’éducation et de la santé publique.
« Aujourd’hui, en tant que seule femme candidate à l’élection présidentielle, je suis le porte-drapeau des femmes sénégalaises. Les femmes sénégalaises sont très travailleuses et courageuses, mais elles ont besoin de soutien et de formation professionnelle. L’un de nos projets les plus importants est la création d’une banque nationale des femmes qui contribuera à l’indépendance économique des femmes et financera leurs projets. »
« L’obligation de recueillir des signatures est un obstacle majeur pour les candidates »
Pour Anta Babacar Ngom, bien que les femmes au Sénégal aient une influence importante en politique et dans d’autres domaines de la vie, elles ne peuvent pas se présenter à l’élection présidentielle.
Selon elle, les conditions de candidature devraient être rendues plus équitables : « Nous avons eu des femmes députées, ministres et même Premières ministres. De plus, l’Islam soutient également les femmes dans ce domaine. Alors pourquoi ne pourrions-nous pas avoir une femme présidente ? L’obligation de recueillir des signatures pour se porter candidat à la présidence est un obstacle de taille pour les candidates. Pour la première fois, une femme a pu obtenir suffisamment de signatures. Nous devons nous arrêter pour réfléchir à cette question et comprendre pourquoi les femmes ne peuvent pas participer suffisamment au processus de nomination présidentielle. Nous devons rendre le système de nomination plus équitable et plus inclusif, ce qui est devenu une responsabilité pour moi. J’espère que ma candidature fera la différence. »
La candidate a rappelé que le pays avait été plongé dans l’incertitude après le report par le Président Macky Sall de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février : « Ce report n’était absolument pas nécessaire. A mon avis, ce report prend en otage le droit de vote du peuple sénégalais. Personne ne sait ce que le Président Macky Sall a en tête. J’ai soutenu la campagne électorale de Macky Sall en 2012, il allait être le premier président post-indépendance, la jeunesse avait une grande confiance en lui. J’ai quitté mon travail à l’époque pour travailler sur sa campagne et je suis retournée au travail le lendemain de son élection. Comme je l’ai dit, je n’avais pas l’ambition de m’élever en politique. Mais aujourd’hui, je ne reconnais plus le candidat que je soutenais à l’époque », a-t-elle partagé.
Article publié pour la première fois sur Afrimag