Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, également président de l’Union africaine (UA), a appelé, lundi 24 octobre à Diamniadio, 30 km de Dakar, à rendre opérationnelle la Force africaine en attente (FAA) et à financer de façon « plus adéquate » le Fonds de la paix de l’Union africaine pour faire face au terrorisme dans le continent.

Présidant la cérémonie d’ouverture des travaux de la 8-ème édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, le chef d’Etat sénégalais, a souligné que « si le continent africain est devenu aujourd’hui un des épicentres du terrorisme, c’est bien parce que le fléau est alimenté par la criminalité transfrontalière, la prolifération illégale des armes, les flux financiers et trafics illicites de tout genre et la participation de combattants étrangers ».

Il a noté, à cet égard, que le terrorisme qui gagne du terrain sur le continent africain n’est pas qu’une affaire africaine, mais « une menace globale qui relève de la responsabilité première du Conseil, garant du mécanisme de sécurité collective, en vertu de la Charte de l’Organisation ».

Macky Sall, Joâo Lourenço, José Maria Neves, Fayçal Ben Farhan Al Saoud

Le Président Macky Sall en compagnie Joâo Lourenço d’Angola, José Maria Neves du Cap Vert, du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhan Al Saoud

Soulignant que les opérations classiques de paix des Nations Unies « ont montré leurs limites » face au terrorisme, Macky Sall a relevé que  » l’inertie du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme en Afrique porte en elle la défaillance du système multilatéral ».

Dans ce sens, il a mis l’accent sur l’urgence de rendre opérationnelle la Force africaine en attente (FAA) et de financer de façon plus adéquate le fonds de la paix de l’union africaine. « Nous ne pouvons pas compter sur le financement extérieur pour assurer notre propre sécurité et bâtir une architecture de paix viable », a-t-il lancé à l’adresse des participants à ce forum international de deux jours.

Il a, par ailleurs, indiqué que les menaces à la paix et à la stabilité résident également dans la crise économique profonde qui secoue le monde.

L’Afrique n’est «pas contre l’Ukraine»

Évoquant, d’autre part, la crise russo-ukrainienne, Macky Sall a tenu à préciser que l’Afrique n’était « pas contre l’Ukraine », mais a expliqué le refus de nombreux pays africains de prendre parti dans la crise comme une réaction à l’indifférence internationale face aux agressions visant le continent.

« L’Afrique n’est pas contre l’Ukraine, il ne faut pas qu’on ait l’impression que les Africains sont insensibles à la situation de l’Ukraine. Ce n’est pas ça du tout », a déclaré le chef de l’Etat sénégalais.

« Mais, les Africains disent qu’au même moment où l’Ukraine est en guerre, envahie et agressée, l’Afrique est permanemment agressée par le terrorisme », a-t-il noté, citant l’absence de solidarité internationale face à la crise économique qui éprouve le continent et face aux maladies qui frappent l’Afrique.

« Nous sommes en 2022, nous ne sommes plus pendant l’ère coloniale. Nous sommes en 2022, donc les pays, même s’ils sont pauvres, sont d’égale dignité. Il faut qu’on traite leurs problèmes avec le même respect », a-t-il souligné dans son discours d’ouverture.

Pour une meilleure représentation de l’Afrique dans les organisations internationales

Il a également renouvelé son appel à une meilleure représentation africaine au sein des organisations internationales comme le Conseil de sécurité de l’ONU ou le G20.

Le numéro 1 sénégalais a, par ailleurs, souligné que la crise économique actuelle constitue une menace à la paix et à la sécurité, estimant que ’’ces circonstances exceptionnelles appellent des mesures exceptionnelles’’.

’’Des millions de personnes n’arrivent plus à supporter le coût de la vie et d’autres basculent dans l’extrême pauvreté sans espoir d’un lendemain meilleur’’, a-t-il déploré.

Il a ajouté que conscients que la crise économique peut menacer la paix et la sécurité et afin de soutenir les ménages et les entreprises, ’’nombre de pays développés ont et à juste titre passé outre les règles jusque-là tabous en matière de limitation des subventions de ratio d’endettement et de seuil du déficit budgétaire’’.

Le Japon encourage à l’intégration régionale en Afrique

Pour sa part, le ministre délégué japonais auprès du ministère des Affaires étrangères, Yamada Kenji, a souligné dans son intervention qu’afin de contribuer à la construction d’économies et de sociétés africaines résilientes, capables de résister à des «chocs exogènes», le Japon soutiendra les efforts visant à renforcer la connectivité par le développement d’infrastructures.

Le responsable japonais a souligné la nécessité d’intensifier les efforts afin de promouvoir l’intégration régionale de l’Afrique, et contribuer à la paix et à la sécurité dans le continent.

La cérémonie d’ouverture de cet événement international tenu sous le thème « l’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souverainetés », a été marquée par la présence des Présidents angolais, João Lourenço et cap-verdien, José Maria Neves, ainsi que des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays.

L’ouverture du Forum s’est déroulée en présence du chef de la diplomatie saoudienne, Son Altesse le Prince Fayçal ben Farhan Al Saoud, du Vice-premier ministre de la Guinée-Bissau, Soares Sambu, de la Secrétaire d’Etat française chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, du ministre délégué japonais auprès du ministère des Affaires étrangères, Yamada Kenji, de la secrétaire adjoint américaine à la défense chargée des Affaires africaines, Chidi Blyden et des représentants du Corps diplomatique accrédité au Sénégal, dont l’ambassadeur du Maroc, Hassan Naciri.

La rencontre, organisée par le ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur (MAESE) avec l’appui de plusieurs pays et organisations partenaires du Sénégal dont le Japon et la France, connait aussi la participation des experts et chercheurs provenant de tous les continents.

La cérémonie d’ouverture a été suivie par la tenue d’un panel de haut niveau, auquel ont participé outre Macky Sall, les présidents angolais, João Lourenço et cap-verdien, José Maria Neves, le Vice-Premier ministre de la Guinée-Bissau, Soares Sambu, le chef de la diplomatie saoudienne, Son Altesse le Prince Fayçal ben Farhan Al Saoud, la secrétaire d’Etat française chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, et le ministre délégué japonais auprès du ministère des Affaires étrangères, Yamada Kenji.

Ce forum vise à mettre l’accent d’abord sur la recherche de réponses aux enjeux de sécurité et de stabilité par une plus grande autonomie dans la mobilisation et le développement des capacités endogènes de maintien de la paix, notamment l’opérationnalisation de l’architecture de paix et de sécurité de l’UA ainsi que des approches efficaces pour lutter et/ou prévenir l’expansion de l’extrémisme violent.

Au programme de cette rencontre internationale sur la paix et la sécurité en Afrique figurent plusieurs activités scientifiques organisées en deux blocs articulés chacun en une plénière et trois ateliers simultanés.