Issus de la COP27, les présidents gabonais (Ali Bongo Ondimba déchu depuis lors) et français organisèrent l’année dernière à Libreville l’«One Forest summit », tout en rappelant qu’il «ne sera pas un sommet de plus. Il sera un sommet utile pour l’action, la mise en application à grande échelle de décisions vitales pour l’avenir de notre planète.» Plus d’un an après, qu’elles sont les premières avancées tangibles ?
Pour rappel, le sommet avait trois objectifs :
• Proposer aux pays forestiers une plateforme de solutions pour les aider à concilier protection de leurs forêts et développement économique ;
• Renforcer la coopération scientifique entre les bassins tropicaux du monde ;
• Valoriser l’apport des forêts africaines, largement méconnu du grand public.
Le premier objectif était cause de faiblesse :
le Parlement européen a voté le 13 septembre 2022 un projet de règlement contre la déforestation importée.
Ce qui manquait à ce règlement, c’est qu’il ne concerne pas les institutions financières. (Ce n’est passé ni au Conseil et ni à la Commission). Par exemple si les groupes Bunge et Cargill, les deux plus importantes multinationales de négoce de soja au monde, n’avaient pas trouvé de financement, peut-être qu’elles auraient arrêté leurs activités responsables de déforestation.
Déforestation à grande échelle
En Amérique du Sud, le bassin amazonien, soutenu par le commerce international de la viande bovine et du cuir, correspond à 80 % de sa déforestation totale, ce qui en fait le plus grand moteur de déforestation au monde. Faudra-t-il que le bassin du Congo arrive aux mêmes extrémités pour reconnaître avec une hypocrisie faussement naïve les dommages humains et environnementaux irréparables ?
Les élites euro-atlantistes tiennent-elles vraiment compte des nouvelles réalités nationales, régionales et internationales ? Non, explique le député du Congo-Brazzaville, l’Honorable Jeremy Lissouba :
«Le monde occidental ne peut renverser cette trajectoire qu’en recherchant un véritable renouveau dans ses relations avec les pays d’Afrique et d’Asie, remettant en question sa propre compréhension de ce qu’est réellement un partenariat respectueux entre des nations également légitimes.» Et d’ajouter : «les grandes puissances, à leur manière, appellent les pays d’Afrique et d’Asie à se tenir à leurs côtés. Mais contrairement au siècle dernier, cette fois, il n’est pas facile de forcer ces pays à choisir, et il n’est pas nécessaire de le faire…»
L’Honorable Jeremy Lissouba de conclure : “plus précisément, nous avons besoin d’un changement de mentalité, et pour que l’Occident comprenne que les pays en développement ne sont pas inconscients des nombreuses contradictions de la rhétorique et de la pratique qui caractérisent le monde tel que nous le connaissons – qu’il s’agisse d’un système d’aide et de commerce qui nourrit les déséquilibres et les maux qu’il prétend corriger ; un discours sur le droit et les valeurs internationales qui s’effondre face aux transgressions passées et aux efforts actuels de réforme ; ou encore des négociations sur la finance climatique dans lesquelles l’urgence s’arrête lorsque commencent les intérêts économiques occidentaux.» (Sic !)
Fédérer les francophonies autour d’un projet mondial de développement
Le déclin de l’Europe n’est pas soudain, il est progressif, donc ne faut-il pas s’interroger sur les politiques mises en place depuis un demi-siècle ?
L’Europe doit regarder au-delà de ses intérêts individuels et euro-atlantistes.
Comment fédérer les francophonies autour d’un projet mondial de développement ?
Comment construire un nouveau contrat économique, social, environnemental et culturel, francophone ?
En travaillant et en associant «Francophonie» et ses «88 États qui le partagent.»
Dans un monde néo-libéral globalisé soumis à une communication de capitalisme de marché sans partage. Que l’on présente comme une ouverture sur le monde, alors qu’il masque que trop souvent l’acculturation avec une importante perte de mémoire et d’altérité, la langue française doit être le moteur de la résistance et de la renaissance.
Comme l’a rappelé sous la coupole de l’Institut de France, Son Excellence Monsieur Simon Jolin-Barrette, ministre de la Langue française du Québec, il faut créer «un bouclier francophone» proposant un monde meilleur.
A l’image des pères fondateurs de la francophonie, l’Afrique comme l’Europe se doivent être les promoteurs d’une civilisation francophone !
Article publié pour la première fois sur Afrimag