C’est une «brise à la fois tropicale et rafraichissante» qui souffle sur la Francophonie parlementaire. En effet, à l’occasion de la présentation des vœux de l’Association parlementaire de la Francophonie (APF) le 16 janvier dernier à la Représentation Wallonie-Bruxelles de Paris, son délégué général Bruno Fuchs a annoncé que l’Assemblée législative de Pondichéry a déposé une demande d’intégration au sein de l’institution. Le rapprochement de l’APF avec trois potentiels nouveaux membres, Chypre, l’Angola et Pondichéry- ancien comptoir français- est un signe de la vitalité de la Francophonie institutionnelle. Là où certains n’hésitent pas à rêver d’un «nouveau groupe des non-alignés», ce sont surtout de nouvelles portes qui s’ouvrent aux peuples francophones d’Afrique et d’ailleurs.

De nos jours, des institutions comme l'Alliance Française ou l'Institut Français de Pondichéry (Institut de recherche qui contribue à dynamiser le patrimoine culturel et naturel de l’Inde) continuent de véhiculer dans le Territoire la culture et la langue française.

Gilles Djeyaramane conseiller délégué à la Citoyenneté, à la Francophonie et aux relations avec les Cultes à Poissy et essayiste ( auteur de deux ouvrages : « Oser la Fraternité »/ « La Francophonie un chemin vers l’Autre » – Editions Atramenta) .

Dans un monde où les zones de tensions se multiplient, la famille francophone serait inspirée de se rapprocher du sous-continent indien au travers du Territoire de Pondichéry, une tête de pont vers de nouvelles perspectives porteuses d’un dialogue des cultures apaisé.

Pondichéry, l’«orpheline» de la Francophonie

Aujourd'hui encore, les personnes originaires de l'ancien comptoir (locaux ou membres de la diaspora) expriment une triple identité : française, francophone et indienne.  Elles constituent d’atypiques ambassadeurs de la Francophonie, reliant espace francophone et sous-continent Indien.

Quelque part à Pondichéry en Inde

Durant près de 300 ans, Pondichéry a été l’objet d’une présence quasi continue de la France. Ce petit comptoir créé au XVIIe siècle sur la côte de Coromandel fut un point d’ancrage et de projection pour la France en Asie notamment en Indochine. Pondichéry, récemment rebaptisée Puducherry, fut un haut lieu de la Francophonie dans le sous-continent indien avant son rattachement à l’Union indienne.

Les ressortissants de Pondichéry œuvrèrent dans l’ensemble des anciennes colonies françaises et des territoires français durant de nombreuses décennies et pour beaucoup bien longtemps après les indépendances. Ils occupèrent des fonctions dans l’enseignement, la médecine et la sécurité au sens large s’appropriant les codes culturels de leur territoire d’adoption du moment.

De nos jours, des institutions comme l’Alliance Française ou l’Institut Français de Pondichéry (Institut de recherche qui contribue à dynamiser le patrimoine culturel et naturel de l’Inde)continuent de véhiculer dans le Territoire la culture et la langue française. La communauté française et plus généralement francophone qui y est établie de façon permanente (ou de passage pour de réguliers séjours en ce qui concerne la nombreuse diaspora) bénéficie de nombreuses installations (lycées, associations et clubs divers, restaurants et pâtisseries francophones, lieux de cultes, hôpitaux de pointe, cité internationale d’Auroville…) et de facilités administratives (accords franco-indiens, présence d’un consulat général). Les initiatives reliant le monde francophone et le Territoire sont nombreuses à l’instar du célèbre journal le Trait-d’Union ;  France-Pondichéry, ou le récent Cercle des élus français pour l’amitié France Inde.

Aujourd’hui encore, les personnes originaires de l’ancien comptoir (locaux ou membres de la diaspora) expriment une triple identité : française, francophone et indienne.  Elles constituent d’atypiques ambassadeurs de la Francophonie, reliant espace francophone et sous-continent Indien.

L’Inde : un autre regard sur la Francophonie

Les francophones doivent faire évoluer leur point de vue et se rapprocher du géant Indien. Il leur faut s’affranchir de traditionnels clichés qui laissent penser à une absence de liens historiques entre le sous-continent et eux. En effet, il y a un demi-siècle la plupart des écoliers du monde francophone pouvaient encore citer de mémoire les cinq comptoirs français de l’Inde :  Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé.

Dans cette perspective, Pondichéry, au statut institutionnel très spécial d’«Union Territory», peut être le lieu d’une première découverte des spécificités indiennes.

Situé à environ 150 km de Chennai, capitale du Tamil Nadu, un État phare en matière de réussite économique, le Territoire de Pondichéry peut constituer un camp de base pour les francophones désireux de s’installer et de prospecter dans le sous-continent ou tout simplement de découvrir et de s’imprégner de ses civilisations.

Une fenêtre d’opportunités

Le Premier ministre Indien Narendra Modi semble être disposé à tisser des liens avec la France et de nombreux pays africains hors de la sphère d’influence et de relations traditionnelles de son pays notamment les pays francophones. Il s’est d’ailleurs rendu en France à plusieurs reprises en visite officielle. L’ambassadeur indien à Paris a même effectué récemment une tournée dans certains territoires français ultramarins. Cette approche s’inscrit dans un contexte mondial instable ou la recherche de nouveaux partenaires est primordiale.

Un rapprochement serait l’occasion de renouer avec des populations qui aiment et vivent la Francophonie depuis plusieurs générations. Jawaharlal Nehru, premier Premier ministre de l’Inde indépendante, voyait en «Pondichéry un pont entre la France et l’Inde», il est temps de récréer un pont entre le monde francophone et le monde indien. Faisons le vœu que ce premier pas vers l’APF marquera le grand retour de Pondichéry dans la famille Francophone.

Article publié pour la première fois sur Afrimag