Comme toute activité économique, le transport aérien a vieilli depuis sa création en 1919, son vrai développement à partir de 1945 et la création de l’OACI et de IATA. Depuis cette date 79 années se sont écoulées. Elles ont vu évoluer cette activité de manière prodigieuse dans toutes ses composantes

Sur les quelques 40 millions de vols exécutés en 2023 un seul accident mortel est survenu faisant 72 morts et encore il a été dû à une très grossière erreur de pilotage. Autrement dit on frôle l’excellence en matière de sécurité et plus il y a de trafic, plus il faut transporter de passagers plus on multiplie les vols et moins il y a d’incidents.

Plus de 4 milliards de passagers sont transportés chaque année et tous les ans 5% de plus viennent s’y rajouter c’est-à-dire 200 millions de nouveaux consommateurs par an.

D’abord les avions : on est passé du DC3 qui emportait

D’abord les avions : on est passé du DC3 qui emportait entre 20 et 25 passagers sur des distances de l’ordre de 400 km à la vitesse de 350 km/h au Boeing 777 ou du Airbus 350 qui enlèvent allègrement 400 passagers sur des distances de plus de 10.000 km à 900 km/h.

Jean-Louis Baroux, Président du World Connect by APG

entre 20 et 25 passagers sur des distances de l’ordre de 400 km à la vitesse de 350 km/h au Boeing 777 ou du Airbus 350 qui enlèvent allègrement 400 passagers sur des distances de plus de 10.000 km à 900 km/h. Cela a été permis avec la conception de moteurs d’une puissance et d’une fiabilité inimaginables alors. Ensuite le contrôle aérien qui de son balbutiement en 1945 est passé à une prestation proche de l’excellence en utilisant un appareillage électronique qui n’a rien à voir avec l’équipement d’origine.

Les aéroports ont suivi tant bien que mal l’évolution du trafic et les installations sont devenues gigantesques, prêtes à accueillir plus de 100 millions de passagers annuels.

40 millions de vols exécutés en 2023

Le résultat est là. Plus de 4 milliards de passagers sont transportés chaque année et tous les ans 5% de plus viennent s’y rajouter c’est-à-dire 200 millions de nouveaux consommateurs par an. Sur les quelques 40 millions de vols exécutés en 2023 un seul accident mortel est survenu faisant 72 morts et encore il a été dû à une très grossière erreur de pilotage. Autrement dit on frôle l’excellence en matière de sécurité et plus il y a de trafic, plus il faut transporter de passagers plus on multiplie les vols et moins il y a d’incidents. Et, cerise sur le gâteau, les appareils sont de moins en moins polluants : le bruit des avions a été divisé par 5 depuis l’époque des premiers jets et les émissions de CO² sont en constante diminution par vol. Voilà pour rendre hommage à la parfaite organisation du transport aérien.

Le relations difficiles du transport aérien avec les populations

Et pourtant tout n’est pas parfait, et c’est bien normal. Dans la plupart des pays occidentaux cette activité est en bute à l’opposition farouche des lobbies écologistes qui ont largement réussi à influencer les gouvernements. Autrement dit, dans cette partie du monde, le transport aérien n’a pas une relation fluide avec les populations. Ce n’est d’ailleurs pas le cas dans les trois quarts de la planète. Et puis il y a cette acclimatation aux grèves qui touchent tous les secteurs d’activité et par préférence les personnels les mieux payés, pilotes ou contrôleurs aériens par exemple. N’oublions pas la difficile gestion des flux de passagers sans cesse plus importants qui entraînent de considérables frustrations tant par les clients que par le personnel en charge des postes de contrôles qui ne cessent de se multiplier.

Petit à petit on a remplacé les personnels par des machines de plus en plus sophistiquées dont il est inutile de minimiser l’intérêt, mais qui ont déshumanisé cette activité. Elle a pourtant un énorme besoin de relations humaines car qu’on le veuille ou non, un grand nombre de passagers doivent encore vaincre leur peur de l’avion. Or ce n’est pas en parlant à des machines qu’ils seront rassurés. D’autre part la généralisation des systèmes automatisés entraîne une crainte permanente de la part du personnel des compagnies aériennes qui ont peur pour la pérennité de leur emploi ce qui est source permanente de conflits sociaux. Ils ont sans doute raison de craindre pour leur avenir car même si le trafic poursuit son développement, il n’est pas certain que cela entraine un surcroit de postes de travail. En fait les compagnies aériennes, enchainées à leur stratégie qui consiste à baisser leurs tarifs pour faire face à une concurrence qu’elles ont-elles-mêmes créée, sont dans l’obligation de trouver des économies. Or les charges salariales qui représentent au moins 30% des coûts sont bien tentantes pour minimiser les dépenses des compagnies.

Reste le contrôle aérien certes devenu d’une grande fiabilité mais qui reste le maillon faible pour assurer la fluidité du trafic, surtout en Europe. La gestion de l’espace aérien doit évoluer. Il ne peut plus dépendre de chaque pays car les frontières sont faites pour être franchies par les avions. En ce sens le vote récent du Parlement Européen en faveur de l’adoption du système SESAR en Europe est sans doute le bienvenu. Il permettra de réduire les temps de chaque vol en Europe de l’ordre de 8 minutes. Sauf que cela réclamera un changement drastique des habitudes des contrôleurs aériens et ces derniers n’y sont pas prêts.

Le transport aérien s’est alourdi au fil du temps, il a multiplié les procédures et élevé des barrières pour protéger chacune de ses composantes. Il faudrait sérieusement réfléchir à son rajeunissement.

 

Article publié pour la première fois sur Afrimag