Le croiriez-vous ? La France a récemment été désigné comme un des pays où les formalités administratives pour les étrangers, tous les étrangers, sont les plus lourdes et les plus complexes, à égalité avec le Japon !
La perspective du rendez-vous en Préfecture est toujours angoissante. D’ailleurs, je l’ai moi-même vécue dans les trois pays étrangers où j’ai vécu : Belgique, Allemagne et Maroc. Même si l’on maîtrise la langue du pays, le détail des papiers à fournir, la crainte de voir son dossier rejeté et de devoir revenir, alors que les délais courent est suffisante pour inquiéter n’importe qui.
Les Français protestent souvent contre les difficultés qu’ils rencontrent à l’étranger. Sont-ils seulement conscients de ce que leur pays impose aux étrangers ?
Tout commence par la prise de rendez-vous
Le temps des longues queues qui serpentent dès cinq heures du matin devant la Préfecture de la Seine Saint Denis (ou d’ailleurs) est révolu depuis que des systèmes de prise de rendez-vous ont été mis en place.
La prise de rendez-vous préfecture est obligatoire et se fait par courrier (long), par téléphone (long temps d’attente) ou en ligne, immédiatement.
Ça c’est la théorie …
La pratique c’est « La Maison qui rend fou »
Je vous ai pris l’exemple de la Préfecture de Police de Paris (j’ai aussi testé sur trois autres préfectures, ça donne le même résultat).
On commence par une série d’écrans pour sélectionner la démarche que l’on veut effectuer :
Jusque là tout va bien.
Là c’est déjà un peu moins clair. Soit on considère que les étrangers n’ont pas le droit de perdre des objets ou de faire la fête de la musique, ou pire encore, que les naturalisations ne concernent pas les étrangers, soit ce n’est pas si simple de choisir la bonne case.
Surtout « services en ligne » ? A votre avis, quels sont ces « services divers ».
Bon, pour un titre de séjour, on va cliquer sur « Ressortissants étrangers ». Bingo !
On arrive enfin sur les titres de séjour…. j’imagine qu’un passeport talent n’est pas un titre de séjour, ni le regroupement familial, je sais je chipote.
Je clique donc sur la mappemonde montrant l’Afrique.
Là on arrive sur une longue liste de « cas » qui permettent de savoir les documents à remplir et …. de demander le fameux rendez vous :
J’ai d’abord choisi le 1.5, vous souhaitez renouveler votre titre de séjour :
J’ai donc cliqué sur le lien. Logique non ?
ou bien…
Par contre, si je veux transformer mon visa TLS…
On m’oriente vers un autre site, où on recommence à me proposer les mêmes choix :
Mais la suite se passe un peu mieux :
J’avoue que je suis un peu perdue…
La cerise sur le gâteau : la prise de rendez-vous en ligne pour le kiosque numérique
J’avais été intriguée par le dernier élément en bas à droite le « point d’accès numérique pour les étrangers ».
Après une série de clics, il s’avère qu’il s’agit de deux antennes où les étrangers peuvent se rendre pour réaliser leurs démarches en ligne, avec, semble-t-il, une assistance.
Et comment on prends rendez-vous ?
Heureusement, on peut aussi téléphoner (avec une durée d’attente non déterminée) ou envoyer un courrier ! Sans doute la méthode la plus sûre, sinon la plus rapide.
La numérisation des services en ligne, ça prend du temps
Les Français de l’étranger qui se plaignent des procédures qui leurs sont imposées ne connaissent pas, le plus souvent, l’autre côté des choses. Si l’administration française a fait des progrès incontestables depuis l’époque du tout-papier, on est encore assez loin d’une expérience utilisateur fluide.
La plupart des problèmes relevés avec ironie dans cet article relèvent en effet d’un « chemin utilisateur » mal balisé et d’un bug inexpliqué (je soupçonne le fait de tenter de prendre ces rendez-vous avec une IP étrangère) ou d’un mauvais dimensionnement du service.
Il n’en reste pas moins que pour l’étranger, surtout s’il n’est pas francophone, l’expérience est difficile et pousse souvent à avoir recours à des intermédiaires. Comme à l’étranger, pour accéder aux prises de rendez-vous avec les consulats !
A ce sujet, contrairement à ce qui se passe dans beaucoup de pays, les sites administratifs que j’ai consultés sont en français, sans possibilité de changer de langue. Car il est bien connu que le monde entier parle français ! (Par contre, le métro parisien est multilingue depuis longtemps…)
La modernisation des services administratifs est un tout. En faisant ce parcours du combattant, on comprend pourquoi la Cour des Comptes a épinglé la Préfecture !